In every dream home a nightmare

J’aimerais dire que je ne comprends pas pourquoi l’asso qui gère l’un de mes terrils préférés a décidé de faucher si tôt les prairies où s’alimentent les chevreuils, hélas j’ai immédiatement compris qu’il s’agissait d’un cadeau fait par les prétendus amoureux de la nature au lobby des crevures puisque cette initiative allait contraindre les cervidés à migrer vers les zones voisines, où la chasse est autorisée. J’ai compris que nous n’avions aucun allié, les autres mammifères et moi. Je suis allée courir dans la zone en question, une enfilade de pâtures et de champs sertie dans des bois bruissants de mille vies animales, tant de beauté faisait presque mal et j’ai vu  un chevreuil sortir d’une zone piégée – soit les coulisses de tout apparent paradis bucolique : une salle de torture légale, de tradition française.

Il m’a regardée en marquant un temps d’arrêt avant de bondir dans un champ dont les épis s’élevaient bien au-dessus de ma tête et certes un sac à merde en gilet orange n’y mettrait pas un pied mais les chiens qu’il a dressés pour en faire des collabos s’y glisseront sans peine. J’ai rêvé que les chevreuils s’organisaient pour encercler les ordures (je ne parle pas des chiens) avant qu’elles ne les encerclent et pour les défoncer à coups de sabots. Rêver, parfois, c’est tout ce qui reste.