dans l’acoustique d’une chambre
aux conditions thermo-hygrométriques
étudiées par des cerveaux diplômés
une bribe de dialogue entre deux mâles Homo sapiens
conservée pour les civilisations futures
selon l’esprit des Golden Records envoyés par la NASA
dans l’espace infini avec leurs musiques de tous les continents
quoique l’œuvre de mâles exclusivement
(les extraterrestres penseront qu’Homo sapiens
était une espèce 1. hermaphrodite
ou 2. au dimorphisme tel que sa femelle n’était qu’un ovule)
– you said to me that when you saw her, saw her work, you knew – you knew she was the real thing
– uh-uh
celui qui acquiesce ainsi
un uh-uh désinvolte pour tout développement
était un prescripteur
il savait ce qu’était the real thing
il suffisait de le croire sur parole
inutile de perdre un synapse à le questionner
son assurance hélas est étouffée
dans l’acoustique de la chambre froide
et avec elle toute l’assurance de sa civilisation
qui savait départager ce qui était juste et légitime et vrai
de ce qui ne l’était pas – elle était le phare de l’univers
mais il n’en reste aujourd’hui que ce
uh-uh
dans la chambre stérile d’après son extinction
tandis que tout autour le vent puissant de l’ère océanique
souffle sans répit au fil d’un temps que seul marque
le goutte-à-goutte dans le bunker en proie aux
brèches et aux infiltrations
sur cette désolation flotte la voix grêle d’un fantôme
indistincte
fragile trace d’une espèce que son excellence
n’a su rendre éternelle
Ce billet est le premier numéro d’une série consacrée à mes élucubrations sur des musiques expérimentales produites par des femmes du monde entier ; aujourd’hui, The Real Thing, extrait de Multi Natural, le dernier LP de Christina Vantzou (Edições CN, Anvers, Belgique, juillet 2020).