Petit syllogisme de la catastrophe écologique

C’est les vacances à Noyelles-sous-Lens. Pendant deux jours, une météo estivale a transformé en parc d’attraction le terril 94 (poétiquement rebaptisé Arena Terril Trail depuis que des aménagements très tendance en rondins le défigurent). Alors que je passais à vélo sur la route qui longe son étang très apprécié des oiseaux d’eau, j’ai constaté que son parking était complet, ses escaliers et passerelles flambant neufs encombrés de nombreuses familles. Ce matin, j’ai assisté au lever du jour depuis le sommet du 94 avec un sentiment de gratitude qui s’est vite estompé quand j’ai remarqué de nombreuses taches claires sur le sol d’un noir ordinairement immaculé ; bientôt, j’ai compris qu’il s’agissait de détritus, par centaines, essentiellement des masques, des emballages alimentaires et des sacs plastique. Alors ma niaise gratitude s’est muée en une consternation suffocante : deux jours de soleil et le paysage devient une poubelle.

Et j’ai formulé ce petit syllogisme de la catastrophe écologique : L’espèce humaine met des enfants au monde, or elle fait de la planète une poubelle, donc l’espèce humaine met ses enfants à la poubelle. Elle les emmène sur le terril, leur montre ce qu’on fait d’un papier gras ; elle est contente parce qu’il fait un temps estival au mois de février. Quant à moi, qui ai le tort de faire attention à tout, je me demande comment je peux continuer à vivre au milieu d’individus qui ne font attention à rien. Comment ne pas céder à la rage et au désespoir ?