Dans le train, ces musiques pour me relier à DS Vénus, les paysages familiers comme des lames dans le ventre et un poème pour mon requiem, gribouillé dans le carnet que m’ont offert mes merveilleuses amies.
Kaja Draksler Octet, Danas, Jučer, Sutra
Mica Levi, Rose
Venus ex Machina (Nontokozo F. Sihwa), Avril
pour survivre il faut
épuiser le corps jusqu’à ce que
les terminaisons nerveuses aient
le bouilli de spaghettis mous
épuiser le corps jusqu’à ce que
le cerveau hébété se laisse
aller à la distraction même si
ça ne peut durer qu’un instant
car dès lors que l’on se surprend
à respirer l’air se fige dans les
poumons gelés alors il faut attendre
que l’esprit à notre insu
de nouveau daigne s’égarer
ainsi l’émission de jazz à la radio
me parvient depuis le salon
tandis que je plonge dans la casserole
les légumes que je viens d’éplucher
dehors la nuit commence à tomber
je passe la main sur mon tablier
saupoudré d’amidon brillant
quand soudain je m’aperçois
que la souffrance s’était suspendue
entre deux spasmes comme une bête
douleur menstruelle
et qu’un moment ainsi baignée
de sensations familières j’ai pu faire
comme si la féline qui me faisait
une vie doucement heureuse
était toujours dans la pièce d’à-côté
– hélas je ne peux savourer cette
illusion car à peine la conscience
s’écarquille-t-elle que déjà la douleur
explose en supernova dans mes viscères
et je me rappelle que je cuisine
des légumes qui allaient se perdre
avant de les congeler pour le jour
où mon corps enfin réparé
acceptera de s’alimenter