Je suis allée rechercher ce poème de 2017, ce matin, après avoir délayé sous la douche une mélopée de récriminations contre la médiocrité du sort. Tu es un super bateau-mouche, me disait récemment mon Antique. Et tant mieux, au fond : je ne supporte pas la passivité alors autant être celle qui tient le gouvernail – j’aurais plutôt dit les rames, comme ça, spontanément. Mais merde, un soupçon, juste un soupçon de magie facile, était-ce trop demander ?
« toute ma vie j’ai rêvé qu’une femme
m’attende quelque part inopinément
et qu’elle rie fière de sa surprise, là
sur le quai d’une gare, sur le parcours
de ma promenade ou au fond d’un bar
mais ça n’est jamais arrivé non jamais
une femme n’a déployé un ersatz de
magie facile pour moi qui en rêvais
tant, ça ne semblait pourtant pas un
fantasme exorbitant mais c’est ainsi
et j’ai passé l’âge de ce rêve à présent »
Je devais faire une crise de la quarantaine quand j’ai écrit ce truc. J’étais très jeune en fait et j’imagine que je le serai toujours. J’arrêterai de rêver quand je serai morte. De ramer aussi, je suppose.

Photo prise à Croix, près du canal de Roubaix.