NPR 17 de rien à gagner

Non. Non : jamais, que ce soit bien clair. Jamais je ne mettrai une virgule sur un site de rencontres. Cependant, il faut bien admettre que ce n’est pas un temps pour les célibataires – ni l’époque ni la météo : on a envie de partager des choses simples et belles, sous ce soleil, de faire de longues promenades à pied ou à vélo, des pique-niques, des cueillettes, du jardinage, des apéros dans le jardin avec le jazz pas trop fort. Mais on ne va pas aller draguer au bistrot, ni lancer des clins d’œil dans la rue par-dessus le masque. Alors que reste-t-il ? Les NPR, je ne vois que ça.

viens
rejouer ta vie avec moi
tu ne peux pas perdre :
il n’y a rien à gagner

Soit une interpolation de ce poème écrit en 2018 :

« je poursuis mon travail de détachement
avec l’humilité qui parfois me terrasse et me porte
au seuil de l’abdication

je continue – je trie je vide je fais de la place
pour celle que je deviendrai peut-être
et pour ceux qui l’entoureront

je poursuis le chemin avec la force de qui
se sent disposé à mourir
face à toute perspective de cage

l’amour est réversible la solitude essentielle
la création : mouvement
il n’existe rien au monde que le mouvement

je veux consacrer
mon temps à occuper l’espace
et abolir dans ma vie toute velléité de sens

il pleut sur mon carnet
dans mes cheveux les gouttes éparses et lourdes
jouent une musique arythmique

cependant j’entends par hasard une chanson
que m’a donnée un jour une femme et
qui n’ébranle en moi aucune mélancolie

tout passe
comme un fleuve rapide dont la surface semble calme –
le Mississippi : la violence en-dessous, insoupçonnée

un jour j’oublie les parfums les timbres de voix
ou je me les rappelle comme des histoires
que je me serais racontées

je rejoue ma vie
je rejoue les gains les petits petits gains
je ne peux pas perdre : il n’y a rien à gagner »

Rien de nouveau sous le soleil, en somme.