NPR 33 du verre pilé

NPR improvisé aujourd’hui dans ce petit bois que j’aime beaucoup, notamment parce qu’il se situe à un point totalement isolé de la ville, à la frontière de Lens et de Loos-en-Gohelle, séparé d’une friche immense et pleine de lièvres par une route très peu fréquentée.

Je prenais des photos de mon accrochage quand j’ai perçu un mouvement du coin de l’œil ; l’animal devait être un chien, il était beaucoup trop grand pour être un chat. Ou peut-être un renard, me suis-je dit, car il semblait roux. J’ai avancé vers le point où il s’était enfui en me voyant et, bizarrement, il s’est dirigé vers moi : Un chien, ai-je conclu, j’espère qu’il n’est pas trop sauvage. Puis il a été assez près pour que je comprenne avoir affaire à un très grand lièvre. Il s’est immobilisé à une vingtaine de mètres et nous nous sommes regardés avec stupeur. Puis il a bondi dans le bois à sa gauche et je suis retournée prendre des photos de la mobylette brûlée.

J’ai aussi fait une découverte déprimante. Depuis que je vis ici, j’entends parler d’un nouveau centre hospitalier qui va bientôt se construire et remplacer le beau mais certes vétuste hôpital Ernest-Schaffner. Ce matin, je me demandais ce que fomentaient les engins de BTP que j’aperçois depuis quelques semaines sur la friche des lièvres et, vous l’aurez deviné, c’est ça : un centre hospitalier. J’ai lu l’autorisation de travaux et senti quelque chose s’affaisser en moi. Bientôt, cette route sera constamment encombrée de véhicules, je n’y courrai plus, ou alors en me disant que c’est un mauvais moment à passer pour atteindre telle ou telle destination plus sauvage. Bientôt, cette friche sera un bâtiment qui bouchera l’horizon ; que va devenir le petit bois ? Où les lièvres vont-ils vivre ? J’ai vu quelques-uns de leurs congénères au 11/19, plus tard pendant ma course à pied, mais il est à deux kilomètres à vol d’oiseau et comment trouveraient-ils le chemin ? et comment échapperaient-ils aux chauffards sur les portions de route qu’il leur faudrait traverser ? Certains matins, je ressens quelque chose comme du désespoir.

Cette zone aujourd’hui confidentielle sera bientôt un centre névralgique de la ville.