Je roule au milieu des champs alors que le soleil se lève derrière un épais paravent de brume, le sol est semé de cailloux gros comme le poing conçus pour éviter aux tracteurs de s’enliser mais sur lesquels Mon Bolide et moi trébuchons, dérapons, rebondissons.

Ce matin, je ne croise que des lièvres. Plein. Des petits maladroits, qui courent devant moi en zigzags avant de se décider à plonger dans les champs de gauche ou de droite, des grands (taille kangourou) qui détalent comme en accéléré. Un seul, un peu paresseux, se tasse sur lui-même pour échapper à ma vue, ses oreilles disparaissent dans les épis et je ris toute seule. Là, on ne le voit plus :

Quelques-uns attendent que je sois tout près pour s’enfuir, comme celui-ci et son ami.e (dont on aperçoit une oreille dans les blés, à droite ; je n’avais pas remarqué sa présence avant qu’ielle n’en surgisse pour suivre notre kangourou vers la gauche).

Que contemple ainsi notre ami ? vous demandez-vous. Ce terril d’Hersin-Coupigny qui s’esquisse à peine dans la brume.

Combien de lièvres y a-t-il dans le champ ci-dessous ? Plus que je ne saurais en compter.
