Ce week-end, le bassin minier fête la Sainte-Barbe ; ce n’est pas un rassemblement de hipsters mais de flammes, autour de Barbara, sainte patronne des mineurs (et des pompiers). Pour la première fois, cette année, j’y participe pleinement. Je suis dans la foule, je bois la bière ambrée de la Sainte-Barbe au milieu des autres et je prends froid et je fleure le feu de bois. Mais je ne vais pas mettre en ligne mes photos d’anciens mineurs poussant une statuette de leur sainte patronne sur un chariot à l’ancienne au milieu de créations pyrotechniques très contemporaines, bloquant la circulation sur le rond-point d’un centre commercial bondé à l’approche de Noël sans qu’aucune des voitures bloquées songe à klaxonner ; il y aura plein de telles photos tout partout la semaine prochaine et elles seront bien meilleures que les miennes. Je vais plutôt vous répéter la beauté de 94 quand il porte son peignoir de brume et qu’on ne voit plus son écusson d’Arena Terril Trail. Imaginez : on entend les oiseaux d’eau palabrer, l’air est dense comme un baiser, le reste n’est qu’écrin. Le paysage est ce qui reste du bras de fer qu’ont disputé ici pendant des décennies les mineurs et la nature, Sainte-Barbe pour arbitre. Pour l’occasion, je vous fais une visite guidée.
La silhouette de 94 se reflète sur l’étang du Brochet, un étang qui s’est formé à la suite d’un affaissement de terrain ; face à 94, son jumeau est en cours d’exploitation.

On ne devine pas, ce matin (samedi), à travers la brume, le jumeau de 94 mais les phares d’une voiture sur la route dont je parlais ici, appelons-la rue de l’Indécision.

D’ici, oui, on devine le jumeau en cours d’exploitation, derrière le bayou froid.

94, brut, ce matin (cadrage contraint, pour éviter le panneau à gauche et le plot à droite).

L’étang vu d’un peu plus haut.

L’ascension (facile) de 94 révèle ce que sa vue du ciel trahit impitoyablement : il a l’air d’une pâte à gâteau noire que l’on aurait versée dans un moule et qui se présenterait en boudins successifs, en attente d’une spatule.

Sur l’un de ses paliers, du schiste gorgé d’eau glacée.

Là-haut, on peut courir comme on veut, à travers le plateau ou, comme ici, sur le bord en contemplant la vue, alors on a l’impression que d’une minute à l’autre on va s’envoler, comme les martinets qui aiment tant ce sommet (quoique pas en ce moment).

Au milieu du plateau, il y a le lac et ses laquais.

Il y a tout ce qu’on peut rêver, ici : sous un angle, la profusion, sous un autre, une simple ligne très graphique.

Et, si vous accoutumez votre regard à la brume, en contrebas coule la Souchez canalisée, dont je vous reparle très bientôt (avec cotillons) – où vivent les oiseaux d’eau par centaines.
