Feel good

Ce matin, j’ai eu la mauvaise idée de courir un peu en ville avant de bifurquer vers l’arrière-monde puis la nature ; il était si tôt que j’étais assurée de ne croiser personne mais je n’avais pas pensé aux affiches, à la barbarie de Noël étalée partout en couleurs criardes et j’ai vite détourné la tête pour ne pas voir l’inévitable promo sur le foie gras.

Je vous livre mes réflexions à vif :

Que dire d’une espèce qui considère comme un produit de luxe un aliment issu de la séquestration, de la torture et de la mise à mort d’individus sans défense, sinon que c’est une espèce de psychopathes ? Cette espèce qui perpétue la tradition éminemment barbare du foie gras et nous harcèle avec ses notions d’empathie, de bienveillance et autres niaiseries feel good. Qui me dira, pour justifier ses mœurs, « Mais alors qu’est-ce que tu fais de tous les animaux carnivores ? » Il faut beaucoup de courage et de patience pour répondre à des arguments d’une telle ineptie – ou est-ce de l’hypocrisie ? Je m’en fous, discuter ne m’intéresse pas : les abrutis ne changeront jamais. Ils me diraient que je suis intransigeante ; j’aimerais voir leur tête si quelqu’un gavait leurs gamins de force jusqu’à ce qu’ils crèvent et qu’on leur disait d’aller pleurnicher ailleurs, « Si vous n’aimez pas ça, n’en dégoûtez pas les autres ». Les canards et les oies sont mes enfants ; avec eux, ce sont mes tripes que vous réduisez en pâté de luxe. Je suis sûre que la plupart des clients de cette répugnante industrie regardent la télévision ; et je suis prête à parier que la télévision diffuse des reportages sur les méchants méchants élevages d’oies et de canards avant d’accueillir un chef étoilé qui se délectera de ses bruits de bouche maniérés tandis qu’il expliquera comment accommoder le foie gras pour un raffinement ultime – immonde connard.

Ensuite, j’ai gagné l’arrière-monde puis la nature, il n’y avait pas encore de chasseurs (qui, au fond, ne sont pas beaucoup plus dégénérés que les éleveurs) et, un moment, j’ai pu sourire. J’entendais les animaux tout autour de moi sans les voir, je patinais dans la boue, sautais des flaques grandes comme des mares.

La quatrième dimension

une passerelle entre deux terrils de Fouquières

le 94 de Noyelles vu de l’est

puis de l’ouest

et quelques-uns de ses innombrables voisins