Je suis bizarre, ces temps-ci. Je m’observe du coin de l’œil et je ne comprends pas trop ce qui se passe, là-dedans. C’est toujours pire le week-end, alors que j’ai toujours tant aimé les week-ends. La semaine, ça va, je suis comme une perle dans son huître mais le week-end, je deviens une perle qui, tombée d’un collier dont le fil s’est rompu, a roulé sous un meuble à l’insu de tous, loin de ses semblables (c’est une maison où il n’y a pas de chat, personne pour aller repêcher la perle sous la commode et lui faire traverser la maison en dribblant avec toutes les pattes jusqu’à ce que la dame au collier s’écrie, Ah, la voilà ! et lui fasse rejoindre ses amies sur le nouveau fil). Dimanche dernier, j’ai roulé quatre heures à vélo pour essayer de me semer, slalomé entre les pustules de l’espèce et leurs fusils, zigzagué à la lisière des petites villes et des villages plutôt que de plonger pleinement dans la nature puisque manifestement, quoi qu’il se passe là-dedans, j’ai encore envie de rester en vie. J’ai emprunté cette ligne de désir qui traverse un arrière-monde vraiment effrayant – la première fois que je l’ai abordé, par une aube brumeuse, je n’en menais pas large (on voit, sur la première image du billet 461, posté le 4 août, sur quoi débouche une branche du chemin ; il devait être quelque chose comme 6 du matin, ce jour-là).

Je ne sais pas pourquoi cette splendeur déchue me fait tant frémir – car c’est toujours le cas.

La maison m’évoque les manoirs hantés dans les romans que j’ai lus il y a deux ans pour y relever les motifs récurrents propres au genre. Mais une chose que j’ai découverte, dimanche dernier, parce que je passais là pour la première fois en plein jour,

c’est que cette somptueuse ruine se situe juste derrière le terril de Courcelles – et hop, tout s’est agencé dans ma tête. Le 8 août, je disais ici à, son propos, « quelle tristesse de ne pouvoir accéder à ce beau terril vert tendre saupoudré de verts profonds ».

Mais dimanche dernier, soudain m’est apparue la promesse d’explorations futures : un grillage arraché, roulé au sol, aplati. Je n’avais pas réussi à me semer mais j’ai souri.
