/ 3 : the light (2)

Dans Le zeppelin, mon personnage Solenne Cohidon déclare, « Parfois, la lumière a une texture si poudreuse que l’on n’a pas besoin, pour la voir, de regarder les objets sur lesquels elle tombe ; et dans ces moments-là, c’est de l’amour, poupée. D’ailleurs tout n’est que lumière, ne vous laissez pas abuser par la nomenclature des physiciens. La lumière, c’est de l’amour. Si vous prétendez pouvoir parler d’autre chose que de lumière, arrêtez d’écrire. »

À Avion, la lumière n’est pas au bout du tunnel mais à l’intérieur.

J’aime beaucoup la lumière artificielle, ce tranchant qu’elle plaque sur le paysage nocturne, la teinte qu’elle semble donner au ciel comme une goutte de gouache dans un verre d’eau. Ici, à l’orée des champs qui relient Méricourt et Rouvroy – avant de plonger dans l’obscurité totale, sans ce bleu contre nature.

Et j’aime regarder le soleil se lever derrière les pylônes électriques (en arrière-plan, Sainte-Henriette vue depuis Courrières).

Ce matin, les chasseurs ont commencé à tirer avant le lever du soleil ; sur le chemin de halage, un lapereau gisait sanguinolent, à peine identifiable. Un innocent humilié, tué sans raison. Je souhaite les plus abominables souffrances aux grosses merdes qui ont de ces répugnants loisirs. Heureusement que je ne suis pas armée, moi aussi ; à défaut, je regarde la lumière, il n’y a rien d’autre que je puisse faire.