Workshop+NPR 100 de Fatima

C’est un atelier en français mais on dit workshop ; c’est dans mon air du temps. Je vais rencontrer des étudiants en Master de création littéraire (du Havre) et on a rendez-vous, hier matin, à la Maison de la Poésie de Paris. Dans le train, j’écris aux délices de mon cœur, I’m smiling constantly, ce qui me remémore une chanson de Dry Cleaning, c’est donc avec l’album New Long Leg (ça faisait longtemps) que je décide de marcher-danser vers ma destination. Comme j’arrive tôt, j’ai largement le temps de faire un petit détour par le square Montholon pour laisser un mot à ma bienfaitrice Fatima ; appelons-le NPR 100 (101 sera l’occasion de festivités). J’ai préféré écrire son prénom en lettres capitales pour avoir une chance qu’elle le remarque en passant.

Ensuite je bois un café avec Frédéric Forte, le poète / professeur qui m’invite à ce workshop en langue française et c’est super, il a le même rapport que moi à la musique, il connaît même certains groupes de celle qui occupe mes pensées comme le poussin occupe l’œuf (il s’agit d’un poussin qui danse, chante et joue des maracas). Puis je rencontre la quinzaine de jeunes gens qui se sont portés volontaires pour ces trois jours en ma compagnie et nous investissons différentes salles de la MdP. Ci-dessous, les premières découvrent les lieux avec enthousiasme.

Je les verrai une par une + Eliot, au long des deux premiers jours, une demi-heure chacun.e, comme un médecin – oui, une spécialiste de la densité du réel. Ils s’inscrivent ici et moi,

je les reçois dans une loge, que j’ai choisie pour des raisons assez évidentes… Ces jeunes gens sont déjà des écrivains et les questionnements des un.es et des autres sont assez intéressants pour que j’en ressorte enrichie et stimulée. Cependant, il n’est pas si facile d’enchaîner les échanges sur des univers si différents, un peu comme lire des livres à la chaîne quand on fait partie du jury d’un prix littéraire – je parle d’expérience, j’imagine que le quotidien d’un.e éditeur.rice ressemble un peu à ça. Par exemple, je dis à l’une que son texte manque d’ossature et suggère à la suivante de supprimer du sien tout commentaire, Nous te suivrons sans signalétique. Je sors donc ravie mais lessivée de cette première journée.

Je vais boire des verres avec mon amie Maud Thiria. Il y a un lien très particulier entre les poète.sse.s de ma promo à la Factorie ; ce que nous avons vécu était si intense que nous nous connaissons depuis toujours, moins de deux mois plus tard. C’est facile de se retrouver, de reprendre les discussions sans fin, les confidences sans pudeur, les rires spontanés. Nous sommes tellement sympathiques que le serveur nous offre un verre au moment où nous allons partir.

Puis comme tous les soirs depuis une semaine, j’explore le paradis en anglais jusque tard dans la nuit et, ce matin, après trois heures de sommeil, je signale à l’hôtel qu’I can’t find the tea bags, ce qui n’est pas sans m’évoquer mon entrée ridicule, la semaine dernière, dans la boutique d’un opticien qui n’était pas celle où j’avais rendez-vous. Vous avez l’air perdue, a dit le Monsieur tandis que je jaugeais les lieux avec perplexité. Il était temps, a-t-il ajouté. Ce n’est pas ce que vous croyez, cher Monsieur.