Des majorettes en vrai

D’abord j’ai cru qu’il se passait quelque chose de grave et que je n’étais pas au courant – pour tout dire, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une alerte nucléaire. Si peu de circulation et tant de magasins fermés un jeudi à 11h30. Ce n’est pas comme si je pensais à Jésus tous les jours alors si personne ne me prévient… Je me disais que c’était une drôle d’idée d’organiser la journée d’ouverture de Vacances à Gardincour un jeudi – pour celles et ceux qui ne sont pas d’ici, Gardincour est une destination très prisée dans le bassin minier quand on est fauché : gardin (jardin)-cour – mais je me disais que la Cité des Électriciens savait ce qu’elle faisait, après tout il y avait du monde pour ma lecture, un samedi après-midi ensoleillé, je n’y avais pas cru une seconde. J’ai affronté les dénivelés + le vent furieux en face pendant 25 km, avec une pause pique-nique sur le terril d’Hersin-Coupigny, je m’étais préparé de délicieux sandwiches vegan. Si je n’étais pas vegan, je n’aurais rien préparé du tout et je n’aurais pas pu m’alimenter parce que, sur ma route, tous les commerces fêtaient l’Ascension de J-C, même la super boulangerie d’Hersin. Le véganisme est le salut, pour qui en douterait encore.

En chemin, j’ai emprunté quelques anciens cavaliers miniers

trop confidentiels pour être pollués par la signalétique vue cette semaine à Noyelles.

Je suis passée au pied de nombreux terrils : j’ai frôlé le 11-19 à Loos, le sous-marin de Grenay, le petit tas foisonnant de Barlin dans sa nuée de papillons, les terrils d’Haillicourt, d’abord celui que ses vignes ont rendu célèbre et sur lequel vit un troupeau de chèvres, que l’on devine sur la photo pas très nette ci-dessous

(ici le même vu depuis Bruay-la-Buissière) ;

les terrils jumeaux des Falandes et du Pays à Part, toujours à Haillicourt ;

le terril 10 de Bruay-la-Buissière, super chou.

J’ai visité les nouvelles expos de la Cité des Électriciens et une fois encore admiré leur qualité mais aussi leur esprit : elles sont à la fois drôles et tendres, émouvantes, contemporaines, mêlent volontiers création artistique et objets du quotidien – dans la partie dédiée au thème des vacances, des cartes postales et dessins des années 50 à la gloire de la Napoule, des serviettes de bain, des photos. J’ai été particulièrement saisie par une toile que l’on aurait vraiment dite de Dufy (je tâcherai de savoir à qui on la doit et d’en obtenir une photo moins pourrie que la mienne) mais aussi, tout bêtement, par ce numéro historique de La Voix du Nord annonçant la fermeture du dernier puits de mine en 1990 – pour preuve que je suis vraiment d’ici : je doute que les visiteurs lillois aient trouvé cette une un tant soit peu poignante.

Parmi les fascinantes archives photographiques, j’ai notamment apprécié celles du bien nommé Jean-Philippe Charbonnier, notamment celle-ci (j’adore les scènes de films et les photos montrant des femmes qui étendent du linge dans le vent – c’est assez spécifique, je sais).

Celle-ci, aussi, plus ancienne et qui illustre une question qui sera forcément évoquée au Biglemoi le 17 juin lors de ma rencontre avec Yannick Kujawa, celle de la répression ultra violente des mouvements sociaux dans les cités minières. Les cités étaient sous la garde de matons et des grilles permettaient de les fermer en cas de soulèvement : un habitat prison. On trouve des documents très intéressants à ce sujet dans les archives de l’Ina.

Et puis le défilé s’est mis en route, sans une minute de retard, géants de tout partout et bleus de travail, fanfare et…

majorettes car oui, le Pas-de-Calais sera toujours une terre de majorettes – comme le stipulent les statuts d’un club (je ne sais plus lequel, j’ai épluché les statuts de tous les clubs de majorettes et de twirling bâton du département pour écrire mon poème). Ici, le club d’Auchel. Il y a même, vous le voyez, un majoret (lâche pas la patate, poussin).

Encore un excellent moment à la Cité des Électriciens, je suis vraiment très fan – et l’équipe est adorable. Allez-y…