Pour éviter une déchirure musculaire qui me priverait de tout mouvement pendant des semaines, j’ai repris tout petit mon exploration des Splendeurs & Merveilles minières ; mon objectif du jour était, très modestement, d’aller à la boulangerie d’Hersin-Coupigny que j’aime tant et dont j’ai déjà parlé ici. Ensuite, me disais-je, nous aviserons selon l’état des muscles (oui, nous, car en mouvement je ne suis jamais seule). La boulangerie était fermée, aussi j’ai testé celle de Barlin qui était ouverte, sans extase mais ça m’a permis de voir de très chouettes choses, notamment une Vierge Marie en vivarium. Et puis j’ai traversé des paysages d’une grande diversité, de campagne et de routes infinies à 70 km/h (avec pistes cyclables), de petites villes, de cités minières et d’arrière-mondes, tandis que sous le ciel variable aux lumières capricieuses, des émotions tout aussi contrastées me traversaient, moi, plénitude, amusement, mélancolie.
D’abord, les trois châteaux d’eau du jour, le premier à Barlin,

le second, avec sa forme de cornet si élégante, à Noeux-les-Mines,

et le troisième, fraîchement repeint, à Liévin – j’ai choisi de ne photographier que ses pieds très design – très soucoupe volante.

La fameuse Vierge qui m’a plu à Barlin (j’ai cessé de prendre en photo tous les calvaires, chapelles et niches que je rencontre, il y en a presque à tous les carrefours, à la campagne, je n’avancerais pas) ; voici deux photos que j’aime tout autant mais pour des raisons tellement différentes que je ne peux pas en choisir une.


Puis je me suis enfoncée dans les champs, entre Barlin, Hersin-Coupigny, Noeux-les-Mines, Bouvigny-Boyeffles et Sains-en-Gohelle :


D’ici (entre deux tas de fumier), on aperçoit le célèbre Loisinord, piste de ski sur le terril de N-les-M,

et un peu plus loin, alors que le ciel se met à moutonner, des rayons tombant sur les terrils de Grenay, à gauche, et sur le 11/19 lointain, à droite.

Sur le chemin suivant, j’ai pris conscience d’une chose : si je prends beaucoup de photos, ce n’est pas seulement pour pouvoir les examiner quand j’en ai envie ou besoin mais aussi parce que je ne sais pas m’arrêter quelque part – m’arrêter – pour sentir, ressentir, je suis trop nerveuse, toujours pressée, aussi prendre des photos est une manière d’être au cœur des choses tout en restant active.

L’infinie tendresse de ce chemin, par exemple : je ne saurais pas quoi en faire si je ne la prenais pas en photo. Des gens cueilleraient des fleurs pour essayer (en vain) d’emporter un peu de cette tendresse avec eux, la détruisant du même coup.

Je n’écoutais pas de musique, aujourd’hui, seulement les oiseaux et le vent.

Ci-dessous, une maison isolée (prise avec un long zoom) qui m’a serré le cœur. Comme l’avait fait plus tôt la vieille dame qui promenait un tout petit chien dans une cité minière désaffectée de Sains : nous nous sommes dit bonjour avec de grands sourires puis je me suis sentie comme la bulle dans un niveau à bulle qu’une majorette lancerait vers le ciel et qui tournoierait, tournoierait, parce que je me suis demandé si cette dame était aussi seule qu’elle en donnait l’image – bien sûr, il ne s’agit que d’une image. Tout comme la maison ci-dessous – je l’ai cadrée ainsi mais rien ne vous dit qu’elle n’est pas la première d’une longue rangée. Je suis trop sensible aux images (et aux musiques, et aux lumières, et
