/ 3 : rétention de canetons

Je disais, le 23 juillet, que j’avais éprouvé un peu de tristesse en courant, pour cause de canards ; en voici la raison précise – j’avais pris la photo ci-dessous avec mon téléphone, tôt le matin, on ne voit pas grand chose mais on devine une canne un peu gouniche qui a donné naissance à sept canetons dans un bassin de rétention minuscule et répugnant derrière un supermarché. Je lui avais dit, Mais enfin, il y a un étang à 300 mètres à vol de canard (j’avais dit 100 mais je viens de vérifier, c’est 300) mais c’était trop tard, la bourde était faite. J’ai fini par oublier cette triste famille parce que, tout simplement, je n’empruntais plus cette route.

Ce matin, alors que je passais devant le bassin vers la fin de ma course à pied, la canne est sortie de l’enclos qui ceint le bassin et s’est approchée de moi en caquetant à tout rompre, visiblement en détresse. Alors je me suis penchée, anxieuse de ce que j’allais découvrir, mais pas de blessé cette fois. Juste sept canetons affamés, qui ont déjà bien grandi. Je suis rentrée chez moi, j’ai vaqué à mes occupations en attendant l’ouverture du supermarché en question et j’y suis retournée ; il n’y avait pas de graines, seulement des boules de graisse. J’ai acheté un paquet de dix et je les ai émiettées patiemment au bord du bassin avec mes ongles, jetant des poignées de graines aux canetons tout fous.

J’ai admiré l’attitude de la mère, qui n’a pas mangé une graine mais a toujours suivi avec beaucoup d’attention ses petit.e.s – contrairement aux chat.te.s adultes, qui mangent les croquettes pour chatons que je sers à leurs portées. Je suis parfois obligée de les écarter pour qu’ils et elles laissent les bébés s’alimenter.

Mercredi, je pars à Londres et je ne pourrai plus m’occuper de ces canetons en détention provisoire dans le bassin de rétention. Si vous vivez à proximité de Noyelles-sous-Lens, merci de prendre le relais – vous les trouverez ici : 50°25’55.7″N 2°51’49.5″E. (Surtout pas de pain, bien sûr.)