/ 3 : float

Ce que j’ai fait, c’est que petit 1 j’ai sorti prématurément ma playlist Roadtrip, qui s’accroît au fil des ans depuis La Geste permanente de Gentil-Coeur, liste que je réserve habituellement à l’été (je ne le décide pas, elle s’impose à moi, quand mon juke-box mental se met spontanément à chanter cajun, folk, blues, etc.) et petit 2 je suis allée au sommet du 94, tôt le matin c’est chez moi parmi les canards, les lapins, les renards et de fait j’ai vu des empreintes des derniers, des petits culs blancs disparaître dans les fourrés, des canards se poser sur la mare du plateau supérieur et d’autres barboter dans une immense flaque d’un étage inférieur. Je suis restée là dix minutes à regarder l’aube se déployer, j’ai dansé. Puis il y a eu cette chanson intitulée Float et j’ai pleuré. Puis Yazmin Lacey a chanté Still et j’ai continué à pleurer. J’étais venue là, dans ce lieu infréquenté que j’aime tant, à cette heure où la lumière l’emporte sur le monde et où l’on se sent au cœur de l’univers, pour trouver un peu de paix ; mais face à cette beauté pure, j’ai pensé à toutes celles et ceux qui ne peuvent en jouir, enfermé.e.s, dans un corps qui ne répond plus, dans des hangars, dans des cercueils. J’ai pensé qu’un jour, le soleil même n’existerait plus. Et j’ai pleuré en dansant dans le grand jeu de l’aurore.