nuisibles

Je n’attendais rien de ce bouquin dont le titre comporte l’expression « bête sauvage » – le mot bête pour désigner un animal non-humain est parfaitement puéril, vulgaire et rétrograde (je suis polie) mais il est tellement répandu que même des défenseurs des animaux l’emploient parfois (misère). Bref, je me suis tapé ce livre parce que je pensais y apprendre quelques trucs intéressants pour un projet au long cours sur la sauvagerie mais la lecture a été très pénible : je ne suis plus habituée à lire des livres écrits d’un point de vue anthropocentré, je lis autant que possible des auteur.ice.s cortiqué.e.s. Je me disais pour m’encourager que c’était bien aussi, parfois, de se rappeler dans quel contexte intellectuel on vit. Mais dans le dernier chapitre, quand je suis tombée sur ce paragraphe, j’ai cru avoir mal lu :

J’ai relu et j’ai compris : Mais bien sûr, l’autrice parle de victimes exclusivement humaines… Parce qu’en vérité, homo sapiens bat tous les records meurtriers de très, très loin. Chaque année, il décime des milliards d’animaux pour ses barbecues, ses burgers, ses concours du plus gros mangeur de saucisses. Chaque année, le glorieux sapiens massacre l’équivalent de la population humaine mondiale après séquestration dans des camps de concentration mais ça ne choque personne parce qu’il s’agit d’animaux non-humains. On se sent atrocement impuissant.e quand on voit l’énormité de la barbarie sous l’apparente banalité que représente la vente et la consommation de cadavres. Et on se sent coupable et honteux.se de cette impuissance.