paradis perdu n°4

Ce matin, pour la première fois en six mois, je suis allée courir sur l’un de mes terrils préférés. La chasse étant fermée depuis trois jours (officiellement puisque dans ce pays, diverses dérogations permettent aux psychopathes d’assouvir leurs pulsions en toute saison), je me réjouissais de retrouver ce site qui a été le décor de moments parmi les plus beaux de ma vie. Nous appelions alors « la Quatrième Dimension » ce terril mystérieux et labyrinthique où l’on perdait la notion des points cardinaux mais aussi du bas et du haut. En voici quelques images datant de 2020 :

Les lieux que l’on voit sur ces photos sont désormais inaccessibles. Condamnés par barbelés, barrières, panneaux. Sa sauvagerie autrefois inquiétante et fascinante a laissé place à une signalétique quasi carcérale + infographie criarde, comme c’est arrivé à plusieurs autres terrils avant lui. Les trois quarts des chemins qui avaient gardé la trace de mon bonheur me sont désormais interdits. Je me demande ce que ressentent celles et ceux qui pratiquaient ces lieux depuis plus longtemps que moi, certain-e-s depuis toujours : quelle perte ces aménagements représentent pour eux. Le problème de ce monde, c’est qu’il est dessiné, balisé, cloisonné par des bureaucrates qui n’en sont pas les usager-e-s.

Ci-dessous, on aperçoit encore des sentiers que nous aimions emprunter, notamment pour aller cueillir des mûres.

On trouve aussi désormais sur ce terril d’immenses zones de quiétude pour la faune et la flore, ce qui serait formidable si la chasse était interdite et si on n’abattait pas des arbres par dizaines pour installer des belvédères et autres infrastructures conçues pour les touristes alors qu’il n’y a PAS de touristes ici, Unesco ou pas, Starbucks ou pas, il n’y en aura jamais. Laissons les arbres tranquilles, et tous les êtres dont ils sont l’habitat.

La signalétique : une étude

En cette ère où la signalétique devient un considérable scotome de notre quotidien, j’ai décidé de modifier la date de ce billet initialement publié en novembre 2021, afin de rappeler à l’internaute de passage les raisons de cette pollution visuelle que l’on nous impose – du moins d’une partie de cette pollution, les panneaux pédagogiques thermolaqués étant en passe de prendre plus de place encore dans nos quotidiens que les panneaux de danger (il y en aura sans doute bientôt devant les boulangeries, pour notre édification).

***

Ma passion pour la signalétique est bien connue. Il était temps que je lui consacre une étude un peu conséquente. Ci-dessous, un florilège de photos prises ces cinq dernières années, de la Belgique au bassin minier du Pas-de-Calais.

  1. poétique du panneau

Des gens bien repassés prennent place autour d’un long bureau avec des donuts et du café. Ils disent « Bon, aujourd’hui, nous allons réfléchir à une séquence de mots qui pourrait dissuader les usagers de notre pelouse / notre berge / notre terril de s’y mettre en danger. Quelle stratégie allons-nous adopter ? Il reste des touillettes ? » En effet, si l’on sort des modèles standard proposés par le Brico Monsieur des collectivités, de nombreux angles d’approche sont possibles, qui permettent à la signalétique de trouver toute son efficacité.

Notez les licences poétiques du panonceau ci-dessous : l’ellipse de la chose/l’individu interdit(e) et le mélange singulier-pluriel qui en découle, aux petits airs d’anacoluthe, attirent assurément l’attention.

L’anacoluthe est prisée par la signalétique – tant sur le plan grammatical que sur celui du contenu. On peut supputer que l’usager de l’étang ci-dessous, intrigué par les interdictions circonstancielles, sera forcément amené à s’interroger sur la pertinence de se baigner l’hiver, par exemple. Il s’agit ici d’en appeler à son intelligence – l’interdiction étant de toute façon de pure forme puisque la municipalité décline toutes responsabilités au pluriel en cas d’accident.

La suggestion du danger opère souvent bien mieux que sa formulation prosaïque. Un trou ne fait pas aussi peur que le vide. Par ailleurs, l’oxymore que présentent les termes présence et vide rend le panneau plus percutant que ne le ferait une expression aussi plate que Danger trous.

La redondance est une autre forme de pédagogie, sans doute moins axée sur la confiance que les formes étudiées plus haut.

On peut aussi, aux mêmes fins, exploiter tout un champ lexical : danger, interdiction, risque… Face à tant d’insistance, on se dit que décidément, ça ne sent pas bon. On ne pénètre pas.

Cependant, la concision n’est pas forcément une mauvaise option. Jugez par vous-même : ici, on ne vous fait pas un schéma pour vous expliquer la nature du danger – ce qui risque de vous tomber dessus n’est pas votre problème, tout ce que vous avez à savoir c’est que, derrière le panneau, c’est la mort. Ni plus ni moins. Et avec un point d’exclamation comme un poing dans le nez. Dissuasif, non ? Sans doute pas assez dans le cas qui nous occupe puisque manifestement la chose qui menaçait de mort a explosé. Comme le dit l’expression populaire, « Qui fait le malin tombe dans le ravin » et l’état de ce panneau est à lui seul une leçon pour qui serait du genre à passer outre les mises en garde.

Laisser planer le mystère nous assure que l’usager va rester vigilant à tout danger qui pourrait survenir. On le responsabilise. Ainsi, approchant du canal, il restera sur ses gardes, sachant que la menace peut surgir de partout, d’un canard enragé, d’une péniche à la dérive, d’une glissière de sécurité mal scellée, d’une berge effondrée, d’un pêcheur foudroyé (voir plus bas) + contagieux, etc.

Le message, de par sa double indistinction (de forme – écaillée + déteinte – comme de fond), est paradoxalement plus complet, vous l’admettrez, que le classique ci-dessous :

Ici, le double pluriel insiste sur le fait que des chutes de natures diverses peuvent se produire.

On vous l’explique :

2. la loi des séries

Vous connaissez sans doute la chanson Eveything Happens To Me, rendue célèbre par Chet Baker. Eh bien dites-vous que, quand on n’a pas de chance, on peut se trouver soudain entraîné.e dans une succession de postures douloureuses, sinon fatales, comme on le voit ci-dessous :

(« Chute ; Chute de blocs ; Glissement ; Feu de forêt ; Brûlure ; Intoxication ou asphyxie », nous annonce le panneau)

Telle avalanche de catastrophes peut aussi vous échoir chez vous, sur votre propre marche-pied – n’oubliez jamais que chaque seconde volée à la mort est un coup de chance (l’image qui clôt cette bande dessinée très édifiante me fait toujours frémir par son tragique)

et que si vous ne tombez pas en avant, vous pourrez aussi bien tomber en arrière – à moins que le danger ne soit suspendu au-dessus de vous comme la fameuse épée : pourquoi pas ?

Eh oui, on ne regarde plus ces arbres majestueux de la même manière une fois qu’on a vu l’avertissement : on est décillé pour toujours, arbre = danger.

Bien souvent, le danger vient du dessus. Voyez combien Somarail Track Solution Group MIP flippe sa mère de ce qu’il pourrait vous larguer sur le ciboulot, il en arrive à clignoter sur du papier plastifié : bonhomme bâton mitraillé, point d’exclamation dans un triangle jaune, main agitée sous votre nez, on sent ici une sincérité absente des messages étudiés précédemment. Ne pas donner à sa panique l’aspect policé d’un « c’est vous qui voyez » peut être une stratégie.

Mais revenons à notre loi des séries. Ne faites pas n’importe quoi avec les trains, je vous en conjure : ne sautez pas devant et ne montez pas dessus, malheureux. En toutes choses, faites preuve de bon sens.

Ayez toujours en tête notre bonhomme bâton, rappelez-vous comme il prend cher. Il n’a pas le temps de se relever

que déjà il retombe, foudroyé

– et même si parfois, il l’a bien cherché, le rôle de la signalétique est de le protéger de sa propre bêtise / maladresse.

CAS PARTICULIERS

3. la signalétique se soucie parfois des autres espèces

(Pas toujours, cf. chasse gardée / réservée, zone piégée, etc.) C’est au moins le cas dans cette rue de Gand, où les poissons risquent de mal respirer – normal, me direz-vous, puisque c’est une rue et non un canal, mais s’en rendent-ils bien compte ?

Quant à ce panneau, il protège les escargots de ceux qui voudraient les écraser avec un marteau (tout existe, vous savez, on n’imagine pas ce dont les gens sont capables).

4. la signalétique déjoue les stéréotypes

Ce panneau, par exemple – bien qu’à l’évidence il fasse référence aux Village People – rappelle que, contrairement aux idées reçues, les garçons homosexuels sont suceptibles de relations socialement acceptables et ne passent pas uniquement leur vie au sauna.

5. ça n’arrive qu’ici

Certains dangers spécifiques au bassin minier nous obligent à fabriquer des panneaux qu’on ne trouve pas dans tous les Brico Monsieur.

Avant de clore cette étude sur les stratégies de protection de la population civile par les collectivités, je veux attirer votre attention sur un aspect mal compris de la pédagogie signalétique. Oui, parfois on vous ment.

Mais c’est toujours pour votre bien. Considérez ça comme une alerte incendie, en quelque sorte. En vous exerçant à la discipline et à la prudence, vous allongez votre espérance de vie. On vous apprend à interroger la solidité du sol sur lequel vous allez poser le pied, du treuil qui tient le container suspendu au-dessus de votre tête, du mur auquel vous allez vous adosser. Cependant, je tiens à le rappeler, la collectivité décline toute responsabilité si l’un ou l’autre devait céder. Son truc, c’est la prévention, pas le ramasse-poussière.

dublab

Il y a un an, Valentina et moi étions à Los Angeles. Cette année, j’y serai aussi un peu, d’une certaine manière : lundi (22) à 18h, heure française, un de mes mix sera diffusé sur les ondes de Dublab, prestigieuse radio de la mégapole, à l’invitation de Christeeeene, que je remercie infiniment pour sa confiance. Pour en savoir plus, cliquez ici

Au programme :

Katie Lou McCabe – Little Girl Lost
Bethan Kellough – A Song of Wings
Valentina Magaletti – She_Her_Gone
Olivia Block – En Echelon
Native Instrument – Vögel Unserer Heimat
Jennifer Walton – Throat Doxx
Klein – Hope Dealers
Jouska – Everything Is Good
Lost Girls – Drive
Jessica Sligter – The Endless End
Pôm Bouvier B – Jurmo
Voice Actor – Love

bientôt

Après des années à recenser quelque 2400 femmes, trans et non-binaires œuvrant dans les musiques expérimentales, des mois de recherches, d’écriture, de traduction, d’échanges avec des labels, des artistes, des photographes, je suis en train de lire les épreuves de Basta Now – notre graphiste Karolina m’envoie les chapitres à mesure qu’elle les met en page. Évidemment, nous sommes en retard puisque le livre doit partir en impression lundi, mais j’ai bon espoir qu’il soit prêt pour son lancement le 8 mars au Café Oto, à Londres, pendant la résidence de Valentina. Ce sera la première publication papier de Permanent Draft, notre label. Il sera présenté en même temps que nos deux premiers vinyles, dont je suis très fière et dont je parlerai en temps voulu.

Au cours de ces dernières semaines, pour récupérer des crédits photographiques, j’ai contacté par Internet de très nombreux-ses artistes dont la générosité, la disponibilité et la simplicité m’ont tour à tour émue et euphorisée. Je sais déjà que j’en rencontrerai quelques-un-e-s au lancement, qui nous feront l’amitié d’être présent-e-s. Gratitude éternelle à elles, à eux, ainsi qu’aux labels et aux agent-e-s.

top 43

Permanent Draft n’a encore sorti qu’une cassette, c’est vrai, mais elle est dans le TOP 100 de l’année de The Quietus, à la place 43 – très beau nombre premier dont j’espère qu’il nous portera chance. Merci à Jennifer Lucy Allan pour son enthousiasme. C’est avec elle que je m’entretiendrai au Café Oto, à Londres, le 8 mai 2024, pour le lancement de mon livre sur les femmes, trans et non-binaires dans la musique expérimentale, qui sera donc la deuxième parution de Permanent Draft. Des vinyles suivront.

Vertébrale(s) à Nantes

Vendredi, au studio Lolab, à Nantes, les Vertébrales (désormais Aude et moi seules) accueillaient les artistes sonores Anne-Line Drocourt et Marie Guérin, la vidéaste dramaturge Alice Gautier, la plasticienne Marou Gourseyrol et la violoncelliste Soizic Lebrat. Cette photo de groupe prise avec un retardateur sur le téléphone de Soizic nous a fait d’autant plus rire qu’elle semblait illustrer nos thématiques du jour, du flou de la forme en train de s’esquisser à notre expérience de femmes face aux institutions.

Noirlac

La semaine dernière, j’étais en résidence avec Soizic Lebrat à l’abbaye de Noirlac, à Bruère-Allichamps (Cher). Je dois à mon amie Aude Rabillon d’avoir rencontré cette incroyable violoncelliste et improvisatrice, qui m’a donc embarquée à bord d’un projet de livre-disque qui paraîtra l’année prochaine chez Mazeto Square. Soizic a enregistré son Solo Suite dans l’abbatiale, qui a une réverbération de 10 à 13 secondes ; l’ingé son Céline Grangey (dont je me suis rendu compte le jour du départ que je connaissais un très chouette duo dans lequel elle joue, Lila Bazooka) l’a suivie dans ce pari fou.

(Soizic et moi regardons voler un rouge-queue noir dans l’abbatiale de Noirlac. Super photo de Christophe Charpenel, avec son aimable autorisation)

Un rouge-queue noir ressemble à ça (j’ai zoomé, il était perché à 15 m du sol, mon appareil était mal réglé mais ça donne une idée).

Quant à l’abbaye de Noirlac, voici un petit aperçu de son cloître et de ses galeries ; l’abbatiale est la partie la plus haute du bâtiment.

Et moi, qu’est-ce que j’ai fait, pendant cette formidable et trop courte résidence ? J’ai profité du vélo prêté par Valérie (merci encore) pour me mettre en quête de différents centres géographiques exacts de la France (il y en a onze, selon les modes de calcul). Bruère-Allichamps est l’un d’eux. Oui, Mesdames, Messieurs et les Autres, le centre géographique exact de la France trône sur un rond-point,

au cœur de l’activité économique du village.

(à propos d’activité économique, comment appelleriez-vous un salon de coiffure à Bruères-Allichamps ?)

Mais j’ai aussi visité le centre exact de Saint-Amand-Montrond et celui qui se trouve sur l’aire d’autoroute de l’A71 ; une aire à laquelle on peut accéder à vélo, oui. Il faut dire que l’autoroute n’est pas la plus fréquentée de France – ceci n’est PAS une photo de confinement, je l’ai prise mercredi vers 10h30 :

Je ne comprends pas que cette région soit si délaissée, voire méprisée ; en ce qui me concerne, j’y ai tout aimé (sauf, comme partout ailleurs, le sort fait aux animaux). Le bocage est magnifique

les lacs & forêts, pas mal du tout

d’ailleurs les coquets villages centraux- de-France connaissent leurs charmes et n’hésitent pas à les mettre en valeur en portant des T-shirts d’eux-mêmes

voire en hélant sans plus de façons les touristes de passage.

Ci-dessous, on aperçoit le château, l’église et le toboggan de Farges-Allichamps (l’aire de jeu possède un seul jeu, ce toboggan, ainsi qu’un panneau de signalétique pour cadrer l’usage dudit toboggan – la signalétique est dans le Cher comme ailleurs une calamité qui mériterait autant d’exposition médiatique que les punaises de lit).

J’ai aussi écrit sur Bach, sur Soizic, sur la pièce qu’elle a enregistrée à Noirlac, sur l’abbaye, etc. C’était une résidence intense, drôle, chaleureuse, variée, où j’ai ressenti un étonnant sentiment de liberté et d’épanouissement. J’ai aussi vécu un moment de grâce alors que je roulais à vélo dans la nuit noire, en l’absence d’éclairage public, entre l’abbaye et la maison que nous occupions, avec d’un côté le Cher et de l’autre la forêt.

(Photo prise à la sortie de Noirlac, à la lueur de ma lampe de vélo, pour prévenir Valentina qu’à partir de là, tout pouvait arriver)

J’entendais les animaux bouger autour de moi, sans les voir (sans rien voir, que des milliers d’étoiles). Je leur ai raconté mon aventure avec le sanglier de Bord-Louviers ; ainsi, ils savaient que j’étais là même si mon vélo ne faisait aucun bruit et ma propre voix, calme et posée, me réconfortait. Puis, alors que j’approchais de la civilisation (Bruère-Allichamps), Christophe (le photographe évoqué plus haut) m’a dépassée en voiture et il a klaxonné me rassurer. Il avait compris, je crois, que je vivais une grande aventure…

Merci à Charles de Mazeto Square et à Soizic de m’avoir fait confiance.

Spécimens sensibles

Il sort aujourd’hui. Spécimens sensibles ne sera pas dans toutes les librairies puisqu’il paraît dans une collection un peu particulière, Récits d’objets, coédition de Cambourakis avec le Musée des Confluences, mais vous pouvez le commander (pour la modique somme de 10 euros) dans la librairie indépendante de votre choix si elle ne l’a pas en stock. C’est un livre important pour moi, qui m’a permis d’aborder enfin de front le sujet qui m’occupe le plus, à savoir le spécisme – cet hyper-racisme sur lequel repose notre civilisation et dont les religions et Descartes ont posé les fondations.

La pièce que j’ai choisie dans les collections du musée, c’est ce canard empaillé très mis en scène.

Le livre fait un état des lieux de la taxidermie, pratique qui ces dernières décennies connaît un étonnant regain d’intérêt, notamment dans l’art contemporain. Ci-dessous, un taxidermiste en activité à Hénin-Beaumont.

Je raconte aussi l’histoire de sept canetons nés dans un bassin de rétention, à l’indifférence générale, et que j’ai essayé de sauver.

Le supermarché, la ville, les pompiers, les associations de défense des animaux n’ont rien fait, malgré mon insistance. C’était l’été 2022. Ironiquement, il y a quelques semaines est apparu, dans la ville coupable (que je ne cite pas dans le livre mais ici je peux bien le faire, il s’agit de Noyelles-sous-Lens) un panneau dont l’hypocrisie m’a laissée sans voix :

(Si vous lisez la dernière ligne, je tiens à vous détromper : non, Noyelles-sous-Lens ne se situe pas en région PACA, nous sommes bien dans les Hauts-de-France)

Car ces canetons sont nés à 300 mètres d’un l’étang, celui-là même où vivait autrefois mes regrettées Carrie et Ricah – ci-dessous maîtresses de chœur, en 2020.

Dans Spécimens sensibles, je questionne surtout les rapports d’homo sapiens aux autres espèces. J’évoque un problème majeur de notre époque, à savoir l’absence d’empathie – j’ai entendu à la radio qu’il y aurait bientôt des cours d’empathie à l’école. Comme si l’empathie était une valeur de type vive la république ou une ligne de conduite que l’on pourrait choisir d’activer ou pas.

Ce livre est un hommage à sept canetons et à un sanglier.

Une préface

Si j’ai reçu en avant-première le nouveau formidable nouveau recueil de Maud Joiret, c’est parce que j’ai eu l’honneur d’en écrire la préface. Pourquoi cette chance m’est-elle échue ? C’est une longue histoire, qui commence au mois de février au Comptoir du Livre, à Liège, où je suis en résidence avec ma chère Catherine Barsics et découvre la poésie de Maud. J’utilise deux pages de Jerk dans l’un des « chapitres » (voir ici la pile des « livres références »). Quelques mois plus tard, alors que je me rends au festival Leitura Furiosa, je vois dans le TER une inconnue lire Jerk, et j’envoie une photo volée à Maud. Quelques jours plus tard, j’ai le manuscrit de Marées vaches sous les yeux. Merci à Maud pour sa confiance, à Clément Ramos du Castor Astral et à l’inconnue du TER.

Ci-dessous, la jonction de ma préface et du préambule de Maud (déso pour mes ongles pleins de terre, je jardine à mains nues, ces jours-ci).

Permanent Draft à Bethesda

Comme j’en ai assez des grandes villes, a fortiori des capitales, j’ai demandé à Valentina de m’emmener dans des endroits bizarres. Jeudi, nous avons fait une performance au Pays de Galles dans le cadre du festival Ara Deg de l’adorable Gruff Rhys, en première partie de Rozi Plain.

Le festival avait lieu dans le village de Bethesda, près de Bangor. J’ai testé de nouveaux textes ; une quinzaine de personnes ont quitté la salle, d’autres ont beaucoup ri ; donc mes textes fonctionnent. En attendant d’éventuelles images de la performance, voici quelques photos des moments d’attente dans ces lieux dont Valentina ne m’a pas prédit à tort qu’ils seraient weiiiiiiiird – comme j’aime.

Promenade entre deux lacs avec Gruff, Rozi, son groupe et Valentina.

Petit déjeuner post-nuit quasi blanche dans le café (caffi) de Bethesda, où nous sommes arrivées en tacsi (ça c’est pour les mots qui ressemblent à ce qu’on connaît, le reste est strictement réservé aux Gallois).

Café au buffet de la gare de Bangor, que David Lynch adorerait.