Williamsburg Bridge

Moins populaire que le Brooklyn Bridge, le Williamsburg Bridge est aussi moins fréquenté, plus sale, plus brut ; il me plaît. J’ai d’abord aimé l’emprunter en métro, comme sur cette première photo, puis à pied, samedi après-midi. Il offre une vue imparable sur les toits couverts de terrasses ou de fresques, ainsi que sur les usines désaffectées dans lesquelles certains d’entre nous savent humer le Berlin Est.

Encore des biscuits

Ce soir, Jo, Allison, Meredith, Ellen et Katie (dans cet ordre sur la photo ci-dessous) ont répété deux nouveaux morceaux, tirés du travail en cours Cellular Songs, qu’elles interpréteront jeudi soir à la remise du Gish Prize. Ce sont des individus formidables à tous égards que j’ai la chance d’approcher là. Je leur suis extrêmement reconnaissante de leur accueil et de leur soutien.

In the kitchen (16) : vierges maries de Brooklyn

Ici, une église porte le nom d’Upper room, prouvant la pertinence de mes intitulés à ceux d’entre vous qui les mettent régulièrement en cause (ainsi, notamment, le titre de cette rubrique Upper rooms & kitchens, alimentée sans faille depuis plus d’un an tous les dimanches matin).

Aucune à ma connaissance ne porte en revanche celui de Kitchen. Je suis déçue, déçue, déçue, comme dirait ma bien-aimée. Aussi ai-je décidé de demander une contribution à quelques citoyens et révérends de bonne volonté afin de rendre un hommage bien mérité à notre mère à tous.

Une vierge marie en trois fois : d’abord, je me dis, Mais qui est-ce donc là-bas qui supervise les travaux ? Puis je zoome, je zoome, et paf, la vierge marie.

Une vierge marie, bras ballants : Eh, dit-elle à ce moine croisé par hasard dans une niche de Brooklyn, c’est mon bébé, rends-le-moi ! – Tu as rêvé, lui répond l’impudent. – Je reste avec lui, décide le petit, il a des citrouilles. – Good kid ! sourit le moine. Tu seras un bon Américain.

Un peu d’ethnologie

Un New-yorkais sur deux a un chien ; les plus riches en ont plusieurs, des machins apprêtés comme des pâtisseries. Je n’ai jamais, dans aucun quartier, vu une crotte sur un trottoir ni même dans un caniveau.

Quand je croise un chat, ce qui n’est pas si fréquent, je m’accroupis pour le caresser et je lui demande comment il va, en français. Personne ne s’en soucie parce que, à New York, des gens chantent dans la rue ou dans le métro, ou alors ils écoutent de la musique qui sort apparemment de leur sac à dos, à très fort volume, ils sont généralement seuls, le visage extrêmement sérieux. Personne ne semble trouver ça inconvenant.

Les New-yorkais attendent, bras croisés, que la caissière ait rangé leurs courses dans des sacs plastiques qu’elles doublent ensuite systématiquement, même si le sac ne comporte que des rouleaux de papier toilette. Quand je dis, Laissez, je vais le faire, et que je remplis mon sac à dos et dis merci, bonne journée, je sens que ça fait plouc, voire New Age.

Première

Ils ont tous été formidables et j’ai honte de dire que je me suis sentie bêtement fière, comme si je faisais partie du machin ou que j’étais les parents de tous ces gamins. Et puis, Meredith, Katie et Allison en concert, c’est inouï ; les disques (que j’ai tous usés) ne rendent pas justice à un talent aussi fou. Bonus : je croyais devoir dire adieu à presque tout le monde ce soir mais ça n’a pas été le cas, et c’est un second cadeau, très inattendu et bienvenu.

(La photo de cette première au Gerald Lynch Theater est baveuse, notamment parce que j’ai choisi une place au balcon : depuis deux semaines, j’étais au même niveau que le groupe et je voulais aujourd’hui le voir de haut. Je ne regrette pas mon choix. Notez que Francisco est en train de remonter son pantalon pour s’étendre élégamment, ce qui a provoqué quelques vagues de rire dans la salle.)

De retour chez moi, j’écoute la musique d’Allison Sniffin, qu’elle m’a offerte – elle est aussi compositrice, comme je pense l’avoir déjà mentionné. Je suis heureuse d’aimer son travail, et je me sens privilégiée de pouvoir l’écouter.

(Allison Sniffin, mercredi soir au même endroit.)

Cette soirée m’a sauvée de la déréliction pure et simple et je suis reconnaissante à tous ceux qui l’ont faite – les susdits, mais aussi Ellen, Yoshio, Hjørdis, Pablo et les autres. Demain, j’écris dix pages, au moins. Il y sera notamment question d’une mère de choriste venue à la représentation avec son gallon d’eau minérale (à peu près quatre litres*) : c’est extrêmement touchant, en particulier quand on sait que le YPC est un lieu de mixité sociale incomparable – je réclame une niche de saint pour Francisco sur W 65th St.

* Ici, l’eau minérale s’achète surtout en bidon, mais d’autres formats, y compris les 25 cl, existent aussi – je l’achète en bidon.

Zéphyrs embrasés de Brooklyn

Attention, voici une vraie narration.

Dans l’heureux borough de Brooklyn vivaient heureux deux amoureux (des amoureux en paix avec le monde grâce au rejaillissement de leur amour sur leur environnement, etc.)

Heureux dans leur escalier privatif, car ils étaient les jeunes et heureux propriétaires d’une belle maison à Ridgewood, ils réfléchissaient à la manière d’être encore plus heureux.

C’est Monsieur qui a trouvé : il leur fallait une citerne, comme celle des voisins. Une citerne, ça c’est du bonheur. Waouh, dit Madame, et des constellations de bonheur tournèrent dans ses yeux.