L’été dans l’arrière-monde (2)

Les festivals de l’été, les châteaux de la Loire, les volcans d’Auvergne, etc. : fait*, refait, surfait. Et surtout, surpeuplé. En ce qui me concerne, j’ai décidé de visiter les zones et parcs d’activité des Hauts-de-France, cet été, quand je ne file pas vers le bassin minier. Je ne suis pas bousculée par les flâneurs. Après l’Épinette, je vous présente son voisin (on peut gagner l’un depuis l’autre à travers champs, à pied, à vélo ou en tracteur), le parc d’activités de Templemars, qui depuis 1974 rayonne au cœur du Mélantois. Aujourd’hui, il héberge rien moins que 80 entreprises. Bravo, le parc de Templemars ! Notez qu’il est plus fréquenté que l’Épinette – par les camions, entendons-nous bien, l’on n’y trouve pas encore de rosalies, le tourisme étant à ses premiers babils dans ce type de secteur (c’est d’ailleurs une autre excellente idée que je souffle ici aux investisseurs qui sommeillent en vous : rosalies, pédalos sur bassins de rétention et glaces à l’italienne y font à ce jour défaut).

Bon, cet été, il est vrai que les bassins sont en rétention de nothing mais c’est juste une mauvaise année : globalement, tout va bien, ne soyez donc pas si alarmistes avec vos histoires de réchauffement climatique, le pédalo a de l’avenir.

Vous noterez, outre mon attrait récent pour le format 16:9, la manière harmonieuse dont se fondent la campagne et la zone industrielle dans cette image prise le 26 juillet à l’entrée officielle du site : l’on n’aperçoit pas l’autoroute qui gronde à 775 mètres de là, mais un bosquet rectangulaire de peupliers plantés géométriquement (et peuplé de lièvres), comme on en voit souvent au bord des routes, et plus près, des champs et des meules de foin attestant que ces derniers n’ont pas qu’une vocation ornementale. Vous voyez que tout va bien ? Doucement… Baissez cette pancarte, cette banderole. Si on vous écoutait, on n’entreprendrait plus rien.

Ici, ce que vous me permettrez d’appeler affectueusement la raquette du bout du monde – j’ai pénétré dans le parc d’activités de ce côté, à savoir par les champs (+ bosquets de peuplier, j’avais des lièvres à saluer) : à ce point, je n’étais qu’à 257 mètres de l’A1, quel frisson…

Quand vous vous vous enfoncez dans les champs (par le chemin pavé face à la ferme ci-dessous), vous pouvez atteindre ces deux zones fascinantes, PAT et sa rue de l’Épinoy à gauche et l’Épinette à droite. C’est tout l’avantage de l’arrière-monde. Vous avez à la fois la civilisation à portée de main, dans ce qu’elle a de plus glorieux, et des oiseaux si légers qu’ils peuvent se percher sur des épis de blé. N’est-ce pas le paradis, quand vous pouvez en toute quiétude (ne me parlez pas du grondement de l’autoroute, on voit que vous n’avez pas d’acouphène) choisir entre Hygena et Castorama, des fèves fraîches dans votre sac en tissu cousu main ?

* Je ne sais pas s’il s’agit d’un régionalisme comme « faire ses cheveux » (qui par chez moi signifie « se coiffer ») ou d’une expression répandue dans l’ensemble du pays (comme « gros teubé ») mais j’entends souvent le verbe faire suivi de COD tels que ceux évoqués ici, ce qui me fait toujours rêver : « Cet été, on a fait les Gorges du Verdon » – alors j’imagine mes interlocuteurs armés d’une masse et d’un burin et j’admire leur courage.