Depuis un peu plus d’un an, je ne cesse de pester que Lille est devenue un réseau social en 3D ; je suis lassée de subir les slogans éculés, platitudes et commentaires dont quelques donneurs de leçon gratifient les murs de leur écriture sans style. J’ai envie de leur dire, Eh dis donc, toi, tu ne pourrais pas réserver tes mots d’ordre à tes T-shirts et à ton van aménagé ? t’acheter un carnet ? une ardoise magique ? « La ville est belle », lit-on dans certaines rues – certes, et elle l’était encore plus avant ce commentaire inutile et rouge. Il y a deux catégories de personnes : celles qui se taisent pour écouter une musique, et celles qui chantent en chœur. Ces bombes de peinture chantent en chœur avec la ville et nous empêchent d’en savourer la mélodie. Ces bombes sont les Florence Foster Jenkins de la pierre et de la brique. Mais quand j’ai vu cette inscription avortée qui réussit la prouesse d’être grandiloquente en cinq signes, j’avoue que j’ai beaucoup ri.
