On the Flying Trapeze

Le treizième jour de ma nouvelle vie, pour la première fois, j’ai abandonné un moment mon vaisseau fantôme, Dame Sam, Dinah, Danny et Carol Anne (c’est le petit nom que je donne à l’épicéa de mon jardin, à cause de Poltergeist)

pour emprunter le chemin de halage qui mène à la métropole lilloise. Je l’avais évité autant que possible depuis l’ouverture de la chasse. Vers Bauvin, j’ai croisé un gamin qui portait un fusil cassé sur les épaules, il n’avait pas douze ans. J’ai pensé à tous ceux qui me disent garder espoir en l’avenir parce que les nouvelles générations ont compris beaucoup de choses.

Alors que je venais de traverser, non sans émotion, un bois d’Emmerin parmi mes préférés, j’ai vu au loin la Fernsehturm de Wattignies se dresser sous un ciel si beau que j’ai été surprise, quelques minutes plus tard, de retrouver la circulation cauchemardesque de mon ancien territoire. Écoutez cette campagnarde, ont ri mes amies quand je suis arrivée chez elles en grognant.

Dans le dernier train en partance de Wattignies-Templemars et à destination de Lens, j’avais envie de danser avec tout le monde, et tout le monde me parlait, comme dans un film de Capra.