Trop

Parfois, dans ma nouvelle vie, je me sens presque coupable. Par exemple, je cours, la musique et les paysages rivalisent de beauté (à vrai dire, je redécouvre la musique au sein des paysages, ils aiguisent mes sens et m’amènent à percevoir des nuances très subtiles qui m’avaient échappé, même dans certains morceaux que j’avais écoutés des dizaines de fois) et soudain je me dis, Vraiment, tu abuses. Puis je me rappelle que ce n’est pas ma faute, que toute cette beauté ne sort pas de mon imagination. Alors ? Je ne vais tout de même pas la bouder. Ce matin, brume et soleil se télescopent quand Rosa Maria Sarri (aka MonoLogue) joue The Sea From the Trees-A2 dans mon casque, et puis quoi encore ?

Des bris de glace autour des flaques et des ornières gelées, des poches de brume près des déclivités.

Les oiseaux en fin de rave contemplent le château d’eau flouté, nous sourions en silence. Nous sommes très calmes, ce matin, presque recueillis. Il n’y a que nous, ici, sur le chemin de halage

puis sur le terril, et dans les marais,

au point que l’on oublierait le reste, n’étaient quelques vestiges de la civilisation.