Enfin, nous avons de nouveau le droit de monter sur ce tas de schistes, de grès et d’autres déchets miniers, dit terril n°94,
alors je le fais, je monte par là, c’est sec sec sec ça s’éboule, il faut courir pour ne pas glisser en arrière, j’arrive à mi-pente hors d’haleine
sur un chemin de mamelons arborés, infréquenté – du moins n’y ai-je jamais vu quiconque mais
sans doute ce cœur de pierres noires n’est-il pas l’œuvre des extraterrestres. Ensuite je monte encore, et encore,
et là-haut découvre qu’il n’y a plus de lac – et que ce n’était vraiment pas un lac très profond, à l’avenir je dirai flaque.
En contrebas, sur l’autoroute, les véhicules de nouveau innombrables brassent l’air et pétrissent tout à la fois la pollution et le virus pour que la deuxième vague soit rapide et cinglante. Dans les TER, les gens s’assoient, bien que les sièges soient couverts d’une espèce de moquette râpée ; ils s’assoient aussi dans les salles d’attente de dermatos où, même hors crise sanitaire, je ne poserais pas une fesse sur une chaise, et j’espère que ce traitement sera efficace parce que j’aimerais, si possible, ne pas devoir revenir à Lille avant longtemps. Je rentre à vélo, quarante kilomètres avec un masque parce que les gens se promènent nombreux sur les chemins de halage avec des enfants et des chiens.