Ce matin, premier jour de l’automne, la brume noyait ma prairie alors j’ai lacé mes baskets et filé au terril de Noyelles-sous-Lens dont je devinais les promesses, une heure avant le lever du soleil. Sur le chemin de halage dépourvu d’éclairage public, j’avais l’impression de courir dans un paysage abstrait, je ne voyais pas où je posais les pieds, je distinguais juste les masses sombres des arbres à ma gauche et du canal de la Souchez à ma droite, et j’entendais les chants et cris des oiseaux d’eau avec une netteté d’autant plus dolby surround.
De loin en loin, des lampadaires dans les rues en amont morcelaient l’espace plus qu’ils ne le révélaient.
J’ai tenté le flash avec des résultats très intéressants dont voici le plus lisible.
Sans, ça donnait ça.
J’entendais aussi parfois le grésillement typique des lignes électriques et devinais les pylônes bien avant de les voir.
Rencontres du troisième type a été un moment intense de ma course à pied ce matin.
Puis le jour ( ≠ soleil) a commencé à se lever de sorte que j’ai pu distinguer la silhouette de mes amis.
Depuis la passerelle,
le canal n’était encore qu’une promesse floue.
Vers les bois ça restait assez sombre,
sauf dans les trouées qui offraient une vue sur l’eau
et ce jusqu’à l’étang du Brochet,
étang qui ce matin s’étendait, semblait-il, à l’infini.
Et là-haut, au sommet du terril 94,
Caspar David Friedrich aurait carrément pris son pied (chaussures de rando recommandées).
Comme on le devine, je n’ai croisé personne aujourd’hui, mes congénères étant apparemment (et à mon enchantement) solubles dans la brume.
Au retour, je suis passée voir mes amis : ceux des lapins qui ont survécu à un premier dimanche sous les tirs des enflures à fusil (qu’ils crèvent dans leurs gilets oranges et d’atroces souffrances), Dinah, Danny et Carrie – cette oie de mon cœur dont voici l’étang ce matin
Et vers chez Danny, j’ai particulièrement aimé cette vue. C’était ma première course à pied de l’automne 2020.