Reconversion

J’aime décidément recenser : les créatrices sonores de par le monde, bien sûr, mais aussi les Chalets du Nord. J’ai enfin eu l’idée de les inscrire sur un plan, lorsque j’ai entamé un nouveau manuscrit qui est une espèce d’atlas à ma manière, avec des critères dont l’universalité, quoique indéniable, n’est pas forcément reconnue. Je me sers donc des outils mis à notre disposition par le world wide web pour signaler par une étoile toutes les boîtes aux lettres en forme de chalet que je croise et celles que je me rappelle avoir croisées. Il en manque forcément un certain nombre, ma mémoire n’étant pas infaillible, mais désormais je promets d’être vigilante et de reporter sans tarder mes ‘prises’ du jour. Un aperçu en tout petit – trop petit hélas pour pouvoir vérifier cette loi (que l’on devrait appeler Loi de Chiarello, soit dit sans vanité, car je doute que quiconque l’ait énoncée avant moi) selon laquelle le Chalet appelle le Chalet car, à cette échelle, les étoiles se superposent dans les rues où l’émulation est particulièrement forte.

J’ai développé un instinct pour les Chalets. Exemple : tout à l’heure, alors que je plaçais ma dernière trouvaille dans une rue de Sallaumines, je me suis dit Tiens, je serais surprise qu’il n’y ait pas de Chalet du Nord dans ce petit quartier de Loison où il a l’air de faire bon vivre. Je m’y suis promenée en vue immersive et il ne m’a pas fallu trente secondes pour que PAF

Je ne vais pas jouer la fausse modestie, je suis assez fière de ce talent dont je m’avance à supputer qu’il ne doit pas courir les rues. Alors j’ai décidé de l’exploiter. Je ne vais pas me lancer dans la commercialisation de faux mages bio en circuit court comme je l’avais envisagé depuis l’acquisition de Désiré (mon mixeur) mais plutôt dans le démarchage. Je serais bien incapable de construire des Chalets du Nord, même aussi simples que celui-ci, mais si je pouvais m’associer avec un(e) menuisier(e), je me chargerais de proposer les services de mon entreprise au porte-à-porte. Je saurais où aller frapper, je ne perdrais pas de temps ni d’énergie à me faire claquer des portes au nez. Dans le seul secteur du chalet ci-dessus, j’ai trouvé trois clients potentiels dans une aire de 0,025 km². Jugez par vous-mêmes.

Alors, qu’est-ce que vous en dites ? Ça manque de Chalets, non ? Quand on a déjà un puits et/ou un moulin d’ornement (et ça vaut pour les pompes à bras, sabots en grès, statuettes, etc.), on est mûr pour le Chalet du Nord. Une étude de marché serait superfétatoire. Outre qu’un tel commerce serait un moyen plus sûr que l’écriture de remplir la gamelle de Vénus, je vendrais rien moins que du bonheur : proposer des Chalets aux habitants de ces maisons, ce serait les accompagner dans une forme d’accomplissement. Même le promeneur y gagnerait – personnellement, je trouve tristes les rues sans Chalets du Nord. Vous savez combien j’aime la Cité des Cheminots, mais je suis prête à parier que les villes d’Avion et de Méricourt ont offert une boîte aux lettres homologuée (un cube en métal vert, beige ou bordeaux) à chacun de ses foyers ; résultat : épistolairement parlant, on meurt d’ennui. Bref, j’ai trouvé ma voie. JMJ, c’est décidément un bon dimanche…