Parce que je viens de perdre une partie de moi, l’une des personnes que j’aime le plus au monde, et qu’il me semble d’autant plus difficile et vain de poursuivre mes chantiers d’écriture en cours, j’ai décidé de reprendre mon requiem, commencé en 2017 et plusieurs fois remanié sous diverses formes. Hier, j’ai trouvé ce que je souhaitais en faire, et je vais le faire pour ma petite disparue bien-aimée. Un extrait de la première mouture :
« Je suis recroquevillée dans ma tête tandis que mon corps reste assis sous mon chat, mon unique chat depuis la mort de Joe, il y a six mois. Je caresse mon unique chat, Dame Sam, avec intensité, agrippant parfois sa fourrure entre mes doigts, je lui mordille les oreilles mais elle ne proteste pas. Elle ne comprend pas mon langage, ni celui de ma bouche ni celui de mon corps, me darde un regard d’un vert transparent que je ne comprends pas davantage, pourtant je pourrais dire à cet instant que je me sens plus en phase avec elle qu’avec quiconque. Nous sommes accrochées l’une à l’autre sur la chaise en bois dont le dossier se déboîte chaque semaine (ses barreaux tombent alors comme des mikados et je les replace patiemment car il faut du courage face à l’éternel retour du même, cette absurdité fondamentale de l’existence) et nous ne nous rassurons pas de leurres mais nous regardons longuement dans les yeux avec perplexité. Un jour, nous serons séparées pour toujours, aussi fort que nous nous soyons accrochées l’une à l’autre en silence. »
Ce jour semble être venu, un mois avant son anniversaire ; elle aurait eu 19 ans. Avant-hier, Vénus, nom d’usage Dame Sam, ma cocotte chat, ma croûtesse aux coussinets nus, mon alter ego m’a quittée. Le monde est vide. J’espère que tu ne regrettes pas de m’avoir suivie dans la rue, ce soir d’octobre 2004, mon bébé, j’espère t’avoir donné autant de bonheur que tu m’en as donné. Embrasse Joe, là où tu vas, je vous rejoins bientôt.
