Réouverture

Je le confirme : la semaine prochaine, j’inaugurerai ici une rubrique de Nouveaux processus réversibles. J’ai préparé les premiers papiers, fait des repérages, car il s’agira bien sûr de poèmes in situ, et un peu de travaux manuels : il n’y aura pas que du scotch mais un panneau bricolé maison qui ne sera pas facile à transporter en courant mais qui a l’avantage d’être à l’épreuve des intempéries et réutilisable (il suffira de glisser un autre texte dans la pochette plastifiée) à moins bien sûr qu’il ne soit vandalisé.

Le panneau est conçu pour mon chemin fétiche du moment, où l’on trouve donc les débris de mon cœur mais aussi tout le reste de la liste. J’envisage d’écrire quelque chose à propos de ce chemin, comme une galerie de portraits qui pourrait ressembler à ça :

prenons par exemple la femme au bonnet –
elle a les cheveux courts et un bonnet dessus
des chaussures de marche un sac à dos de style
beige et elle va quelque part d’un pas décidé
accompagnée d’un très grand chien blanc
qu’elle ne tient pas en laisse parce que
c’est son ami et non sa possession – elle se
rend quelque part tôt le matin avec son ami
elle est un peu comme moi sauf pour le chien
– moi aussi je suis souvent en train de me
rendre quelque part sans autre nécessité que
le mouvement perpétuel dans les hanches et
la curiosité qui n’épargne aucun interstice

je me demande parfois où vont la femme et
le chien blanc – sans doute plus loin que le
cow-boy qui écoute la radio avec son vieil
ami berger allemand et sa lampe de poche –
peut-être jusqu’à Rouvroy peut-être jusqu’à
Hénin-Beaumont ou même jusqu’à Dourges
avec ce sac à dos – la question restera sans
doute sans réponse puisque le monde des
deux amis femme et chien se situe près de
trois heurs après le mien et c’est bien par un
accident peu susceptible de se reproduire
qu’un jour d’été j’ai pu échanger avec eux
quelques mots vite emportés par le vent

(ce poème s’appelle Se rendre, à la base)