J’ai retrouvé ce texte écrit en 2017 et qui me fait toujours rire – je suis mon meilleur public, que voulez-vous, mais je suppose que c’est normal d’avoir un humour sur mesure pour soi-même, non ? même s’il n’est pas largement partagé ? Cela dit, je ne peux encore l’annoncer officiellement mais il semblerait que ma chanson de geste, à paraître dans un peu plus d’un mois, me vaille des invitations très très enthousiasmantes (agenda à venir à la mi-avril), ce qui me laisse supposer que peut-être, mon humour n’est pas si incompris. JMJ faites que le vaccin vienne nous rendre le monde d’avant où on fait des rencontres littéraires, humaines, amoureuses, où on boit des verres avec des inconnus et on parle tous en même temps… Bref, j’ai retrouvé ce texte écrit en 2017 et qui me fait toujours rire :
la femme que j’aime a un visage et
des cheveux au-dessus et un corps
en dessous
elle a un regard et une voix et
un épiderme quel prodige
et cette façon de porter
des vêtements et des baskets
la femme que j’aime ne me tire pas les cheveux
à pleines mains* ne colle pas
ses chewing-gums sous ma table
ni ne vomit dans mes pantoufles
quand elle a bu la femme que j’aime
ne regrette pas secrètement
que je n’aie pas le physique d’Isabelle Huppert
elle est contente comme ça
malgré mes couronnes argentées au fond
et quand elle dit qu’elle m’aime
elle n’a pas la main posée sur la hanche
de sa vieille amie Marie-Christine
hélas
la femme que j’aime n’existe pas
je l’ai inventée
à mon âge !
je ferais mieux de mettre mon imagination
au service d’une narration susceptible de
fédérer ceux qui prennent souvent le train
le métro et le soleil sur la plage
plutôt que de me bricoler des Ève futures
au vingt-et-unième siècle

* Dois-je préciser que j’avais déjà le crâne à sabot 1, en 2017 ?