Je vous le disais hier, les terrils du marais de Fouquières ont subi un traitement signalétique radical, qui les a largement défigurés. Eux aussi ont droit à leur belvédère, qui a nécessité d’abattre un grand nombre d’arbres.

Ce que voyant, je me suis ruée sur le chemin que je préférais avec une sale intuition, qui s’est vérifiée. D’abord, le chemin en question, bordé en amont d’arbres calcinés par auto-combustion (car le site est purement volcanique), l’est désormais côté précipice par des plots en bois qui ne servent à rien, que surligner ce qu’on voit bien : un pas de plus et on tombe. Mais voici ce qui fait mon désespoir.

Cette barrière est verrouillée. Que trouvait-on de l’autre côté ? Une espèce de paradis infréquenté, sans quads ni chasseurs. Les seules personnes que j’y ai jamais vues apparaissent d’ailleurs sur deux des quelques images prises l’été dernier que voici. On suivait ce chemin sur lequel on trouvait de la roquette sauvage très odorante.

Puis on parvenait à ce paysage de garrigue

dont la végétation, vue de plus près, ressemble à ceci

puis on parvenait à la crête que je vous présentais hier, où l’on descendait à ses risques et périls

(tout le monde n’en avait pas le courage et ces trois jeunes gens nous regardaient avec un mélange d’envie et de perplexité)

mais ça valait la peine parce qu’on pouvait poser les mains sur le schiste brûlant auprès des fumerolles, pas longtemps parce que l’odeur de soufre montait vite à la tête.

On repartait par un autre chemin, qui nous plongeait cette fois dans un univers plus évocateur de la jungle que de la garrigue, avec des troncs effondrés en travers des gouffres pour les aventuriers de cinéma et des roseraies dont les plus hauts épis nous surplombaient de deux bons mètres.

Mais c’est fini, maintenant : adieu, paradis. On fait demi-tour à la barrière vue plus haut. Pour lot de consolation, la chose ci-dessous, qui ravage littéralement le paysage (vous avouerez que ça fait mal aux yeux, un véritable phare antibrouillard géant), soit une infographie très moche vous décrivant, pour changer, ce que vous avez sous les yeux.

Certaines fumerolles sont encore visibles mais en cage et la sauvagerie du site est également ruinée par ce panneau de merde. C’est ça, le monde contemporain ? On considère que vous n’aurez pas le courage de taper fumerolles sur un moteur de recherche pour savoir de quoi il retourne ? Ce n’est pas comme s’il fallait, pour trouver l’information, s’inscrire à la bibliothèque de Fouquières et emprunter un ouvrage publié en 1973 à compte d’auteur par un passionné de l’histoire minière, non, il suffit de taper dix lettres sur son téléphone. Mais on ne se donnera même plus cette peine, désormais, grâce à cette bouse qui dénature le panorama. Il ne manque plus que des tapis roulants et escalators pour ne plus avoir besoin de gravir le terril, et une machine qui lance des pop-corn si on a encore le courage d’ouvrir la bouche.

Et regardez qui voilà : des plots. Double plot, c’est plus sûr, l’un enseveli et l’autre hors sol, pour ceux que le grillage ne suffirait pas à canaliser sur le bon chemin de terre battue (notez que personne n’aurait l’idée de s’enfoncer dans la dense végétation à droite, à part un mammifère moins fragile qu’homo sapiens : était-il nécessaire de nous la jouer frontière mexicaine ?)

Mais rien n’avertit nos touristes des mœurs à respecter ici, aussi ai-je pris la liberté de compléter le dispositif par ce petit NPR, en remplacement de celui d’hier (qui à ma grande surprise, était intact – je le punaiserai ailleurs).
