Des drôles de trucs

Essentiellement des photos moches et des mauvaises nouvelles mais pas seulement

Je suis toujours inquiète quand les animaux des autres espèces que la nôtre ont un comportement inhabituel, eux qui sont certes dépourvus de pouces opposables mais pas d’instinct : ça me semble toujours présager une catastrophe. Or ces derniers jours, ils font souvent de drôles de trucs. J’ai vu de nombreux canards immobiles dans le style lapin, dans des endroits un peu étonnants – au sommet d’un terril, dans des prairies et jusque dans des arbres, à distance de tout plan ou cours d’eau. Une canne perchée : on aura tout vu – la photo est dégueu, je n’avais pas mon appareil photo et le zoom de mon téléphone ne fait pas mieux que ça.

Dinah et sa famille, mes saisonniers préférés, sont de retour à Noyelles depuis une semaine. On leur a coupé les cornes ; ça se fait, des choses pareilles ?

J’ai accueilli mon amie avec la chanson de rigueur,
Dinah,
Is there anyone finer
In the state of Carolina?
etc. mais ça n’a pas semblé plaire à sa petite famille. Il faudrait que je trouve une chanson pour chacun(e).

Depuis une semaine, Carrie et Ricah ne sont pas dans leur étang ; j’ai fait tout le tour, cherché dans les graminées, sous les pontons : non. Leur absence rend l’étang d’autant plus vide que leurs amis canards, foulques et gallinules se sont dispersés – j’ai toujours dit que Carrie était l’élément fédérateur de cette communauté à l’émouvante mixité. Reviens, bébé, tu nous manques (Ricah aussi).

J’ai mené l’enquête dans les nombreux étangs des environs mais je n’ai trouvé aucune trace de mes oies superstars. J’espère que personne ne les a enlevées. Ci-dessous, quelques-unes de leurs cousines, à la lisière de la brume.

Danny a fait le mort dans sa pâture, la semaine dernière ; je l’appelais sans qu’aucune de ses oreilles ne frémisse. Quand je suis repassée, moins d’une heure après parce que j’étais inquiète, il m’a fait une espèce de danse, avec des galops ridicules de 5 à 10 mètres, des jetés de tête et de sabots, avant de se rouler par terre sur le dos comme un chat. Cette année, il adore les pissenlits (l’année dernière, il les boudait). Il aime toujours courir avec moi. Sa nouvelle coupe est ridicule. C’est un merveilleux âne et je l’aime. Ci-dessous, une photo moche parce que j’étais trop subjuguée par la danse de ce petit fou pour dégainer mon appareil et en saisir les figures les plus spectaculaires dans la bonne lumière.

L’autre jour, je me suis approchée d’un groupe de lapins au milieu desquels se tenait un jeune chat ; j’essaie toujours de me faire des amis d’autres espèces mais, à part avec Danny, Dinah, Carrie et Ricah, ça ne prend pas tellement. Le chat m’a regardée avancer vers eux avec une molle indifférence mais quand ses potes lapins ont détalé, lui aussi s’est enfui avec soudain une expression de terreur dans les yeux. Ça fait plaisir.

Hier soir, dans ma rue, j’ai vu le chat le plus miteux de l’histoire du monde. Il n’était que plaies sur pelade, sa queue réduite à un fil qui s’achevait sur une touffe de poils. Je lui ai donné une des boîtes de Dame Sam qu’il me restait ; j’attendais de savoir à qui profiteraient les immangés de mon bébé, maintenant je le sais. Le chat miteux a dévoré. Je lui ai parlé doucement. Je lui ai dit que tout irait bien, qu’il ne devait pas avoir peur et qu’il n’était pas seul. Je n’ai pas pleuré devant lui.