Autour de la Scarpe inférieure

Ces temps-ci, je sillonne le Douaisis pour voir si c’est vraiment le petit paradis que ça paraît être (dans deux semaines, l’ouverture de la chasse me fera sans doute changer d’appréciation). Parfois, le soleil se lève à Waziers,

d’autres fois il est mangé par la brume à Sin-Le-Noble

(dont voici le chemin de la Tarte),

puis il brille sur le chemin de halage entre Râches et Anhiers.

La première fois que j’ai vu un panneau Parcours no-kill, je me suis dit que vraiment, ce territoire était formidable – même si, ok, l’anglicisme est un peu ridicule et parfaitement inutile. Plus loin, j’ai vu un pêcheur et je me suis retenue de lui dire qu’il n’avait pas le droit de sévir ici : à quoi bon ? Renseignement pris, le no-kill est juste un concept – l’époque aime tant les concepts, ces petits encas pour esprits paresseux. Ici, les pêcheurs doivent rejeter les poissons, voilà ce que la fédération bidule de pêche appelle ne pas tuer. Or, plus d’un poisson sur deux rejeté à l’eau après avoir été pêché meurt dans les heures qui suivent. Bref, encore un label hypocrite – il n’a même pas été inventé par respect pour les poissons mais seulement parce que les cours d’eau sont trop pollués pour qu’il ne soit pas déconseillé de manger leurs habitants, de sorte qu’on ne parle plus de pêcher pour s’alimenter (argument old school pour justifier cette pratique) mais de pêche sportive, et il faut voir les sportifs, assis sur leur cul au milieu de leur attirail kaki, une Kro à la main. Je ne caricature pas, j’en vois cinquante par jour : ils se lèvent tôt, eux aussi.

Revenons à nos moutons. J’aime particulièrement la commune de Lallaing. On y trouve donc des ovins plutôt tranquilles,

une signalétique originale et un panneau de basket au bord du canal,

(détail)

un épouvantail syndicaliste,

un chausson aux pommes qui figure dans mon top 5 ainsi qu’un très bel hôtel de ville moderne qui a conservé quelques éléments de l’ancien château dont il occupe l’emplacement et qui arbore un bas-relief très à mon goût, dans un esprit communiste et queer (avec son couple de garçons et sa banjoïste) qui m’évoque ceux de l’école Pierre Brossolette à Ronchin (voir ma Brève histoire des genres et de la sexualité dans la métropole lilloise, parue en 2017).

On peut traverser le canal sur ce pont pour aller visiter le terril de Germignies Nord mais ça, ce sera pour plus tard ;

pour l’instant, on aborde Germignies Sud, dont la vue satellite a guidé nos roues jusqu’ici. Le lagunage est très attirant mais davantage encore, à mes yeux, ce que je crois être un pont qui traverse le lac (à droite sur l’image)

et qui s’avère être une bande de terre qui le divise.

Une vue depuis le sommet, dans le petit matin brumeux.

Un aperçu du lagunage.

Au fil de mes explorations, je poursuis mon enquête pour retrouver Carrie et Ricah. Je demande à leurs congénères si elles ne les auraient pas vues, par hasard. Celles de Lallaing disent, Non, non.

Celles de Râches, Non plus, non plus.

Ce héron non plus.

Les moutons d’Arkeos ne savent même pas de qui je veux parler.

(à suivre…)