À un canard dont la vie a été prise aujourd’hui
Ce matin, première course à pied sous la neige de l’année, à Noyelles-sous-Lens.

J’étais si joyeuse que j’ai mis les jambes en l’air – pour la première neige, pour mon roman avec Wendy, pour l’exploration spatiale verte (sans propergol ni LSD), pour la peau neuve de ma maison, pour les billets de concert que je venais d’acheter (Jenny Hval à la Gaîté Lyrique – ouiiiiiii – et Meredith Monk & Ensemble à la Philharmonie de Paris – le jour pile de l’anniversaire de mon amie Allison), pour ma super soirée d’hier soir à Mont-Saint-Éloi (encore merci à mes chères hurluberlues Hélène, Gigi et Barbara d’être venues, à T&D – également dits p&m – et à toutes les personnes que j’ai eu le bonheur de rencontrer, ainsi qu’à Johanna Finance pour son invitation) et la joie n’étant pas ce qui a caractérisé mon année 2021, ce n’est pas qu’un peu, que j’ai mis les jambes en l’air, JMJ.

Sur le 94, tout était particulièrement beau et ma joie prenait, prenait, comme mon dernier gâteau vegan aux noix quand il s’étirait dans le four.




J’ai descendu le terril en courant-dansant-bondissant sous les flocons comme si j’avais un hobby horse + des ressorts.

Puis j’ai longé l’étang où se trouve ce que j’appelle l’observatoire des oiseaux et j’ai vu un colosse en camouflage intégral sortir des graminées, une canne à pêche dans une main (la pêche est interdite dans cet étang) et au bout de l’autre bras, un canard mort, qu’il tenait par la tête. Nous nous sommes entretués du regard et je n’ai pu retenir un « crève, connard » puis pendant plusieurs centaines de mètres j’ai attendu qu’une balle me frappe dans le dos mais j’avais tant de rage que je n’avais pas peur. Je t’en prie, gros tas de merde, soustrais-moi au monde où des immondices dans ton genre peuvent exister. Mais vous voyez, ça ne s’est pas produit. Petit canard, mon ami, je ne te présente pas les excuses de mon espèce parce que les excuses ne peuvent soulager que des humains, des gens susceptibles de faire le mal en toute conscience ; tu es mort pour le loisir d’un beauf ; il n’y a pas de consolation possible.