La catastrophe dite de Courrières, la plus meurtrière de l’histoire minière européenne, s’est produite le samedi 10 mars 1906, faisant 1 099 morts. Un coup de poussier a dévasté 110 kilomètres de galeries entre Billy-Montigny, Méricourt et Sallaumines. Trois jours après l’explosion, la recherche de survivants a été abandonnée, une partie de la mine condamnée pour étouffer l’incendie et ainsi préserver le gisement, ce qui n’a pas contribué à rendre populaire la Compagnie des mines de Courrières. Vingt jours après l’explosion, treize rescapés ont réussi à retrouver le puits par leurs propres moyens après avoir erré dans le noir, on se demande par quelle force ; un quatorzième a été retrouvé quatre jours plus tard encore. En 2006, un site commémoratif, dit Parcours des rescapés de la Catastrophe de Courrières ou Nécropole, a été créé sur les lieux où se sont déroulés ces événements. Hier matin, toujours décidée à me pencher sur l’histoire de mon nouveau territoire à l’occasion de la Sainte-Barbe, je m’y suis rendue.
Le parcours est une ligne droite d’un kilomètre qui part d’un belvédère, on aime les belvédères. Sur celui-ci, on ne voit plus rien,

même pas l’infographie.

Le parcours consiste en volumineux panneaux retraçant la chronologie de la catastrophe. Certains ont été tagués, on hésite entre rire et pleurer (je penche pour la seconde option) en voyant un membre masculin mal dessiné sur l’un d’eux comme une expression ultime de la bêtise ; d’autres sont à peine lisibles.

Je n’ai jamais encore évoqué cet aspect de la signalétique : outre qu’elle gâche le paysage, elle finit souvent par ne plus rien signaler. Après que trois élus ont été pris en photo devant les monuments avec des ciseaux et un ruban tricolore, plus aucun officiel ne met jamais les pieds dans ce type d’arrière-monde (car c’en est un, et je n’y traînerais pas seule la nuit) pour voir s’il ne faudrait pas passer un petit coup de balai (mais ça coûte cher, tous ces machins).

L’aspect arrière-monde du site m’a semblé plus intéressant. C’était la première fois que je voyais passer un train depuis ce lieu que j’ai bien souvent, à l’inverse, regardé depuis le train avec beaucoup de curiosité. Au point que j’ai tardé à dissiper le mystère en allant y voir de plus près.


