J’ai enfin trouvé les gants magiques grâce auxquels je vais pouvoir faire du vélo en hiver sans souffrance ; les chaussettes de ski, en revanche, ne suffisent pas, même en renfort d’une autre paire. (Tout ceci, je le précise, sans cuir ni laine puisque je ne souhaite porter ni la peau ni les poils de quelqu’un). Ce matin, je m’apprêtais à emprunter les chemins qui sinuent au pied du terril 58 de Grenay quand j’ai remarqué un panneau plus discret qu’un NPR annonçant qu’ici, la chasse est autorisée tous les dimanches de 9 à 18h ; il était 8h53. Même chose sur le terril d’en face, 58A. J’ai donc roulé entre les deux tas.

Ces terrils sont ce que j’appelle des terrils Délivrance + poubelles + origamis + luxuriants (voir Terrils tout partout pour plus de détails sur ma typologie très personnelle des terrils – fichier Excel à venir). Délivrance parce qu’on y croise des voitures brûlées et des quads conduits par des individus tels qu’on en voit dans le film de John Boorman (les chasseurs, par leurs proies), mais c’est en toute légalité que, le dimanche, le seul loisir possible y est de tuer. Le seul puisque, par définition, il écarte tout autre loisir sous peine de mort. Dans la charmante petite ville communiste de Grenay, les magnifiques terrils sont mis à la disposition exclusive des chasseurs, ces bubons de l’humanité. (Ci-dessous, un minuscule aperçu de 58 depuis le bas.)

Où sont censés aller ceux (que l’on espère majoritaires) qui préfèrent se promener, aérer leur progéniture, courir, prendre des photos ou encore observer la nature et des animaux vivants ? Sans doute à la base 11/19, pas si lointaine, où les bubons dégénérés en orange fluo n’ont pas le droit d’exploser des lapins pour occuper leur dimanche.
