Pour dire adieu à cette année de merde, j’ai sauté sur Mon Bolide, sans gants ni bonnet par ce temps estival, j’ai plongé dans la nuit charbon et regardé le soleil l’entailler lentement.

J’ai observé les moindres variations de lumière et

à Auchy-les-Mines, je les ai regardées jouer avec l’éclairage public comme les oies jouent avec les canards.

Un dispensaire multicolore et désert faisait une bulle de lumière dans les rues encore assoupies.

Le jour s’est levé tranquillement sur le dead Aldi.

Je suis entrée à Cuinchy par les champs

pour en ressortir par le canal, après l’écluse, les arbres se trémoussaient dans un faisceau de lumière dorée.

Plus loin, j’ai croisé plusieurs péniches, dont Bullitt, ci-dessous (ensuite de quoi j’ai eu dans la tête la B.O. d’un autre film, également signée par Lalo Schifrin, celle de Dirty Harry, version James Taylor Quartet – ce matin, j’étais un juke-box, je fredonnais treize musiques différentes en même temps, puis 13 autres, ad lib).

J’ai sympathisé avec Ricky, un âne que je côtoie depuis plusieurs mois mais à qui je n’avais encore jamais parlé ; ce matin, il a posé la tête contre ma main doucement et il avait l’air déçu quand je suis partie (c’est vrai) alors je lui ai promis de revenir très vite. Cet âne a dû perdre son grand amour pour être aussi triste.

Les jeunes oies de Pont-à-Vendin sont toujours de format canard, elles continuent de répéter leur choré ainsi que leurs vocalises. Elles sont super craquantes.

Ici, entre Pont-à-Vendin et Estevelles, c’était une vraie fête des péniches. Les 13 dernières que j’ai recensées en 2021, depuis le billet Poésie batelière : Émeraude, Manito, Bullitt, Miloun, Carré d’As, Cadillac, Roscoff, Etna, Baraka, Rodzina, Lolotte, Emri et Tyché.
