Parfois, je n’ai accès qu’à une infime fraction du réel. Dans ces moments, soit il est exaltant d’oublier les règles de la civilisation pour ne suivre qu’une lubie comme un lapin blanc, soit je suis happée dans une nuit plus opaque et moins hospitalière que celle où j’aime tant courir. Les premiers jours de cette nouvelle année, j’ai tâtonné vers la lumière, suivi les conseils de mes proches et mon intuition. Hier, j’ai retrouvé l’interrupteur. Ce matin, je courais dans les premières lueurs du jour avec toute la musique de mon téléphone en aléatoire pour que ce soit une grande fête comme une allumette tombée dans une caisse de fusées d’artifice, le cajun succédait à l’expérimental qui succédait au jazz et soudain Cate Le Bon a chanté The Light. C’était approprié. Voici quelques feux de ma première semaine de 2022.
D’abord, feu mon soleil portatif, avant que je ne le brûle

au sommet de Pinchonvalles, le 1er à l’aube, après deux heures de sommeil.

Un autre matin, la rocade sud, au retour de Méricourt.

Avant-hier, l’antenne de Bouvigny-Boyeffles haute comme presque une tour Eiffel, vue depuis les champs de Fresnicourt-le-Dolmen ; quelques minutes plus tard, je contemplerais trois chevreuils effarouchés dans la forêt d’Olhain (mes magnifiques amis, traqués depuis quatre mois par le pus orange fluo de l’humanité – imaginez que vous habitiez dans une tour où, six mois par an, les psychopathes ont le droit d’errer dans les couloirs et de vous saigner, avec les compliments du f**king président).

Hier matin, lever du soleil à Rouvroy

et le soir, à Houplin-Ancoisne, péniche en plein phares (oui, c’est plein au singulier).

Ce matin, le soleil s’est levé sous un sublime nuage – ici, vu depuis le 94 ; je ne vous présente plus à l’horizon les terrils d’Hénin-Beaumont et Rouvroy.
