En courant ce matin je me suis amusée à écrire ce petit truc idiot dans ma tête.
depuis la charge du sanglier
il y a deux semaines jour pour jour
dans la forêt de Bord-Louviers
je pense moins à toi, mon amour
sa silhouette souvent traverse
inopinément mon cerveau
comme le fait aussi sans cesse
la réminiscence de ta peau
qu’avez-vous donc, sublime dame,
laie sauvage, à protéger
vos petits d’une végane dont l’âme
sensible n’est d’aucun danger ?
A la Factorie, Anna, Maud et moi aimions interpréter nos rêves, les cartes tirées du tarot des plantes et les diverses circonstances de la vie. Aujourd’hui, j’ai compris ce que ma rencontre avec le sanglier (qui sans doute était une laie, j’en suis presque sûre, mais nous avons toujours dit sanglier aussi je vais m’y tenir), que cette rencontre était une allégorie : la laie a craint que je ne sois une menace pour ses petits parce que certains de mes congénères en sont véritablement une ; c’était d’une injustice révoltante mais son instinct en a décidé ainsi et désormais si je veux continuer de me promener dans la forêt, il me faudra cesser de craindre une nouvelle infortune, car tous les témoignages disent que de telles charges sont rarissimes : un joggeur dit avoir croisé des dizaines de sangliers dans sa vie sans incident. Maud me dit qu’un jour, on rencontre quelqu’un qui nous traite avec égards et douceur et qui ne partira jamais.

(Illusion d’optique au bord de l’Eure : j’ai pris cette défense pour quelqu’un d’autre – c’est ça, l’obsession : on voit des sangliers partout.)