Il y a quelqu’un dans cet arbre. Vous le voyez ?

Il vit à Rouvroy – c’est devenu un pote, depuis le temps qu’on se côtoie et que je le complimente sur ses belles vocalises, qu’il lance à l’approche du soleil depuis son arbre au bord de la véloroute. J’essaie de mieux vous le montrer mais le soleil ne s’est pas encore levé (ce que le ciel très pâle n’indique pas, par un effet d’optique bien au-delà de mes compétences) au moment où je prends ces photos avec mon téléphone cheap et les mains qui tremblent un peu puisque je suis en pleine course à pied, donc c’est forcément très flou.

Mon pote le coq perché a semblé plutôt flatté quand je lui ai raconté cette anecdote : en khâgne, il y a presque trente ans, j’étais dans un internat dont les chambres minuscules étaient séparées par des cloisons qui ne montaient pas jusqu’au plafond ; le matin, il y avait une sonnerie à 6h30 mais j’étais presque toujours debout avant et je trouvais extrêmement drôle de réveiller mes camarades à 6h29 en passant à très fort volume sur mon lecteur de CD l’intro d’une chanson de Tom Waits, I’ll Be Gone, où l’on entend chanter un coq. J’étais littéralement pliée en deux, à l’époque, quand j’imaginais l’œil courroucé de mes voisines tirées du sommeil par un coq, pour leur deuxième année dans une grande ville puisque la plupart venaient de ce que les citadins appelleraient la campagne, à savoir de petites villes comme la mienne, où on entend effectivement des dizaines de coqs tous azimuts (j’adore, je ne m’en lasse pas). Je me souviens qu’une d’entre elles venait de Harnes, où je cours très souvent aujourd’hui, dans mon acte 3.
Mon pote le coq perché apprécie, lui aussi, de faire rayonner son chant le plus loin possible : on l’entend depuis les champs, à quelque 500 mètres.