/ 3 : wild things

Dans les situations les plus extrêmes de mon quotidien, des chansons me viennent à l’esprit ; ainsi, ce matin, confrontée à un tigre des neiges, la voix de Chet Baker m’a chanté Everything Happens To Me.

J’ai été très sensible à la position hyperréaliste dans laquelle des plaisantins avaient disposé cette peluche dans une friche minière d’Harnes, d’autant qu’il faisait encore assez sombre ; j’en ai été impressionnée au point que, même après avoir compris de quoi il retournait, j’ai eu du mal à l’approcher pour la prendre en photo. J’ai partagé mes émotions avec Valentina, qui était en plein festival dans l’Idaho. Sa réponse m’a fait me tortiller de rire mais ensuite j’ai presque eu envie que le tigre soit un vrai (j’ai bien dit presque) pour que ma meuf me voie comme une aventurière – c’est complètement puéril, je sais.

Et maintenant, parlons laie. Voici un extrait de mon recueil Extrasystoles (qui passe en comité de lecture dans quelques jours) :

et quand tu contournes
la cicatrice et que tu traverses
le sentier que je descends
et que
tu traverses le sentier
que je descends
que tu
traverses le sentier
quelques pas devant moi
le souffle
me fait défaut

C’est à cette image de la laie, boutoir bas, œil furieux, que je pensais quand j’ai choisi la planche dont mon amie AJ a tiré ce tatouage. Ici, reconstitution de la scène sur un terril de Fouquières.

(En vrai, comme disent les jeunes, la plus grande sauvagerie dont j’aie été témoin ce matin était celle de foulques macroules très en colère, qui se battaient becs et palmes à la surface de la Souchez.)