Hier, après un ultime aller-retour Lens-Lille à vélo (le troisième en une semaine, par un concours de circonstances) pour entretenir le très beau potager de mes amies, j’ai senti que les muscles de mes jambes brûlaient comme ma cheville la semaine dernière après une morsure d’araignée qui a nécessité de la cortisone (je laisse évidemment les charmantes tisseuses vivre dans ma maison à leur guise) alors c’est jour off aujourd’hui : course à pied, pas de vélo. Je me suis dit Dans ce cas, allons assister au lever du soleil sur le 94 ; il faisait 11°, j’en ronronnais là-haut dans la lumière d’avant le lever. En route, j’ai pensé au metaverse, dont Valentina m’a appris l’existence et le principe, cette semaine. Cette fois, ce n’est pas seulement moi qui vois la fin de la civilisation, ok ? Ce n’est pas un jugement mais une simple observation quand je dis que la civilisation fait une transition vers sa dématérialisation – on ne saurait me taxer de passéisme puisque je ne cesse de professer la répugnance que m’inspire ladite civilisation (quoique la nouvelle ère qui s’ébauche me semble en être l’hyperbole en super moche + anesthésie générale), non, je suis très bien dans mon époque, heureuse d’être née en 1974, d’avoir connu le monde avant et après Internet, le troc des cerveaux contre des téléphones et la masturbation publique sur les réseaux sociaux, je suis ravie de vivre à une époque où l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie ni pénalisée, où le véganisme est une option, ce genre de choses. Depuis quelques années, je n’ai plus tellement de regrets à l’idée que je vais devoir mourir un jour (enfin, on a tout le temps : encore une quarantaine d’années, merci) parce que je sais déjà que le monde où je ne voudrais pas manquer quelque chose ne survivra pas très longtemps à ma génération de toute façon, et qu’assister à son enlisement dans la bêtise, la laideur et la technologie jusqu’à disparition me déprimerait. Mais si l’humanité se replie dans son metaverse, peut-être que les autres espèces auront enfin la paix. Alors vas-y, l’humanité, deviens tous tes avatars et amuse-toi bien. Les autres animaux et moi, on reste perchés ici. Bisous


