Dans les champs, il y a des bosquets peuplés d’animaux sauvages. Ce sont de petits petits échantillons de la vie dans les bois et l’on y trouve donc aussi, hélas, des traces de chasseurs (qu’ils crèvent, furoncles), leurs petits abris pour pouvoir tirer sans être vus (la moindre de leurs lâchetés – depuis samedi, je les vois qui viennent lâcher des faisans et perdrix d’élevage dans les champs, des oiseaux qui ont mangé dans leur main et qu’ils pourront donc abattre sans qu’ils aient tenté de fuir cet être fourbe et répugnant qu’est homo sapiens en gilet orange), leurs chaises en plastique, leurs canettes de pils brisées sur les sentiers. En longeant l’un de ces bosquets à l’aube, j’ai frémi et je me suis rappelé que le vrai danger, sur cette planète, ce sont les êtres humains. Un sanglier peut charger un être humain parce qu’il se sent en danger ; un être humain peut torturer un être vivant pour son plaisir. J’ai donc pédalé aussi vite que possible auprès des traces de ces festivités glaçantes et, une fois parvenue à une distance réconfortante, je me suis arrêtée pour contempler le paysage ; c’est à ce moment qu’un renard l’a traversé à une vitesse folle et que, simultanément, un trio d’oies sauvages en V m’a survolée avec ce son si spécifique et que j’adore, on peut entendre leur souffle et l’air siffler entre les plumes de leurs ailes. J’ai remercié ces non-humains, comme on dit, pour leur soutien si gracieux. Le soleil s’est levé ici.

A Wingles, les panneaux des promoteurs ont tenu leurs promesses des derniers mois et les champs ont perdu du terrain. Bientôt, piscines en plastique et trampolines feront des confettis sur les vues satellite de ce qui s’appellera pompeusement la Cité des Arts. Ci-dessous, la rue Camille Claudel – quel honneur, ça lui ferait bien plaisir.

Bientôt, on pourra prendre ici des photos très amusantes, comme celle-ci, prise à Loos-en-Gohelle :

Passé Bénifontaine, passé Hulluch, toujours plus à l’ouest, être au milieu des champs est devenu plus apaisant : comme être sur une plage de la Manche, immense, presque infinie.

Encore une fois, à la croisée des chemins, j’ai choisi de poursuivre vers l’ouest.


Sur l’un de ces chemins, « The Lone Tree, 1915 Battle of Loos » ; non pas l’arbre qui a survécu aux obus, dit-on, puisque les soldats l’ont abattu pour en emporter des morceaux en souvenir, mais celui que l’on a planté en mémoire des soldats tombés dans la bataille.

Le toupet du terril 58 en forme de sous-marin – l’un de mes préférés – vu depuis une belle cité minière de Mazingarbe.

Sur ce chemin vallonné qui dessine la frontière entre Mazingarbe et Loos-en-Gohelle, soudain l’horizon se fait elliptique.

Le 11/19, pas encore tout à fait sorti de la brume, vu depuis les champs en contrebas.

Tandis qu’à l’ouest du même champ (également vallonné, on le devine), le château d’eau de Liévin est dans le choux.
