Moulin et phare de Brooklyn

J’ai constaté, dès mon arrivée, l’absence de tout chalet du Nord à Brooklyn et vous vous souviendrez peut-être que j’en ai conçu un désarroi certain ; ce matin, à deux jours de mon départ, me voici rassurée : l’on y trouve tout de même un moulin + un phare (apparentés aux chalets dans mon étude sur le Kitsch & lutte des classes). En fait, je pourrais vivre ici sans frustration majeure.

Lined with noodles

Pour démontrer à certains tricheurs que Google Translate n’est pas une aide aux devoirs, je vais utiliser quelques expressions pas piquées des taons. Aujourd’hui, j’ai eu le cul bordé de nouilles : Allison, dont vous savez qu’elle m’a d’emblée tapé dans l’œil, ne m’a pas posé de lapin ce midi – je pensais quelle aurait d’autres chats à fouetter, mais non, elle a bien ramené sa fraise à Utica Ave. Chez moi, c’était le pied total, entre les moustaches et les discussions passant du coq à l’âne, car nous avons toutes deux la langue bien pendue. J’espère qu’elle ne s’est pas fait passer un savon pour son retard à la répétition de ce soir.

In other words :

To demonstrate to some cheaters that Google Translate is not a homework help, I will use some expressions not stung horseflies. Today, I had the ass lined with noodles: Allison, whom you know immediately struck me in the eye, did not bunny me this afternoon – I thought she would have other cats to whip, but no, she did bring her strawberry back to Utica Ave. At home, it was the total foot, between whiskers and discussions from cock to the donkey, because we both have the tongue hung. I hope she did not pass a soap for her delay at the rehearsal tonight.

Dean Street

Dean Street est une rue de huit kilomètres située juste sous l’espèce de frontière que représente (à mes eux) Atlantic Avenue (j’habite au-dessus). Allison a vécu là, dans une maison qui n’existe plus ; elle en a été chassée par des promoteurs et tout une portion de la rue a été rasée pour que l’affreux Barclays Center puisse se vautrer dans le quartier. Je m’aperçois soudain que je n’ai jamais précisé, en parlant des rues que j’aime, si elles allaient de l’ouest à l’est ou du nord au sud, alors que c’est un élément déterminant dans la perception que l’on a des rues ici. Comme Union St, Myrtle Ave (que j’ai déjà évoquée) ou encore ma propre avenue, Dean St va d’ouest en est ; à l’inverse, Utica Ave et mon cher Malcolm X Bd vont du nord au sud.

Des ouvriers ont fait une courte pause pour me regarder prendre cette photo, sans aucun commentaire, sans être intrusifs ; c’était un instant amusant.

Un peu plus haut que l’ancienne adresse d’Allison, un pan de la rue a été arraché comme une dent ; je me demande ce qui se prépare ici. Voici la vue par-dessus les palissades.

Une partie de la rue est occupée par des espèces de petites usines et des hangars. Sur les portes de l’un d’entre eux, ces fresques qui me semblent très inspirées d’Henry Darger, bien que les enfants soient vêtus et que les couleurs ne soient pas du tout celles de Darger (à tout le moins, ça manque de jaune.)

La plupart des écoles de Brooklyn sont décorées de fresques ; celle-ci est particulièrement cosmique – j’adore notamment sa vision des soucoupe volantes, c’est donc le fragment que je choisis de vous montrer.

Le fil barbelé n’est pas exactement comme le nôtre, aux États-Unis ; il semble très efficace.

Union Street

Quand je cours, il arrive maintenant que je suive une rue du début à la fin pour mieux apprécier ses contrastes ; à mes débuts brooklyniens, je slalomais pour changer de décor au gré des perpendiculaires, et parfois je retombais sur une rue que je croyais connaître mais que je découvrais autrement, un peu perplexe – par exemple, Myrtle Avenue n’est pas la même rue à Clinton Hill et à Bushwick (je ne l’ai jamais suivie jusqu’à Richmond Hill, tout au bout de ses treize kilomètres), ce sont des univers différents, alternativement bourgeois et plutôt crado, au sein d’une même entité. Union Street, dont je vous livre ici quelques images, n’est longue que de trois kilomètres mais c’est l’une des rues qui m’ont réservé les surprises les plus agréables, de Prospect Park au chantier naval.

Turtle dream

Ce matin, en courant, j’ai trouvé le cadeau idéal pour Meredith. Elle a une collection de tortues (+ une vraie, Neutron) et celle-ci aurait fait une belle table basse dans son loft, mais je n’ai pas réussi à la soulever, d’ailleurs j’avais déjà un lot de six moustaches dans une poche et des mouchoirs en boule dans l’autre. Zut alors.

L’art à Brooklyn (2)

Votez pour votre œuvre préférée parmi les trois sélectionnées ci-dessous par mes soins. Lomme, Mons-en-Baroeul et Loos réunis luttent difficilement contre Brooklyn – I coeur Brooklyn, au cas où ça ne se sentirait pas. Son kitsch, sa lutte des classes, ses musiques et ses parfums entremêlés. Mais assez pleurniché, voici de l’art…

Presque religieux :

Digne des grands musées :

Paysager :

Eh eh

Dans six jours, je serai de retour en France et dans le réel. Plus personne ne me dira, dans son dernier mail du soir, Bonne nuit Ptchulli. Ou peut-être que si, après tout, pourquoi ne pas avoir confiance ? Ce n’est peut-être pas comme quand on pleurait en quittant le camping, enfant, les poches pleines d’adresses auxquelles on n’écrirait jamais. Je le saurai bientôt. Ici, les Kleenex ne se vendent pas en paquets mais seulement en boîte, c’est pratique pour l’avion. Je suis trop émotive pour ce pays et sans doute pour cette planète, mais nous sommes plusieurs, c’est déjà bien. Au passage, je me suis rendu compte que Bed Stuy, c’est chez moi, maintenant. Eh eh ? Eh eh !

Umbrella umbrella umbrella

Depuis deux jours, c’est la tempête à New York. Un arbre a été déraciné dans ma rue et, ce matin, en courant, j’ai vu des dizaines de parapluies démantibulés rouler dans les caniveaux. Le mien a été déchiqueté, lui aussi, hier après-midi, mais je ne l’ai pas laissé dans la rue : je me suis dit qu’il pourrait encore servir, avec ce sens de l’écologie qui ne me quitte jamais. Ce matin, l’East River était très agitée, c’était beau.