Coney Island

Ce matin, j’ai couru jusqu’à Coney Island. J’ai longé Utica Avenue trop longtemps, oubliant de tourner sur Kings Highway ; ce n’est pas qu’Utica soit passionnante, c’est essentiellement une succession de parkings géants avec des fanions et des tas de voitures d’occasion à vendre comme dans les films – le héros paye une ruine cash sans l’essayer, alors même que, devant l’écran, vous savez déjà qu’elle tombera en panne dix minutes plus tard. Quand j’ai croisé Flatbush Avenue, je lui ai demandé, Qu’est-ce que tu fais là, toi ? Il m’a fallu du temps pour retrouver ma direction. Et soudain, le panneau était là.

Coney Island, ce n’est pas Deauville ; ce n’est pas Brighton, bien que les premières photos ci-dessous aient été prises à Brighton Beach, à l’est de Coney Island Beach. On retrouve sur l’esplanade les mêmes constructions que partout en ville, avec les escaliers de secours.

Même le célébrissime parc d’attractions n’est pas composé d’un bloc mais divisé par des rues – Brooklyn : damiers jusqu’au bout.

Derrière les attractions, qu’y a-t-il ? Des dizaines d’hectares de logements sociaux. C’est bien plus spectaculaire que les manèges.

Et puis il y a l’Atlantique, et c’était agréable d’y plonger les mains ; l’eau ne m’a pas semblé froide, pourtant personne ne se baignait – il n’y avait, globalement, presque personne à Coney Island ce matin, et c’est comme ça que je rêvais de la découvrir.

Bushwick

J’ai décidé de traquer les ersatz de Berlin Est à Brooklyn et j’ai trouvé, vers Bushwick, deux ou trois blocs qui pourraient bien faire l’affaire.

(Voisin de ce Giant Bird, le faux dentiste de mon dernier Grand Jeu Concours en date.)

(Mon amie Claire me disait la semaine dernière qu’une enquête classait Roberta’s en deuxième position des meilleures pizzérias du monde ; où l’on suppose donc que, dedans, c’est propre.)

Choosing Companions

Aujourd’hui, chez Meredith, répétition avec Allison, Katie et Theo Bleckmann, toujours en vue du gala de jeudi – je mettrai ma plus belle robe et mes chaussures de ville, au mépris des ampoules.

Theo Bleckmann, en plus d’être un garçon charmant et drôle, est l’un des fidèles collaborateurs de Meredith dont la carrière solo a le plus de retentissement. Vous pouvez l’écouter ci-dessous dans un registre différent. Généralement, il penche plutôt vers le jazz. Son dernier disque est chez ECM, oh la la !

Theo Bleckmann : None of the above

Om

Cet après-midi, Meredith Monk participait à une conférence sur le thème « Sound & Healing » au Rubin Museum avec le monsieur en photo ci-dessous (toutes mes photos sont inutilisables, la barbe du docteur absorbant la lumière avec la même force irrépressible que celle de Karl Marx). Elle dit qu’il était très gentil. C’est déjà bien. Le gars vend de la médecine douce à ses patients de Park Avenue et invite à l’insurrection contre les lobbies pharmaceutiques. Des vieilles dames en sarouel orange applaudissaient en renversant la tête de bonheur New Age – je précise que Meredith Monk exècre le New Age autant que moi, toute bouddhiste qu’elle soit.

Brownsville

J’ai écumé de nombreux quartiers de Brooklyn en courant : Williamsburg, Ridgewood, Bushwick, Dumbo, Brooklyn Heights, Bedford Stuyvesant, Park Slope, Crown Heights, Prospect Lefferts Garden, East Flatbush et j’en oublie sans doute. Ce matin, je me demandais où emmener mes baskets et je me suis dit que je n’avais jamais rien lu ni entendu à propos de Brownsville, comme si ça n’existait pas vraiment. Forcément, j’ai eu envie d’aller le vérifier. Eh bien, je pense que si je n’avais jamais entendu parler de ce quartier, c’est parce qu’il est véritablement oublié de tous. Sale et délabré, avec des montagnes de détritus et des labyrinthes de logements sociaux. Je n’ai pas pris beaucoup de photos parce que les gens qui vivent là n’avaient pas l’air d’apprécier.

Sur la carte ci-dessous, l’on voit combien le dessin de ce quartier diffère des autres, avec des chemins reliant les diverses barres et tours plutôt que les habituels damiers eux-mêmes quasiment disposés en fractales.

Williamsburg Bridge

Moins populaire que le Brooklyn Bridge, le Williamsburg Bridge est aussi moins fréquenté, plus sale, plus brut ; il me plaît. J’ai d’abord aimé l’emprunter en métro, comme sur cette première photo, puis à pied, samedi après-midi. Il offre une vue imparable sur les toits couverts de terrasses ou de fresques, ainsi que sur les usines désaffectées dans lesquelles certains d’entre nous savent humer le Berlin Est.

Encore des biscuits

Ce soir, Jo, Allison, Meredith, Ellen et Katie (dans cet ordre sur la photo ci-dessous) ont répété deux nouveaux morceaux, tirés du travail en cours Cellular Songs, qu’elles interpréteront jeudi soir à la remise du Gish Prize. Ce sont des individus formidables à tous égards que j’ai la chance d’approcher là. Je leur suis extrêmement reconnaissante de leur accueil et de leur soutien.