Mal assis, là – du confort municipal

De la convivialité

ou comment se faire des amis quand on est seul

causeuse contemporaine

De la maintenance

Des joyeux pique-niques

Des bancs avec vue

usines

poste électrique

périphérique

vue sur poubelles

Du confort

entre deux poubelles

mur anti-bruit

assis-debout

invendus de marbrerie

De la sobriété

Maubeuge

Face au succès inattendu de ma série sur Charleroi, je vous propose un reportage entièrement dédié à la ville de Maubeuge ; et, de même que j’avais abordé la banlieue limitrophe de Charleroi en vous menant à Montignies-sur-Sambre, je vous présenterai Rousies, qui se trouve également sur la Sambre, côté français.

Cette photo a été prise à Rousies, près d’un ancien passage à niveau, sur une voie ferrée à l’abandon – on lit ici qu’elle relie Maubeuge à Fourmies mais tous mes indics suggèrent qu’ils s’agit en vérité d’une ligne Maubeuge-Bavay : qui croire ? Je ne l’ai pas suivie jusqu’à son terme afin de le vérifier par moi-même, pour cause de végétation insécable.

Une voie ferrée

Les grands explorateurs ne sont pas toujours aidés par leurs amis. Les nôtres ont suggéré à plusieurs reprises que des tiques avaient pu s’inviter sous nos épidermes cependant que nous progressions avec difficulté dans la végétation très dense, sur la voie ferrée à l’abandon qui relie Maubeuge à Bavay – ou à Fourmies, je ne reviendrai pas sur ce débat : les Indes, les Amériques, peu importe, ce n’est pas le but qui compte mais le chemin, ce chemin même où les tiques guettent les mollets nus d’exploratrices intrépides. Je comprends aujourd’hui que ma volonté de n’avoir en aucun domaine de la vie l’équipement technique requis ne fonctionne pas dans le contexte des voies ferrées à l’abandon.

l’ART

Une brève histoire des genres à Rousies

C’est un art particulièrement raffiné qui nous renseigne sur les mœurs des jeunes roséens modernes. Ils nous évoquent fortement l’antiquité dans la métropole lilloise, comme en témoignent les images ci-dessous, que vous pouvez comparer avec celles-ci.

L’art déco

Nous avons eu la délicatesse de ne pas forcer les portes de la fameuse salle Sthrau mais ce qui suit me semble déjà très réjouissant.

(Bâtiment situé derrière l’église du Sacré-Cœur, route de Mons.)

(Ancien hôtel Le Provence, à l’angle de la rue Henri Durre et de la rue des Clouteries.)

(Salle des fêtes, place Julien Bernard, Rousies ; l’extension bien d’aujourd’hui ne gâche pas ce bâtiment de 1935.

Des usines

En longeant la Sambre vers Assevent, l’on découvre de très belles usines, notamment le verrier AGC Glass à Boussois, avec sa cheminée rouge et blanche et son bilboquet blanc (un château d’eau ?)

Des moulins

Le moulin a une place de choix dans les rues de Maubeuge. Comme dans celles de la métropole lilloise, certes, mais à Maubeuge, les moulins ne sont pas juste affaire de Rideaux et Voilages, comme ci-dessous…

… ni seulement de boulangeries, comme vous le voyez ici…

… mais peuvent prendre des dimensions très honorables…

… voire impressionnantes

La faune

Je dois admettre que je suis satisfaite de cette photo, une photo en couleurs qui pourrait passer pour du noir et blanc. Parfois la lumière nous offre des cadeaux que l’on ne découvre qu’après coup, une fois l’image transférée sur l’ordinateur.

Nous avons rencontré cette chèvre roséenne terriblement affectueuse entre deux tronçons de voie ferrée à l’abandon ; il faut emprunter un petit chemin en pente et, juste avant de s’engouffrer dans le tunnel sous l’autoroute et de traverser les voies encore en activité pour atteindre les champs, l’on caresse un moment cette biquette, qui secoue les oreilles de plaisir. On est presque triste, ensuite, de l’abandonner à sa pâture – même si l’on se rassure qu’elle soit entourée d’amies poules.

La faune, dans le Val de Sambre, n’est pas très différente de celle que l’on observe dans la métropole lilloise. Il y a de l’aigle et du lion.

Quelle ne fut pas ma surprise quand, sur la Sambre, devant les Provinces Françaises de Maubeuge, je découvris un club de lecture aviaire qui venait de mettre mon recueil Je respire discrètement par le nez à l’ordre du jour. Il y est beaucoup question de canards, hérons et poules d’eau, ce que les membres du club ont beaucoup apprécié. Je me réjouis qu’ils y aient puisé des idées pour instiller un peu de fantaisie dans leur vie.

Il me semble évident que les trois canards ci-dessus ont découvert les joies du surf grâce à cette page de mon recueil :

Un peu de géométrie

(Petit aperçu du quartier Provinces Françaises.)

(L’hôtel de ville – la façade a été dessinée par Vasarely. Ci-dessous, un détail.)

(Typique pavillon de Rousies, bien entretenu, sans rien qui dépasse – si l’on exclut, de loin en loin, un ange de pilier ou un lion de jardin.)

Upper rooms & kitchens

Dès l’entrée de Maubeuge, rue de Mons, je pousse un cri : quelle chance, une église comme je les aime se dresse en retrait de la route, un peu à la manière d’un mini centre commercial. C’est l’église du Sacré-Cœur. J’admire d’abord les gargouilles en béton de son clocher, le bâtiment en tôle, pierre et bois, les sculptures en métal très funky représentant le Christ (qui n’est pas mort, nous apprend-on) en croix. À l’intérieur, le chemin de croix est également de style très moderne et le Christ toujours aussi funky. Je comprends très vite que je vais aimer cette ville qui, pour avoir été en grande partie détruite pendant la guerre, a une architecture moderne tout à fait à mon goût.

Plus célèbre que l’église du Sacré-Coeur, Saint-Pierre Saint-Paul a ses propres charmes, notamment son clocher vitré, ses mosaïques effrayantes, post-apocalyptiques pour certaines, et cette statue présentant une croix inversée. Les architectes de cette église sont André Lurçat et Henri Lafitte, les mosaïques sont de Jean Lurçat, frère d’André. Notons la présence systématique, devant ou dans les églises de Maubeuge, de sainte Aldegonde, sa sainte patronne.

Et pour finir, un calvaire de Rousies où Jésus fait vraiment mal au cœur.

Une brève histoire des genres et de la sexualité dans la métropole lilloise

Vous l’aurez constaté, les genres ont leurs prérogatives bien ancrées dans notre société contemporaine et la sexualité dominante est assurément hétérosexuelle – vous pouvez le vérifier, si vous avez encore des doutes, en passant en revue les zéphyrs embrasés que je vous livre ici : les tendres étreintes et baisers qu’ils nous donnent à voir sont a priori toujours partagés par des individus de sexe opposé (cette assertion est certes moins facile à vérifier quand les zéphyrs embrasent des oiseaux, comme c’est souvent le cas, des anges, par essence asexués, ou encore des pandas).

(Rue du Calvaire, Montignies-sur-Sambre.)

Une rare exception date visiblement de l’ère communiste, dont nous verrons qu’elle encourageait les relations entre jeunes gens du même sexe, du moins dans la métropole lilloise – sans doute pour contrôler quelque peu les naissances (c’était avant la PMA), afin que les camarades fussent moins nombreux à être tous égaux : sur le plan logistique, cela facilitait sans doute les choses.

Ce que je vous propose n’est pas un état des lieux mais un petit imprécis d’histoire.

La préhistoire

L’art rupestre, très présent dans la banlieue sud de Lille, nous enseigne que, chez les êtres préhistoriques, les genres n’étaient pas encore aussi définis qu’aujourd’hui. Un regard contemporain tendrait à voir une forme de confusion dans la représentation pourtant très détaillée qu’ils en ont laissé sur les murs de leurs cavernes.

Par ailleurs, il apparaît que nos ancêtres étaient majoritairement homosexuels et que le sexe féminin y régnait en maître. L’usage de l’appareil génital masculin à des fins sexuelles semblait réservé à de toutes petites maisons closes appelées latrines et semblables à celle que dépeint l’image « rose » ci-dessus ; sans doute cette peinture rupestre constituait-elle une sorte de plan destiné aux amateurs des pratiques incluant ledit appendice. La majorité des images qui aient subsisté jusqu’à notre époque nous renseignent sur les rites sexuels les plus répandus à l’Âge de pierre. Ci-dessous, une petite sélection.

(Les photos de ce premier chapitre ont été prises à Lille Sud, Ronchin et Loos.)

L’antiquité

Des fouilles effectuées au Jardin des Plantes, à Lille, laissent supposer que, pendant l’antiquité, les jeunes filles sautaient à la corde cependant que les jeunes garçons jouaient au football. Aucune des statuettes et amphores révélées par les fouilles ne semble indiquer une mixité possible, de sorte qu’il est permis d’affirmer (non sans prudence) que les mœurs observées dans la métropole lilloise préhistorique avaient encore cours pendant l’antiquité.

Notons qu’à la grande époque coloniale de la métropole lilloise, le football était toujours l’apanage des seuls garçons. Aucun document ne permet à ce jour d’affirmer que la corde à sauter emportait encore, à la même époque, l’adhésion des jeunes filles (à supposer qu’elles aient jamais embrassé cette discipline par choix).

(Photos de ce chapitre prises à Lille Moulins et à Lille Sud, quartiers contigus.)

L’ère communiste

L’amour entre personnes du même sexe semble avoir été la norme prônée par l’État jusqu’à une époque récente, comme en témoignent ces volumineux (et hauts) bas-reliefs qui ornaient les écoles ronchinoises à l’ère communiste.

Madame, ou Les arts ménagers à travers les âges

Dans cette nouvelle rubrique, c’est rien moins qu’une brève histoire de la femme que nous retraçons, du vingtième siècle à demain.

Les années 1920

La maison se targue, sur son enseigne, d’avoir été fondée en 1897, mais il semblerait qu’elle ait plutôt vu le jour dans les années 1920, comme en témoigne la coupe de Madame Edmé. Les flappers (ou garçonnes) n’existaient tout simplement pas au XIXè siècle. On ne nous la fait pas.

(Lambersart.)

1925

L’école ménagère recevait les femmes et filles de cheminots qui habitaient à Lomme Délivrance, quartier-village dont la construction a débuté en 1921. Afin de faire des filles de la cité de « futures bonnes ménagères qui sauront gérer leur ménage avec économie et en même temps créer un intérieur agréable qui retiendra le mari à la maison »*, la compagnie aménage dans une maison de quatre pièces une école ménagère : on y apprend « à acheter et à conserver les aliments, à préparer une nourriture à la fois saine et économique ; à aménager, à décorer son intérieur, à couper et entretenir les vêtements, à réparer le linge et aussi (…) à élever les enfants »**

(Place Beaulieu, Lomme.)

1968

Les jeunes filles avaient la possibilité d’aller à l’école, si elles enfilaient le jean autrefois réservé aux garçons, mais cela leur était visiblement douloureux – on le vérifie ci-dessous dans les larmes de cette fillette se rendant à l’école Saint Joseph, à Haubourdin : sans doute son âme se révoltait-elle contre cette violence faite à sa nature ménagère.

Aujourd’hui

Peut-être reconnaîtrez-vous l’agence lilloise d’une chaîne dont je tairai le nom et qui propose « Ménage / Repassage / Grand nettoyage / Grandes occasions / Garde d’enfants ».

Il y a aussi une dame moderne, qui a les cheveux courts et porte le pantalon sous son tablier ; elle tient un chiffon et un pulvérisateur de produit à récurer dans ses gants en caoutchouc. Vous pouvez apercevoir sa silhouette dans la vitrine de l’autre côté de l’angle.

Mais le XXIème siècle offe aussi la possibilité à une femme de s’illustrer dans son travail, car quel plus grand accomplissement attendre de la vie qu’un statut social flamboyant et un tailleur qui coûte cher (sinon de se reproduire, évidemment) ?

Demain

Une fillette a troqué sa gazinière contre une 8,6. Souhaitons-lui une bonne continuation.

(Lille.)

* Maurice Boisseau, Les Œuvres d’amélioration sociale dans la Compagnie des chemins de fer du Nord (thèse), Imprimerie librairie militaire universelle L. Fournier, 1924.
** Compte-rendu du conseil d’administration de la cité de Lille-La Délivrance sur les écoles ménagères, 1925.

Monsieur, ou Le culte du corps à travers les âges

Dans cette nouvelle rubrique, c’est rien moins qu’une brève histoire de l’homme que nous retraçons, de l’antiquité à nos jours.

L’antiquité

Monsieur n’était pas que footballeur, il pouvait également être discobole, ce que les fouilles effectuées au Jardin des Plantes ne révélaient pas. Il pratiquait ce sport sans short – notez que cette statue nous apprend beaucoup quant à l’évolution de l’anatomie virile.

 

L’époque médiévale

Monsieur, outre qu’il ouvrait la voie aux hipsters, portait la robe avec beaucoup de grâce.

 

Années 1920

Théorie la plus répandue à propos de ce buste : Monsieur était contemplatif. Vêtu d’un simple boléro qui dévoilait son torse nu et bronzé, il observait avec courage l’activité de ce monde indifférent à ses souffrances morales, à savoir les mouvements de la vie sur la place Alexandre Dumas – le vent dans les arbres, les ombrelles fleurissant le terrain de pétanque, les zéphyrs embrasant des tourterelles sur un fil électrique, etc. Théorie la plus polémique : Monsieur était une commère.

Années 1950

Monsieur était coquet. Nous pensons qu’il entretenait déjà son corps comme nous avons la preuve qu’il le faisait dans les années 1980 (voir plus bas) et qu’il tenait à ce que ses vêtements épousent au plus près son torse puissant, à des fins esthétiques.

1978

Deux théories s’opposent autour de cette image trouvée sur un site de fouilles à proximité de la gare Lille Europe : Monsieur (que l’on reconnaît à sa mâchoire de qualité américaine) construisait-il la ligne 1 du métro lillois ou était-il un amateur de la chanson YMCA, incontournable de la culture gay ? Il est permis de se poser la question car le tube de Village People et l’inauguration des Grands Travaux qui aboutiraient au réseau métropolitain que nous connaissons aujourd’hui (pas moins de deux lignes) datent de la même année.

Si vos préjugés vous amènent à penser backrooms, saunas, etc., permettez-moi de vous rappeler que dans le milieu gay aussi, on est capable de nouer des

Années 1980

Les archives photographiques d’une grande agence de coaching sportif sise à proximité du cimetière de l’Est, à Lille, restent difficiles à interpréter. Certains spécialistes pensent que ce harnachement suggère des pratiques érotiques extrêmes. Nous ne pouvons toutefois l’affirmer avec certitude. La thèse la plus plausible nous paraît être que monsieur n’entreprend rien, dans les années quatre-vingt non plus qu’à aucune autre période de l’histoire, sans un équipement ad hoc, avec un goût prononcé pour les matières techniques de type latex ou microfibres mais aussi pour les couleurs fluorescentes et les jeux électroniques.

XXIème siècle

La mode masculine est assurément aux fessiers étroits, comme en témoigne ce leader de la contestation lilloise célèbre pour sa signature en forme de rébus.

Ce billet consacré à la très sérieuse (quoique petite) histoire des genres et de la sexualité dans la métropole lilloise touchera bientôt à sa fin. Cette semaine, dans la métropole lilloise, j’ai couru en quête d’images pour alimenter mon sujet, c’était amusant. Je m’amuse bien, parfois, ici.

In the upper room

Photos prises à Lille et La Madeleine. Grand Jeu Concours : trouvez avant tous vos camarades dans quelle rue exacte se trouve l’une ou l’autre de ces statues et gagnez une moustache postiche. Moi, j’ai fini mon travail.

 

 

Charleroi

Quand un magazine hollandais a désigné Charleroi comme la ville la plus laide du monde, j’ai senti qu’elle pouvait me plaire. J’y ai trouvé des échos des paysages miniers qui ont baigné mon adolescence, mais aussi des paysages post-industriels qui accueillent mes courses à pied et, en super bonus, quelques atmosphères berlinoises. Un après-midi ne m’a pas permis d’embrasser tant de splendeur : il faudra y retourner.

Cette photo a été prise dans une station souterraine sur la ligne de métro à l’abandon qui relie Montignies-sur-Sambre à Charleroi.

Le métro fantôme

Pour accéder à la ligne du métro qui relie Montignies-sur-Sambre à Charleroi, à l’abandon depuis des décennies, l’on descend sur les rails ici même, en contrebas d’une passerelle mal en point. L’on saute sur un matelas posé en travers des voies et, plus tard, l’on remontera plus ou moins à la force des bras, avec une plaque de béton en guise de marche-pied.

D’un côté, la végétation rend la progression difficile (mais pas impossible). Des roseaux poussent dans la broussaille et l’on entend par endroit des écoulements d’eau qui semblent expliquer ce phénomène étonnant.

De l’autre côté, l’on atteint rapidement une station souterraine, dans laquelle il serait dangereux de s’aventurer sans lampe de poche (toutes les bouches d’égout sont béantes). En l’absence d’un matériel photo adéquat, l’on obtient des images assez effrayantes (proches de ce que l’on peut ressentir sur place, dans le seul bruit de l’écoulement d’eau et l’obscurité totale – c’est de cette station que provient le tag « Welcome to hell » ci-dessus).

Après le tunnel, l’on arrive à découvert, en contrebas de la rue puis dans une espèce de couloir végétal formé par les haies des jardins qui nous surplombent, et l’on marche, dans les aboiements des chiens (bien plus effrayants que tout le reste), jusqu’à une station gorgée d’une lumière qui rend également difficile la prise de photos, du moins en un jour de grand soleil.

Je poursuis, toujours à découvert, dans une tranchée clôturée de part et d’autre par un grillage.

Puis je marche sur le ballast du métro aérien.

La station à laquelle je parviens me rappelle, sans doute en raison de la chaleur et du profond silence, celles du métro berlinois à l’approche de Wannsee.

Ici, je suis repérée par des habitants des maisons en contrebas, qui me montrent du doigt. Alors je me rappelle les mises en garde d’un graffeur rencontré juste avant le grand saut et je déguerpis.

Je ne suis pas très sensible aux fresques urbaines mais quelques-unes ici m’ont vraiment plu. Je me contenterai d’une photo de détail, en couleur parce que ça lui va bien.

Mon truc, c’est plutôt les objets trouvés. Ils ne manquent pas, sur les voies du métro (certains tronçons de la ligne sont de véritables décharges) mais diverses natures mortes ont particulièrement attiré mon attention. En voici deux.

L’art

Charleroi tâche de se reconstruire après avoir connu la misère, culturelle autant qu’économique. L’on y trouve aujourd’hui un Palais des Beaux Arts moderne et actif, un musée de la photographie très prisé, Charleroi Danses (Centre chorégraphique de la Fédération Wallonie-Bruxelles), etc. Autrement dit, Charleroi aime l’art ; vous et moi aussi, ça tombe bien. Suivez-moi pour une modeste visite guidée en sept images.

D’abord, exceptionnellement, un peu d’art officiel avec un détail de la Passation de l’artiste belge Martin Guyaux, qui s’élève très haut sur la place du Manège.

De l’art judiciaire aussi, dont vous apprécierez sans doute les nombreux détails – particulièrement le poulpe.

Et enfin, de l’art royal et historique avec ce portrait d’Albert 1er, le Roi des Belges, qui trôna entre deux Léopold.

On prend un rafraîchissement au Café du Monument, établissement chaleureux où tout le monde se connaît, se fait un bisou (unique) pour se dire bonjour et s’appelle par des petits noms tels que l’Affreux et on admire, à contrejour, le monument qui donne son nom au café.

La ville de Montignies-sur-Sambre, dans la banlieue de Charleroi, voue un intérêt véritable et poignant à l’art de jardins et façades, celui-là même que j’aime d’amour tendre.

L’on y trouve aussi le genre de coquines qui grouillent dans les jardins et fenêtres des Hauts-de-France.

Mais l’on y savoure surtout l’humour belge.

Je n’ai pas osé photographier certains temples du bon goût, dans lesquels des dizaines d’oiseaux s’embrassaient et s’embrasaient sous le regard ému de biches en stuc : ça sentait le gros chien et le gros plomb de carabine, je me trouvais dans un chemin étroit qui évoquait certains films d’horreur et j’avais peur de mettre ma vie en danger.

Des usines

Ce n’est pas ce qui manque, les usines, à Charleroi. Certaines sont encore en activité, comme celle dont l’image ci-dessous est un détail du type orteil de l’odalisque. La lumière ne permettait pas de prendre le site en photo sous tous les angles que j’aurais souhaités – je reviendrai un jour de grisaille ou de pluie.

Celle-ci, en revanche, a visiblement cessé de tourner depuis quelque temps, à en juger par son délabrement…

… et par la santé de la végétation qui l’assaille.

Le site est sous surveillance, cela explique sans doute qu’il ne soit pas couvert de tags – je n’en ai vu aucun ; ni aucun gardien ni aucun chien, et c’était préférable car l’on ne miserait pas sur la solidité des bâtiments ni de ses passerelles pour engager une course-poursuite.

Dessous, c’est de la dentelle qu’inonde la lumière du soir.

Dedans, des cuves et des cadrans incompréhensibles.

Autour, c’est particulièrement post-apocalyptique : un no-man’s land de ferraille et, tout au fond, un terril en combustion.

Mais carrément en feu, le terril, on ne parle pas de fumerolles, là – vous le voyez mieux ici, derrière ce château d’eau qui semble pointer des canons vers l’entrée de l’usine ?

Le château d’eau en question, quoique menaçant, fait figure de nabot auprès de l’immense cheminée en béton qui déjoue toute perspective dans mon objectif.

Mal assis, là

Mal assis à Charleroi.

Mal assis à Montignies-sur-Sambre.

Un peu de géométrie

Clinique en démolition, centre de Charleroi.

Hôtel de police. Il a vraiment cette forme (ce n’est pas une illusion de perspective), droite d’un côté, pseudo conique de l’autre.

Un morceau de l’usine en activité que j’évoquais plus haut.

Encore une vue d’une station de métro désaffectée.

Ce que je suppose être le terminus de ladite ligne de métro, à Montignies-sur-Sambre.


Upper rooms, kitchens et buanderie

(Église Saint-Christophe.)

Dans une impasse de Montignies-sur-Sambre (du moins est-ce une impasse pour les voitures – le piéton aura de belles surprises dans les méandres de petits chemins comme je les aime), l’on tombe en pâmoison devant cette chapelle que côtoie un étendoir à linge en plastique.

L’on s’approche de la fenêtre et l’on découvre, à l’intérieur de la chapelle, un autre étendoir à linge, d’un autre modèle que celui de l’extérieur. Ici, La Sainte Vierge, son fils et tous leurs amis saints, danseurs et autres porte-flambeau nus mettent vraiment la main à la pâte dans la vie quotidienne de leurs fidèles.

Entre les deux villes, et entre deux tags très menaçants (car cela se passe dans une station de métro désaffectée), un montage biblique.

Si vous allez à Montignies-sur-Sambre, je vous conseille de déjeuner dans l’un des fast-foods du mini centre commercial, rue du Calvaire (près de l’hôpital Reine Fabiola). Installez-vous en terrasse et humez la langueur de l’après-midi naissant. L’atmosphère, le vide, la lenteur, tout cela m’a rappelé les États-Unis (le pays cajun, pour être exacte), comme beaucoup de choses en Belgique le font (à commencer par l’émission de blues que l’on peut écouter en filant vers la nuit sur l’autoroute déserte). Les clients du centre commercial marchent d’un pas traînant, le patron de Oh ! (le fast-food que j’ai choisi) débarrasse une tasse à la fois, celui du bar-tabac d’en face somnole sur une chaise en plastique et, tout au bout de la rue du Calvaire, la Vierge Marie s’adosse au mur après avoir fini sa canette.

Pas de morue pour le capitaine Cracker

La Voix du Nord parle ici du spectacle Pas de morue pour le capitaine Cracker, qui sera joué samedi au centre Arc-en-Ciel à Liévin. Il reste des places pour la générale, qui aura lieu à 15h, mais la représentation de 19h affiche déjà complet. Toutes informations utiles ci-dessous.

Livret écrit par les comédiens eux-mêmes, en atelier d’écriture, sous ma direction
Mise en scène : Emilie Guil et Muriel Cocquet (Compagnie La Lune qui gronde)
Direction musicale : Nathalie Bentkowski (professeur à l’école de musique de Liévin)
Chef de chœur : Marie-Astrid Stock (La Clé des chants)

Avec :
Satchié Martel, soprano
Chœur d’élèves de l’école primaire Condorcet et du collège Riaumont de Liévin
Comédiens de l’atelier théâtre du CCS Carpentier (parmi lesquels pas moins de trois Chiarello)
L’orchestre de l’école de musique de Liévin
Nathalie Bentkowski, piano

Marché de la poésie

Le marché de la poésie à Saint-Sulpice, c’est surtout l’occasion de retrouver des amis de tous territoires, Isabelle Bonat-Luciani, NatYoT, Eric Pessan, Jean-Marc Flahaut, Jean-Louis Massot et tous les autres, de pique-niquer au bord de la Seine, de faire le siège de la buvette jusqu’à ce qu’un M. Gaudin nous en déloge et que notre chère IBL lui laisse une carte postale :

On rentre un peu triste, comme quand on quitte le camping et que l’on échange des adresses postales (ça se passe dans les années quatre-vingt) avec ses camarades de piscine et de rivière. En l’occurrence, je suis rentrée avec de magnifiques cadeaux ; admirez au passage la carte de visite de NatYOt (j’adore).