Vous pouvez maintenant précommander ici le numéro 10 de la revue REVU. J’ai eu la chance d’y participer avec un texte sur les arrière-mondes – le thème est L’autre paysage. Merci à toute l’équipe de m’accueillir dans ses pages et particulièrement à Valérie Fortune pour l’invitation.
Demain, Valentina et moi nous rendons au Transmissions Festival. Pour rejoindre mon amoureuse à Rome, je vais prendre deux trains, un avion et encore un train ; puis, ensemble, nous prendrons trois autres trains jusqu’à Ravenne. Soit un peu plus que mes quatre trains et un taxi d’hier pour rentrer de Regnéville avec un crochet par la Maison de la Radio et un direct sur France Culture avec Wendy.
J’aurai un peu le tournis après tout ça et sans doute envie de courir pour évacuer les toxines du voyage. Ensuite, je commencerai à avoir un sérieux trac de jouer dans un festival où je serai strictement la seule à ne pas être une superstar de la scène expérimentale et la seule à ne pas avoir l’habitude des grandes jauges – si un public de 650 personnes n’est rien pour ces formidables performeur.se.s, pour moi c’est proprement vertigineux (et dire que je vais lire en anglais…)
En attendant, notre amie Laila Sakini a inclus dans sa dernière émission sur Noods Radio les deux courts morceaux de notre 45 tours Permanent Draft. On peut voir la playlist entière et, mieux, l’écouter, ici. Merci Laila <3
C’était nous, cette fois, Florentine, Aude, nos trois invitées du week-end et moi.
(de gauche à droite, auprès de moi, Florentine Rey, Amélie Deschamsps, Sophie Quénon, Aude Rabillon et Coline Pierré)
Sur la photo ci-dessus, on voit nos invitées, Sophie, Coline et Amélie, faire leurs devoirs sur les thèmes « la texture peut-elle être une forme à part entière ? », « tu appelles souvent maman ? » et « quelle place pour les surgissements ? », questions qu’elles ont choisies dans le questionnaire vertébral (plus tard, ce sera une carte – on voit un aperçu du brouillon dans mon billet d’hier), qui en comporte près de 200. Elles synthétisaient là, chacune à sa manière, des discussions de plusieurs heures que nous avions eues la veille, en deuxième partie de journée (sur trois).
Hier après-midi, le premier moment partagé avec un public (restreint, choisi, essentiellement composé de poètes) nous a en revanche totalement échappé. J’y reviendrai. Aujourd’hui, nos invitées nous quittent et nous allons avancer à trois, l’ordre du jour est très chargé.
Si on m’avait dit, il y a neuf mois encore, qu’un jour je partagerais une affiche avec les légendes de la scène expérimentale que sont Valentina, Kali Malone ou encore Lucrecia Dalt, même un tout petit bout de l’affiche, je me serais esclaffée. Merci à Valentina et à Marta Salogni pour leur confiance.
La version numérique est en ligne aujourd’hui ; quant à l’objet, il sera disponible le 2 décembre : Permanent Draft est un flexi disc (45-tours souple, une seule face gravée) inséré dans un livret de 13 photos et 13 poèmes. Il esquisse la ligne esthétique de notre label et sort sur le label ami Horn Of Plenty de Nick Hamilton ; le graphisme est de Karolina Kołodziej, qui nous suit également dans l’aventure du label. Merci infiniment à eux deux. On peut donc désormais se procurer Permanent Draft ici.
Pourquoi le « ta mère » du titre, me demanderez-vous ? Parce que sur l’un des morceaux, je dis « Tu souris mais la vérité est amère », phrase traduisant littéralement ce qu’une passante a dit à Valentina un jour, dans une rue de Londres, « You smile but the truth is bitter ». Le mix fait clairement entendre un ta mère qui nous fait beaucoup rire. L’image sur la pochette est tirée du mode d’emploi d’un masque facial hydratant.
Voici le texte que Valentina et moi avons écrit avant-hier, à la demande de Nick, pour présenter l’objet sur Bandcamp :
Conceived as a manifesto for eponymous all-female label Permanent Draft, this limited flexi comes with a booklet of poetry and pictures based on the prime number 13.
Permanent Draft aims to highlight works showing a certain taste for fragmentary, irrepressible creative eruption and lo-fi experiments. Leaving the grandiose apart to pay and bring attention to the sounds, details and anecdotes of everyday life, picking up raw material from the ordinary.
Bitter truths, migrainous fulfilments, dead clowns, broken gods, taffeta fairies, fruit foxes and non-binary empty frames outline these very aesthetics.
crédits
Music composed, recorded and produced by Valentina Magaletti Vocals and texts by Fanny Chiarello Photographs by Valentina Magaletti & Fanny Chiarello Mixed by Leon Marks Mastered by Marta Salogni Design by Karolina Kołodziej
Dire que je suis heureuse de cette parution serait un ridicule euphémisme…
Hier à la MEP, nous avons vu cette inscription étonnante, qui semblait répondre à point nommé à une nouvelle déception éditoriale (par chance, celle-ci m’est échue deux jours après une excellente nouvelle, dont je parlerai bientôt ici).
Nous avons aussi pris cette photo très Permanent Draft.
Ici, je pose avec un sanglier très en colère – pour changer.
Tous les soirs, quand Valentina s’assied à sa batterie et s’apprête à jouer pendant 35′ à un rythme extrêmement soutenu, sans temps mort, je suis en proie à une sorte d’anxiété. J’ai peur que quelque chose ne se passe pas bien, qu’une baguette s’envole ou je ne sais quoi. Ça la fait rire (elle a joué des milliers de fois en concert) et ça l’attendrit à la fois. Hier, j’ai réussi à ne pas entendre ni voir qu’elle avait cassé une mailloche et en avait attrapé une autre aussi vite pour la remplacer ; je m’en suis rendu compte quand les lumières se sont rallumées et que j’ai vu le pompon sur le sol du Centquatre.
Ce midi, Valentina a fait la pub de L’Évaporée à la Librairie du Parc, à la Villette.
Ce soir, nous avons admiré le coucher du soleil une dernière fois par la fenêtre de notre chambre.
Permanent Draft pour brouillon permanent mais aussi pour bol d’air / courant d’air permanent.
Ce sera d’abord le titre d’un objet que Valentina et moi avons imaginé ensemble et qui sortira début novembre sur un label ami ; une version numérique sera également disponible.
Cet objet sera notre manifeste, celui par lequel nous ébaucherons la ligne esthétique de notre propre label de musique expérimentale / micro-édition en anglais, 100% féminin, dont le nom est également Permanent Draft, et qui est basé à Londres.
Nous visons à révéler et à favoriser la richesse de la musique et de la poésie expérimentales féminines. Comme son nom l’indique, Permanent Draft souhaite mettre en avant des œuvres témoignant d’un certain goût pour le fragment, d’une irrépressible éruption créative et relaiera éventuellement des expérimentations low-fi. Cette approche laisse de côté le grandiose pour prêter attention aux sons, détails et anecdotes de la vie quotidienne, cueillant sa matière première dans l’ordinaire.
Une page Instagram existe déjà mais ne sera sans doute pas alimentée avant quelques semaines encore. Vous pouvez dès à présent nous suivre ici.
Notre première parution sera disponible le 13 avril 2023. La première année, nous ne publierons que trois albums (mais sept musiciennes), soit un vinyle et deux cassettes (versions numériques assurées, j’en réponds), notre programme est déjà bouclé. Nous avons aussi quelques idées de ce que nous aurions envie de publier.
Dimanche, avec notre super graphiste, Karolina, nous avons décidé du design de nos parutions et réfléchi à notre logo, c’était passionnant et très enthousiasmant. C’est un bonheur de travailler avec quelqu’un qui a un goût si assuré, une telle culture et tant d’idées, tout en sachant s’adapter à la ligne esthétique qui lui est proposée.
Parfois, quand je regarde le public se ruer comme un seul cerveau vers quelques produits culturels dits incontournables, je pense à ce que nous voulons faire, à la modestie de notre projet, à son honnêteté intellectuelle, et je me sens bien. C’est notre toute petite maison, elle sera accueillante, pleine d’audace et de vie – nos artistes sont déjà très enthousiastes, prêtes à donner un coup de main, et une généreuse mécène va nous permettre de commencer sans trop de craintes. Ce label, c’est de la joie.
Ce week-end, Valentina jouait avec Marta Salogni en première partie de la reine du Buchla (synthétiseur analogique modulaire), Suzanne Ciani, dont j’ai déjà beaucoup parlé sur ce blog (notamment ici et là dans mon journal de confinement) parce que son album avec Kaitlyn Aurelia Smith, Sunergy, est l’un de mes 73 albums préférés au monde, celui dont j’aime dire qu’il continent la Californie comme quelque chose de très mystérieux et de la taille d’une orange (à en croire les livres) contenait l’univers entier la seconde avant le big bang. Marta jouait avec quatre splendides magnétophones à bande et Valentina était à la batterie et au vibraphone ; j’ai pleuré d’émotion. Voici quelques très belles photos prises par Jose Ramón Caamaño pour Baba Yaga’s Hut.
Après les concerts, nous avons passé une bonne soirée dans les loges, en compagnie de nos ami.e.s Susumu et Yoshino, à discuter avec Suzanne, qui est aussi simple, adorable et intéressante que virtuose et talentueuse. Il y a des gens comme ça, qui ne déçoivent pas.