Eupen

Ce week-end à Eupen, près de Liège, il y avait le festival Meakusma. Ma chérie a fait danser une foule très dense, dont Delphine Dora et moi au premier rang. Nous avons retrouvé des ami.e.s et assisté à de très chouettes concerts, notamment ceux de Delphine et du duo Lilly Joel, sur l’orgue de l’église. Audrey Chen et James K (qui est une femme) étaient chouettes aussi. Et puis il y avait la forêt, le barrage et le lac ; je suis très fière de mon élève Valentina (puisque, je le rappelle, je suis son coach sportif) qui a marché jusque là sans jamais se plaindre. La première photo ci-dessous est d’elle (bien plus réussie que les miennes). Donc voici le barrage, construit en 1950, très classe.

Ses poubelles colorées doivent plutôt dater des années 70.

De l’autre côté, le lac où j’espérais me baigner n’était pas très engageant, d’ailleurs aucun oiseau d’eau ne semble y vivre – tristesse… Je l’ai quand même trouvé très beau.

Les ascenseurs du barrage ressemblent à ça.

Mais nous, nous avons pris l’escalier, nous sommes passées devant une guérite,

un panneau très élégant,

et nous avons vu l’envers du décor.

Comme sur les terrils, il y a des escaliers dont on se demande quelle est la fonction au juste et, bien sûr, ce sont mes préférés. Ici, mon trésor se repose une minute sur une marche gratuite au pied de l’imposant ouvrage.

Là, nous quittons la forêt pour regagner la civilisation belge,

ses cygnes

et ses Jésus (beaucoup de Jésus) abrités sous des petits toits (certains sont juste des triangles en alu comme sur les boîtes aux lettres mais j’ai choisi de vous en montrer un plus euh, flamand).

Marie-Jo et Monique

Depuis longtemps, chaque fois que je passais dans une certaine rue de Grenay, je contemplais deux jardins dont les décorations me semblaient relever de l’art brut. Dans le cadre de ma collaboration avec un compositeur lillois (+ un poète + un ensemble vocal, etc.), j’ai osé contacter les habitant.e.s des maisons concernées ; j’ai trouvé leur numéro dans les pages blanches et rendez-vous a été pris pour le lendemain (c’était avant-hier) chez Marie-Jo, avec sa voisine Monique, puisque ces deux artistes sont des femmes – dans la page que L’Inventaire général du patrimoine culturel consacre aux Jardins étonnants en Nord-Pas-de-Calais, on ne trouve strictement que des hommes.

J’ai donc eu l’occasion de discuter des techniques et inspirations de ces dames mais aussi de leur vie et de leur vision du bassin minier. Mini extrait :

J’ai été très bien accueillie, comme on peut le voir ci-dessous – Marie-Jo me montrait ses œuvres d’intérieur.

J’ai aussi rencontré en elles de sacrés personnages : écoutons Marie-Jo écourter une discussion téléphonique indésirable.

J’ai passé deux heures avec ces dames et je ne me suis vraiment pas ennuyée… J’ai aussi pris beaucoup de plaisir à tirer un long poème de cette conversation et maintenant j’ai un peu le trac : que vont-elles en penser ? La réponse la semaine prochaine, quand je leur en apporterai une impression, rendrai sa crème cicatrisante magique à Marie-Jo (qui a eu pitié de mon coude marqué par une chute fracassante tandis que je courais à Londres au bord d’un canal) et recevrai l’arbre à perles qu’elle a commencé pour moi.

Un bon week-end

Hier, j’ai passé un formidable moment à la Cité des Électriciens de Bruay-la-Buissière, en compagnie des éditions Cours Toujours. Le public était venu nombreux, particulièrement pour un samedi après-midi ensoleillé ; comme à Mont-Saint-Éloi, Terrils tout partout m’a permis d’avoir des échanges émouvants avec mes nouveaux.elles concitoyen.ne.s pendant les dédicaces. J’étais aussi ravie de retrouver Schéhérazade d’Escales des Lettres – je vais beaucoup la voir au mois de juin puisque nous présenterons TTP dans pas moins de six centres pénitentiaires.

J’espère aussi revoir bientôt la Cité des Électriciens, où je compte bien postuler pour une résidence. Je suis tombée sous le charme du lieu, particulièrement de ce palimpseste – dans une ancienne maison de coron, où les habitant.e.s ne détapissaient manifestement pas avant de passer au papier suivant. On s’en doute, le côté Kitsch & Lutte des Classes m’a beaucoup parlé (surtout les mickeys).

En tout cas, on pourra encore voir l’exposition de mes photos jusqu’à la fin de l’année. Ci-dessous, le terril Donovan et le terril Fernsehturm in situ, sur leurs chevalets (chevalet étant aussi un synonyme de chevalement, je le précise au cas où vous ne seriez pas du coin).

Et ce matin, j’ai retrouvé Johanna, qui avait déjà modéré la rencontre autour de TTP à Mont-Saint-Éloi, justement. Cette fois, c’était à Arras, pour le traditionnel salon du livre du 1er mai organisé par Colères du Présent. Les conditions et la population étaient très différentes. Mais j’étais heureuse de revoir certaines personnes que je n’avais pas croisées depuis le monde d’avant.

Merci à Dominique Brisson et à mon père pour les photos des rencontres.

Top 7 Coiffure 2021

En 2016, nous avons croisé le salon de coiffure Bienvenue sur T’Hair (Annœullin) dans le billet-catalogue Arbres du Nord : Imagin’Hair ; je ne peux supposer que vous l’ayez oublié. Je dis bien croisé parce que (je maintiens ce que je disais à l’époque) je n’ai pas la carrure pour un inventaire des enseignes les plus remarquables de coiffeurs, le travail serait encore plus herculéen que de recenser tous les moulins miniers – oui, à propos de ces derniers, j’en ai vu et photographié tant et tant depuis la dernière version de cette série que les bras m’en tombent ; c’est pourquoi, malgré votre abondant courrier de protestation, je ne l’ai pas mis à jour depuis bien longtemps. Mais revenons à nos salons. J’ai décidé, en cette période de l’année où fleurissent les palmarès (établis par des autorités qui, ayant absolument tout lu, tout vu et tout entendu, peuvent se permettre de prescrire leurs produits culturels préférés comme étant les meilleurs), j’ai décidé de donner des bons points, moi aussi, à quelques champions locaux de l’onomastique capillaire.

ATTENTION : Si vous êtes sujet(te) aux migraines, sachez que certaines photos ci-dessous, ayant été prises avant le lever du soleil, sont affreusement floues. Vous m’en voyez désolée.

Dans la catégorie Il fallait y penser, je remets ma palme 2021 à ce salon d’Arras (certes, ce n’est pas aussi inspiré que Bienvenue sur T’Hair mais celui-ci reste à mon avis strictement imbattable).

Dans la catégorie Anti-pub, je n’ai su départager ces noms vus à Bully-les-Mines et à Pont-à-Vendin

Dans la catégorie crossover Il fallait y penser X Anti-pub, la lauréate est cette audacieuse société lensoise

Dans la catégorie Misread, cette enseigne de Dourges sur laquelle j’ai d’abord cru lire Boudin Coiffure (aurais-je bien lu qu’elle aurait sans doute coiffé au poteau – eh eh – ses deux camarades ex-æquo de la catégorie précédente). Notez bien que le jeu de mots m’échappe totalement, d’où sans doute le misread.

Dans la catégorie vintage, je nomme grand vainqueur Jean-Claude Coiffure de Courrières (un salon de Sallaumines le talonnait certes mais qui sait ? il aura peut-être son tour next year)

Dans la catégorie Mignon, c’est un salon (à double titre) d’Annay qui l’emporte cette année (jockomo feena nay) ; bravo à Marie-Chantal !

Féminin pluriel

Vous êtes trop snob pour lire les gazettes municipales ? Vous ne savez pas ce que vous ratez. Il y a quelques années, de passage dans des petites villes, j’allais à la mairie pour les demander. Je lisais régulièrement celles de Mons-en-Baroeul, de Faches-Thumesnil, de Sallaumines, de Lens, de Liévin, pour n’en citer que cinq. J’ai ralenti quand j’ai senti ma santé mentale menacée : j’avais des hallucinations – quand les gens me parlaient, je voyais des points d’exclamation. (Les points d’exclamation et les émoticônes sont la signalétique de la communication – ce fléau. Vous noterez dans l’exemple ci-dessous que la virgule a moins de succès, y compris quand elle pourrait trouver son utilité.) Dans le journal de ma ville, ce mois-ci, on fait la connaissance de Cécile. Elle nous apprend que l’apostrophe s est la marque du pluriel et que le féminisme progresse. Je vous laisse savourer cet article caviardé par mes soins.

Mascottes du bassin minier : des outsiders

Les fidèles lecteurs de ma rubrique Kitsch & Lutte des classes connaissent mon étude des mascottes du Nord, parmi lesquelles sont particulièrement représentés les oiseaux, les lions, les chevaux et les chiens. Force m’est de constater que les vedettes sont les mêmes dans le bassin minier que dans la métropole lilloise ; cependant, il y a aussi de la place ici pour l’exotisme et pour les outsiders. Afin de s’en convaincre, il n’est qu’à observer les portails et barrières ainsi que leurs piliers, sur lesquels se perchent des oiseaux plus rares que les aigles – j’entends sur le strict plan décoratif de pilier : le pigeon n’est pas un oiseau rare mais le premier que j’aie jamais vu sur un pilier vit à Loison-sous-Lens.

Et certes, on a vu un coq trôner sur un portail de Lomme mais pas avec femme et enfant comme ici à Bauvin (ok, Bauvin n’est pas tout à fait dans le bassin minier, mais 1. ça s’est joué à peu de choses ; 2. ça ne se voit pas ; 3. ne faites pas vos huissiers, merci, admirez plutôt le coloriage maison appliqué à cette statuaire).

Un hibou d’Auby (je me demande si ses propriétaires l’ont choisi pour les sonorités de hibou d’Auby).

Le cygne est plus habituel au sol que sur piédestal ; notez qu’il est presque toujours fonctionnel. Contrairement au cheval, au chien ou au lion, un cygne de jardin est neuf fois sur dix un bac à fleurs (ou à quelque chose).

Ci-dessous, à Râches, un écureuil et un renardeau gardent une maison au bord du canal

et ici, à Mazingarbe, ce sont des lapins qui montent la garde (des lapins aux yeux blancs quelque peu inquiétants).

La grenouille n’est pas très courante (ici à Sallaumines),

non plus que l’éléphant (ici liévinois)

ou le bouc (ici de Loison-sous-Lens).

Mais le plus atypique reste le double sphynx, siamois par l’arrière-train, flanqué de dalmatiens peints à la main sur ce muret d’Annay (jock-a-mo fee na-né).

J’ajouterai en conclusion que même les chiens d’ici ont quelque chose de… peut-être pas de minier à proprement parler, non, mais ce chien rêveur n’a (passez-moi cette anacoluthe) assurément pas les attitudes tour à tour arrogantes et espiègles de ses pairs croisés sur les piliers de la MEL.

Produits dérivés

(Ce billet remplace et développe un /3 de la semaine dernière en pas moins de 17 photos + liens culturels pour votre édification.)

J’évoquais dans le billet 449 un jardin que l’on peut admirer dans une cité minière de Mazingarbe. Mes photos ne rendent pas honneur à son art brut ; pour en voir et en savoir plus sur ce jardin remarquable et sur son créateur, François Golebiowski, cliquer ici.

Mais cet habitant n’était pas le seul (au passé puisqu’il est décédé en 2013) à construire des modèles réduits de chevalements. On en trouve également un à Billy-Berclau, de plus impressionnantes proportions.

Billy Berclau est l’une des rares villes qui aient conservé un authentique chevalement et il semble être devenu un logement. Je ne sais pas quelle partie des bâtiments est habitée mais une pancarte Défense d’entrer, propriété privée en protège l’accès, flanquée d’une boîte aux lettres indiquant les noms de celle et ceux qui résident là. (Photo prise à travers la grille).

Ainsi, certaines villes ont conservé des chevalements, témoins de leur passé minier ; c’est également le cas de Bénifontaine, d’Évin-Malmaison, de Haines, de Lewarde, de Liévin, de Loos-en-Gohelle, de Marles, d’Oignies et de quelques communes entre Valenciennes et Douai. À Haisnes, l’accès au chevalement est facile, sans doute dangereux, probablement pas autorisé. Ici, sa tour vue depuis son propre corps.

Il est devenu une véritable galerie de street art et abrite notamment cette pièce imposante.

C’est l’un des quatre derniers chevalements en béton que compte le Nord-Pas-de-Calais ; j’en ai découvert un par hasard, cette semaine, à Anhiers. On le distingue ici au loin, derrière la Scarpe inférieure et ses foulques, par un petit matin brumeux.

D’autres villes ont effacé les stigmates de leur passé minier, longemps considéré comme honteux (On était la lie de la lie, me disait récemment une descendante de mineur alors que nous évoquions l’avant-Unesco) ; parmi ces villes, certaines repenties ont confié à des artistes la tâche de faire revivre la mémoire que la précédente génération avait souhaité gommer. Voici quelques chevalements décoratifs, soit d’encombrants produits dérivés – j’en découvrirai forcément d’autres au fil de mes explorations et je ne manquerai pas de vous en faire profiter.

Leforest

Oignies

Hulluch

Méricourt

le même avec lampe de mineur géante

Car on trouve également dans le bassin minier quelques monumentales lampes de mineur, déclinées sous diverses formes. Notez qu’il y avait autant de variétés de lampes qu’il y en avait de chevalements (on constate la diversité de ces derniers sur une photo de Bernd et Hilla Becher visible ici), de maisons minières, etc.

Courcelles-les-Lens

Auchy-les-Mines

Harnes (lampe sur laquelle des supporters politiques
collent des affiches, hélas)

Lallaing (notez que c’est le même modèle de lampe
qu’à Auchy-les-Mines, même si le rendu est assez différent)

Liévin

Ici, la lampe géante rend hommage aux victimes d’une catastrophe minière qui a eu lieu en décembre 1974. On devine en arrière-plan un authentique chevalement très bien préservé.

Ce n’est pas le seul chevalement d’époque qui se dresse dans cette ville où il se trouve que j’ai grandi et que mes parents habitent encore ; depuis le monument ci-dessus, il suffit de pivoter sur soi-même pour retrouver le même tandem lampe-chevalement.

Ici, lampe et chevalement sont peints, ce qui n’est pas si fréquent (le chevalement d’Évin-Malmaison est rouge mais je n’en connais pas d’autre qui ait osé la couleur – la plupart sont juste entretenus : de teinte naturelle, si on peut dire). Cet article fera probablement l’objet d’addenda au fil de mes périples cyclistes.

Moulins miniers

Quand j’ai quitté le quartier de Moulins après 27 ans de vie lilloise, je ne me doutais pas que j’allais m’installer dans une contrée si riche en maquettes ailées. Certes, j’en avais déjà recensé un certain nombre dans la métropole lilloise, mais rien à voir, proportionnellement, avec ce que je découvre ici chaque jour : presque autant de moulins que de chalets miniers (il faudrait ajouter les puits ornementaux, également plus répandus que sur mon ancien territoire, où pourtant ils ne manquaient pas). Vous pouvez admirer une sélection de puits et moulins de la métropole lilloise dans la rubrique « Assimilés » de l’article L’appel de la montagne : Chalets du Nord. Mais venons-en au bassin minier. Voici une sélection que je complèterai au fil du temps, augmentant cet article chaque fois que j’atteindrai un nombre premier supérieur de moulins miniers. (Je précise que les vues immersives en annexe font l’objet d’un comptage distinct.) Je vous signalerai sa mise à jour chaque fois qu’il aura évolué de manière substantielle. Autant vous prévenir, les photos sont de piètre qualité car prises pour la plupart dès potron-minet + à la dérobée car, même au lever du soleil, on est vite maudit pour avoir voulu figer l’image d’un moulin.

Pour commencer, j’aimerais préciser que l’on peut souhaiter posséder un moulin domestique même si l’on vit dans une ville qui en possède un vrai, comme c’est le cas par exemple à Beuvry, où cet authentique moulin à vent

n’empêche pas les habitants de souhaiter une maquette à soi, que ce soit à l’avant de la maison

(ou du chalet)

ou que ce soit à l’arrière (la photo ci-dessous a été prise avec un zoom depuis la passerelle de la gare).

Poursuivons à Nœux-les-Mines, où l’on voit déjà que je n’ai pas menti au sujet des puits ornementaux (puits miniers, voyez-vous, ne conviendrait pas – ce serait carrément redondant).

Dans un autre quartier de Noeux, on trouve ce moulin ; il y en a un aussi dans le jardin voisin (où l’on aperçoit le toit d’un puits ornemental) mais je n’ai pas pu le prendre en photo pour l’instant parce que son propriétaire veillait littéralement au grain quand je suis passée – par ailleurs on ne le trouve pas encore sur Bidule Maps, où la vue immersive date de 2013 : il s’agit donc d’un très jeune moulin.

Chez moi (enfin, à Lens), le moulin fleurit autant dans les cités pavillonnaires

que dans les jardins des camus bas

Les jumeaux qui suivent sont des moulins maison, je peux en témoigner pour avoir vu l’habitant de cette maison en assurer la maintenance. Notez que le camus ci-dessus et celui ci-dessous sont voisins ; on observe la même règle que pour les Chalets du Nord, à savoir une forme de mimétisme, si puissant que bien souvent un puits, un chalet ou un moulin en annoncent plusieurs autres dans un périmètre étroit.

Une preuve supplémentaire ? Nous voici à Grenay : ces deux maisons mitoyennes où le plâtre et le caillou l’emportent assurément sur le végétal possèdent chacune leur moulin,

et il ne faut parcourir qu’une centaine de mètres pour en trouver un autre encore.

Parmi d’autres éléments dont j’ai relevé la récurrence dans la métropole lilloise (et à Brooklyn, on le sait), il y avait le phare ; on en trouve quelques-uns aussi dans le bassin minier, rarement isolés ; à Pont-à-Vendin, moulin et phare sont en binôme comme le sont ailleurs moulin et puits.

Les moulins sont rarement seuls ; bien souvent, ils prennent place dans un panorama riche en détails que l’on pourrait savourer longuement comme au musée, assis.e sur un banc. Dans ce jardin de Liévin, vous noterez le toit d’un petit puits (je précise petit car il y en a un grand à l’avant de la maison), quatre chalets pour oiseaux et un avion.

Sur la vue immersive ci-dessous (ma photo perso était encore plus moche – il pleuvait), à Billy-Berclau, le moulin côtoie des lions et une charette hippomobile dans laquelle batifole un couple d’enfants pour le grand bonheur d’une fillette porte-chandelle.

Détail du moulin (photo maison, cette fois) :

Ici, à Oignies, ce modeste modèle est entouré d’animaux heureux sous la pluie, toujours elle.

Parfois, l’amour du moulin est tel qu’on ne peut se contenter d’un seul. C’est le cas, comme on l’a vu plus haut, devant un camus bas lensois, mais également dans ce jardin d’Aix-Noulette

et dans celui-ci, à Auchy-les-Mines – Auchy où l’on peut également vérifier deux autres de mes théories, à savoir celle de mises en scène paysagères profuses entourant bien souvent les moulins

mais aussi celle du mimétisme, comme en témoigne cet aperçu de la maison située sur le trottoir d’en face :

Même générosité à Fouquières,

où ces habitants ont donné à leurs voisins une impulsion créatrice telle que les voici, eux aussi, dotés de moulins (et autres).

Pas moins de trois moulins, dont deux bas-reliefs, ornent cette entrée de garage à Rouvroy – en plus du Hardy en voiture hippomobile, des anges flûtistes perchés sur sphères, du cheval cabré, du héron, du lion, du nain, de la dame dépoitraillée qui porte une corbeille de fruits (a priori des pommes et des poires) sur la tête, etc.

Je tiens à ce que ce moulin de Bully-les-Mines (+ puits + vieux jardinier fumant la pipe + chien + mère caressant les cheveux bouclés de son enfant, etc.) ferme cette galerie, pour deux raisons. 1. la propriétaire de ce moulin et moi-même nous sommes fait peur, vers 6h15 le jour où j’ai pris cette photo : la dame a entendu le déclencheur de mon appareil depuis l’intérieur de la maison (sans doute souffre-t-elle, comme moi, d’hyperacousie) et a crié « Je te vois ! » en surgissant à la fenêtre du premier étage. Je l’ai rassurée, lui ai dit que je n’avais aucune intention de voler quoi que ce soit dans son jardin mais seulement d’ajouter son moulin à ma collection ; elle s’est alors radoucie et m’a vouvoyée pour s’excuser qu’il manquait une aile à son cher artefact.

2. J’avais repéré en vue immersive ce rond-point fascinant dont toutes les maisons qui le bordent disposaient de leur moulin mais ce n’est plus le cas : les autres ont déménagé, m’apprend la dame à sa fenêtre. Dans la première annexe, ci-après, je leur rends hommage avant que la vue immersive ne soit mise à jour et que ces moulins ne disparaissent totalement, pour toujours.

and the winner is

le particulier ou la particulière de Courrières à qui l’on doit cette maquette presque grandeur nature (si vous contestez mon usage du mot maquette, sachez que sur le site du CNRTL, on peut en lire cette définition : Modèle réduit (d’un appareil, d’un véhicule); reproduction à échelle réduite ou en grandeur naturelle, destinée aux études de prototypes.) (C’est moi qui graisse les caractères.)

et ici dans son environnement, par ailleurs d’une remarquable sobriété

Annexes

  1. fantômes de moulins

en voici un premier (+ puits)

un deuxième (+ puits + brouette + chariot) et on aperçoit dans le jardin mitoyen

deux autres spécimens (+ puits)

Il s’agissait donc d’un rond-point encerclé de 5 moulins, rien moins, hélas je suis arrivée trop tard pour le connaître : tout fout le camp.

2. moulin à paroles

de Alan and Marilyn Bergman, en version américaine : The Windmills of your Mind – titre qui aurait convenu à cet article de fond puisque le moulin est ici un fantasme très répandu.

Round, like a circle in a spiral
Like a wheel within a wheel
Never ending or beginning
On an ever spinning reel
, etc.

3. Worldwide windmill

Notez que la popularité du moulin est internationale, comme en témoigne ce moulin de Brooklyn (+ phare) :

Bientôt de nouveaux moulins : j’en ai repéré à Lens, Hénin-Beaumont et Noeux-les-Mines, que j’ai hâte de vous faire découvrir – un jour où leurs heureux propriétaires ne seront pas à leur fenêtre, potientiellement avec un fusil.

NPR 73A et 73 des synapses pétillants

L’idée de ce NPR m’est venue avant-hier soir : je venais d’apprendre que je passerais le week-end au paradis et je me demandais quelle musique écouter. Tout en moi faisait des claquettes mais quand j’ai passé en revue les derniers albums que j’ai découverts, j’ai sautillé des fesses sur ma chaise en voyant la joyeuse pochette de cet album du duo LEYA – soit Marilu Donovan à la harpe et au chant et Adam Markiewicz au violon. J’avais trouvé le disque très beau à la première écoute mais sans pouvoir aller jusqu’au bout parce que j’avais l’impression que j’allais mourir de tristesse. Et c’était il y a quelques jours à peine – what a difference a day makes! Aujourd’hui, je peux apprécier pleinement cette musique pas si flingante, en définitive, et la pochette pourrait être de Nan Goldin, j’adore.

J’avais une idée de phrase pour le NPR, il me restait à trouver le lieu adéquat où l’accrocher. J’ai pensé à une fresque de Sallaumines, ce qui donnerait ceci – tiens oui, commençons à l’envers avec le

NPR 73A des disques tristes

Mais hier, avant d’avoir pu me rendre à Sallaumines, j’ai pédalé jusqu’à Carvin pour y recevoir ma première injection dite chronodose, chantant en chemin des chansons pas du tout tristes puisque personne ne pouvait m’entendre dans le vent furieux le masque et les champs comme ça

et une fois parvenue au centre de vaccination, à peine ai-je attaché Mon Bolide à un poteau que j’ai découvert ceci

et j’y ai punaisé ce NPR avec anacoluthe

Notez que les supports de ces 73A et 73 présentent deux formes très différentes d’art municipal, ce qui vaut à ce billet d’être également référencé dans la rubrique Kitsch & Lutte des Classes (le décor du 73 n’a rien à envier au petit c de L’art : collectivités du Nord).

Quelques Mickeys du bassin minier

J’ai déjà rendu, dans un reportage visible ici, un hommage sincère à cette forme d’art brut qu’est le Mickey maison. Non, je n’ai toujours pas fini ma thèse : j’ai encore tant de merveilles à découvrir, d’autant que mon champ d’investigation s’étend désormais au bassin minier et non plus à la seule métropole lilloise. En attendant la somme que je dois à mon sujet, voici quelques spécimens d’ici. Je précise, pour ceux qui nous rejoignent, que j’appelle Mickey maison tout personnage de BD ou dessin animé peint de mémoire et d’une main aimante par un(e) maître(sse) de maison au tempérament audacieux, entreprenant et généreux. J’ai beaucoup de tendresse pour ces fresques régressives.

Je vous emmène d’abord à Loos-en-Gohelle, où bat son plein ce que j’appelle une fiesta, mur qui réunit des personnages issus de divers univers.

On en trouve une aussi Pont-à-Vendin, quoique la mixité y soit moindre et quelque peu contrariée par le logo Disney.

Notez que Bart Simpson n’est pas une telle rareté sur les murs de notre belle région, comme en témoigne cette image (hélas en noir et blanc) prise il y a quelques années dans la métropole lilloise (d’où le noir et blanc) :

Sautons par-dessus la Deûle pour nous rendre à Vendin-le-Vieil, où l’on peut contempler depuis le pont ferroviaire cette mini fiesta défraîchie (en zoomant au maximum, ça donne ce petit flou que vous voudrez bien excuser) :

Retour à Pont-à-Vendin, où l’on trouve cette émouvante camionnette :

Avion, décidément ville aux trésors, possède le seul garage à ma connaissance qui soit consacré à Lucky Luke (quoique sans Lucky Luke himself),

ce qui mérite assurément un détail :

Vous aurez noté la proximité récurrente des Mickeys du Pas-de-Calais avec une statuaire semblable à celle que je louais dans L’art : collections privées du Nord – soit une enquête que je renonce à mener ici, tant il y aurait à faire : ce n’est pas pour rien qu’une annexe du Louvre est échue à Lens car notre agglomération est une ville d’art, notre agglomération aime l’art, sous toutes ses formes (moi-même, n’y participé-je pas modestement avec mes nouveaux processus réversibles, qui relèvent de l’arte molto povera ?)