C’est désormais officiel : Agnès et moi serons bientôt à la Cité des électriciens (Bruay-la-Buissière). Le vernissage de mon expo Do Mi Si La Do Ré aura lieu le samedi 7 juin à 11h, en ouverture d’un week-end festif.
L’été dernier, j’ai roulé près de 5 000 kilomètres à vélo pour glaner les photos et les notes qui allaient aboutir à cette étude sur l’habitat dans le bassin minier des Hauts-de-France. J’y développe une théorie (déjà évoquée dans La Geste permanente de Gentil-Coeur aux éditions de L’Attente) selon laquelle l’imaginaire du bassin minier louche beaucoup vers l’Ouest des États-Unis. Un texte illustré sera bientôt disponible en téléchargement ici même.
Merci à Olivier pour la commande et pour sa confiance, ainsi qu’à Yaël, Christine, Florent et Mathis pour le travail d’équipe à la Cité.
La dernière fois que j’ai entendu ta voix, j’étais à Turin, au festival Jazz is Dead. Tu m’as appelée alors que j’attendais dans les loges la fin d’un orage de grêles spectaculaire pour aller présenter Basta Now au public. Par coïncidence, tu voulais me parler des femmes dans la musique expérimentale, et d’une musicienne en particulier, que je t’avais présentée lors de ma résidence aux Fours à Chaux de Regnéville-sur-Mer.
Tu m’as dit que tu ne dirigeais plus ce lieu de résidence artistique mais que tu avais toujours envie d’organiser des choses et de générer de la magie. Tu voulais savoir ce que je penserais d’organiser quelque chose avec cette artiste et toi – tu avais pensé à moi parce que je t’avais ouvert un monde sonore, à elle parce que son travail t’avait particulièrement charmé.
Je me suis souvent demandé, depuis, pourquoi je n’avais plus de tes nouvelles. Avais-tu été accaparé par d’autres projets ? La compositrice en question avait-elle décliné l’invitation ? C’est Amélie qui, ce matin, par hasard, m’a appris la terrible nouvelle de l’accident, qui remonte à juillet dernier. Nous avions échangé plusieurs fois entre temps, mais elle pensait que je savais.
Je n’aimerais pas être celui ou celle qui conduisait cette voiture – je t’imagine sur ton vélo, tu portais sans doute une marinière, je me demande si tu avais un casque, si tu fredonnais. Je ne voudrais pas avoir interrompu une vie, encore moins une vie qui, comme la tienne, illuminait à ce point celle des autres, une vie de générosité, de curiosité, d’enthousiasme contagieux.
Je te revois courir sous la pluie dans le parc de Carantilly pour inviter les rares promeur-ses à la performance de Marianne, je les vois se réunir autour des brioches sur les tables pliantes, je me rappelle combien Marianne, Amélie, Antoine, Annah et moi étions admiratif-ves que tu aies réussi à les convaincre de se serrer sous nos parapluies. Ton énergie nous a toujours fasciné-es.
Je vais faire comme si Amélie ne m’avait rien dit, je vais continuer d’attendre ton coup de fil – moi, j’ai perdu ton numéro le jour où on m’a volé mon téléphone à Bruxelles, alors j’attends, mon cher Pascal.
Je t’embrasse très fort
ici, tu es auprès de Claire, Emmanuelle, Aude et moi
ici, avec Elise, Marianne, Dominique, Claire et Cindy
Demain (mercredi 9 avril), à 19h, Katia Bouchoueva et moi lirons La plus petite subdivision à l’Affranchie librairie, 6 place Sébastopol à Lille. L’affiche d’Alien-Poeme reflète parfaitement mon état d’esprit du moment. Katia et moi lirons des poèmes où il est question de nos amoureuses, qui ne sont plus nos amoureuses ; nous lirons des poèmes qui essaient de trouver des arrangements avec la mort et la perte ; et d’autres.
Cette semaine, je serai à Lyon : workshop avec des étudiant-es de l’ENSBA le 21, présentation de Basta Now puis performance avec Valentina le 22 au festival Synth Chapelle. Merci à Laura Zeguers et à Thomas Boutoux pour leurs invitations.
La semaine dernière, j’ai passé quatre jours merveilleux à Grenoble. J’y ai présenté Basta Now au 102, lu La plus petite subdivision avec ma co-autrice Katia Bouchoueva à la librairie Les Modernes, animé avec Katia un atelier d’écriture pour les Femmes Truc avec la Compagnie du Dernier étage ; j’y ai enregistré un podcast (La Bouche) sur Basta Now dans une annexe de Radio Campus ; j’y ai retrouvé des amies que je n’avais pas vues depuis respectivement dix et vingt ans, Marie et Gwenola ; j’y ai rencontré des personnes formidables (Samson, Gaëlle, Manuel, Agathe, Maélys, Lénaïg, Aurélie, Céline, Candice, Lila et les autres) ; j’y ai fait des courses à pied de rêve dans des paysages magnifiques, dans la ville comme dans la montagne.
Je m’aperçois que je n’ai même pas partagé sur ce blog la très belle affiche qu’a faite Archipel Urbain pour la présentation de Basta Now, qui restera un souvenir fort pour moi : une soixantaine de personnes silencieuses dans l’obscurité, écoutant ensemble des musiques expérimentales faites par des femmes, trans et non-binaires, c’était magique.
Merci infiniment à Audrey Bigot de la Factorie pour ces souvenirs en images. Ci dessous, je suis entourée de Philippe, Willhy, Valérie et Emné. Comme ils me manquent, ces petits trésors…
Mes ami-es et moi, nous avons écrit des cadavres exquis la veille de la sortie de résidence, afin de pouvoir faire une lecture à cinq – et non six, hélas, Aurélien étant déjà parti.
Voici la sélection de cadavres exquis que nous avons lue à la fin de notre sortie de résidence :
Emné je ne bouge plus de la table mais je cherche tout de même le sanglier Fanny un précepte de Yogi Tea est collé au fond de l’évier Valérie je le gardais dans ma poche pour les jours de pluie Philippe danser avec un parapluie dans la poche c’est rigolo mais c’est pas beau Willhy qu’importe tant que tu danses entre les gouttes entre les mots, sous tes paupières closes
Fanny je réside dans le mouvement perpétuel Valérie elle est le lieu des grandes envolées Philippe on a bu du rhum il y avait des petits enfants dedans ils avaient les yeux brillants Willhy là où réside la rivière, ton chant, tes mains nues Emné je dois écrire encore une phrase, l’amplifier, la saturer. tout est vide
Willhy habiter tes yeux dans la nuit fragile Emné chercher le centre et m’y piquer Fanny je veux occuper l’espace à la manière de la poussière Valérie avec en son centre l’histoire de mille vies Philippe les danseuses font des gestes de l’autre côté de la poésie
Valérie le groupe était stupéfait devant l’absence d’une consigne Philippe on s’est levés debout sur les tables et on a fait des signes aux fantômes Willhy légender des rivières et fleurir nos morts sur les coutures de l’aube Emné regarder la surface des mots et ce qui lie Fanny les corps élastiques dans le pourpre et l’or de la Factorie
Emné je veux habiter l’angle d’une voyelle et écrire notre friction Fanny je veux être dehors et je veux être dedans tout à la fois Valérie peut-être cage grande ouverte Philippe il y a des fantômes dans la chambre mais je n’arrive pas à engager la conversation Willhy il me faut revenir au lieu premier des amours, là-bas
Le dernier orne désormais une surface dans la cuisine de la Factorie, parmi les traces de dizaines d’autres poètes:
Je ne suis plus triste de la séparation, je suis surtout heureuse et reconnaissante du temps passé en la compagnie de ces merveilleux êtres humains qui, presque, me réconcilieraient avec mon espèce.
Une fois encore, merci infiniment à la Factorie pour ces jours inoubliables.