L’Huma

Cette semaine, ma Ligne 18 a occupé trois pages de L’Humanité : avant-hier, hier et aujourd’hui, l’avant-dernière page réunissait deux photos et trois textes de l’exposition, que j’ai sélectionnés de manière à peu près thématique. Ce matin, j’ai ouvert le journal au relais de la gare et l’image de la jeune athlète m’a sauté à la figure. La jeune athlète dans L’Huma ! J’ai ri toute seule et acheté deux exemplaires, un pour elle et un pour moi.

Quelques rendez-vous

Si vous sonnez au 73 rue Eugène Haynaut, à Béthune, ce soir à 18h, j’aurai le plaisir de vous présenter mon exposition Ligne 18. Ce sera sous forme d’apéro avec quelques Colériques du Présent. Je n’en sais pas plus pour l’instant (vous me direz que c’est déjà bien), vous et moi partagerons le plaisir de la découverte.

Vous pourrez aussi voir cette Ligne 18 au salon du livre d’expression populaire et de critique sociale, également organisé par l’association Colères du Présent, le 1er mai à Arras – où je discuterai avec Canan Marasligil dès 10h du matin (hop) sur la scène des auteur-e-s.

Vous pourrez me voir sans exposition à la Comédie du Livre, à Montpellier, le 18 mai. Je ne sais pas encore ce que j’y ferai – il est vaguement question de claquettes mais rien d’officiel pour l’instant : je vous tiens au courant. Ce qui est sûr, c’est que vous pourrez écouter la lecture musicale de l’incroyable IBL (aka Kate Bish, carrément punk) à la librairie La Cavale, le vendredi 17 mai à 19h30 (pour vous joindre à mon équipe de cheerleaders, vous savez comment me contacter – nous sommes deux pour l’instant, motivez-vous un peu : ce ne sont que des pompons, vous pouvez le faire).

Le vendredi 24 mai, comme annoncé ici, je lirai quelques extraits de A happy woman à la librairie La Forge, à Marcq-en-Baroeul, en compagnie du violoncelliste Guillaume Lafeuille. Venez nombreux avec un petit pull (vestes autorisées) au cas où la météo nous permettrait de nous installer dans la cour.

Et le samedi 25 mai, les Parleuses vous attendront Chez Violette, place Vanhoenacker à Lille, où j’aurai l’honneur d’évoquer la vie et l’œuvre de Carson McCullers (sur une initiative de Littérature, etc. – je remercie Aurélie Olivier pour sa confiance). Pour en savoir plus, cliquez ici. Si vous ne pouvez pas venir parce que vous habitez dans le New Jersey, par exemple, pas de panique : ma présentation existera ensuite sous forme d’un podcast.

L’appel de la montagne : Chalets de Californie

Depuis quelques jours, je prépare un bref exposé pour la jeune athlète sur l’avènement du lotissement vu à travers les films fantastiques/d’horreur des années 70-80. Pour étayer mon propos, je fais des captures d’écran. Alors que je revoyais Poltergeist pour explorer le lotissement californien Cuesta Verde où se situe l’action, j’ai vu mon étude Kitsch & lutte des classes faire un bond en avant, plus spécifiquement la grande partie de cette étude qui s’intéresse aux Chalets du Nord. Dans mon célèbre article sur la question, que vous pouvez relire ici, j’écrivais à propos d’un CdN sis à Saint-André : « Cette vision est un véritable yodel en Californie ! » Or (tant de coïncidences finiront par m’effrayer) la découverte que je viens de faire rend précisément nos théories sur l’origine des Chalets du Nord aussi contradictoires que le sont celles du blue yodel. Conférence :

1. l’origine du blue yodel

Selon certaines sources, le yodel hawaïen serait complètement distinct du yodel européen. Il serait la combinaison des chants traditionnels de l’île, aux techniques vocales naturelles, et du falsetto qu’y ont apporté les vaqueros mexicains venus endiguer dans les années 1830 l’invasion de vaches, tenues pour sacrées par les autochtones depuis que des européens leur avaient fait cadeau d’un petit cheptel. D’autres sources, qui situent la naissance du yodel américain au même endroit, y voient l’apport direct de deux missionnaires allemands qui dirigeaient le Boys Choir hawaïen, Henry Berger et Theodore Richards ; selon cette version, ce serait d’un yodel purement européen que les chorales auraient embelli les chants indigènes. On peut aussi imaginer un effet conjugué du yodel européen et du falsetto mexicain sur le folklore local. Une théorie voudrait que Daniel Decatur Emmett, le principal compositeur et plus célèbre interprète du minstrel show, se soit inspiré d’artistes européens dans son exploitation du yodel, car il avait voyagé, mais cette thèse me semble peu probable puisque le premier yodel d’Emmett date de 1859, or Tom Christian avait complètement intégré le yodel à son spectacle de minstrel dès 1847. Cela dit, Walter Scott décrivait déjà le yodel comme très présent sur les scènes britanniques dès les années 1830 et les voyages entre le Vieux et le Nouveau Monde étaient assez fréquents pour que les modes parviennent à traverser un océan. Une seule certitude : au début du dix-neuvième siècle, le yodel poussait très fort, de toutes parts, avec la ferme intention d’éclabousser les musiques populaires américaines, il s’immisçait par toutes les brèches : un missionnaire allemand posait son balluchon à Honolulu ? un vaquero poussait la chansonnette sur son cheval à Kailua ? un lecteur de Walter Scott migrait à Chicago ? Le yodel en profitait, il était de tous les voyages, de tous les bagages, et il était ambitieux, déterminé à percer par tous les moyens.

2. l’origine du Chalet du Nord

Je ne mène mon étude sur les chalets du Nord que depuis deux ou trois ans. L’état de dégradation présenté par certains spécimens nous assure que le CdN n’est pas une mode de l’année, mais la découverte que j’ai faite en revoyant le générique de Poltergeist pourrait bien situer dans un temps beaucoup plus reculé que je ne l’imaginais l’avènement du Chalet comme élément distinctif dans le paysage suburbain. On trouvait des Chalets de Californie dès 1982 (date de sortie du film), comme en attestent les captures d’écran ci-dessous.

Un complément d’étude s’impose mais une piste ne peut être négligée : non pas celle du chalet suisse mais celle de la cabane canadienne. Plus de pistes dans l’article consacré aux cabanes en rondins par la Grande Encyclopédie de la Vérité Avérée du Vingt-et-Unième Siècle, ici. Faut-il parler de Chalet de Californie ou de Cabane en Rondins de Californie ?

NUNC

J’apprends que mon recueil Pas de côté, paru en 2018 aux Carnets du Dessert de Lune, figure dans la première sélection du Prix de la revue NUNC. Plus d’infos ici.

Je rappelle que la préface de ce recueil est de l’inégalable Isabelle Bonat-Luciani, et je profite de l’occasion pour partager avec vous cette vidéo dans laquelle on l’entend lire des extraits de son Et aussi les arbres, paru aux mêmes Carnets du Dessert de Lune en 2018 et lui-même préfacé par Manuel Plaza, que vous entendrez à la guitare dans la vidéo – là, vous n’avez plus qu’à cliquer :

Encore une coïncidence

Aujourd’hui, alors que j’apprends comment Meredith a vécu la lecture de mon livre (ce qui répond aux questions que je me pose aux pages 58 à 63 et surtout, page 137), paraît cet article dans Le Monde des Livres. Je me demande ce qu’elle en penserait…

Retour à la Forge

Je vous donne rendez-vous le vendredi 24 mai à 19h à la Forge (5 Place du Général de Gaulle, à Marcq-en-Barœul), librairie dont je me réjouis d’être la marraine. Je lirai des extraits de A happy woman en compagnie du violoncelliste Guillaume Lafeuille. S’il fait beau, peut-être investirons-nous la cour comme nous l’avons fait l’année dernière ; sinon, nous serons à l’intérieur comme ci-dessous en 2016, lors de l’inauguration de la librairie.

En attendant, n’oubliez pas de venir prendre une heure et un verre à l’Affranchie Librairie, vendredi 29 mars, comme proposé ici.

Libercourt here we come

Mon exposition Ligne 18 continue de se promener. Elle sera visible à partir du 23 mars à la Bibliothèque municipale Raymond Devos de Libercourt.

Le 6 avril, à 15h, je rencontrerai Canan Marasligil dans le cadre du festival MeltingPotch, organisé par l’association Mines de Culture(s), à la salle de l’Emolière de Libercourt : « Regards croisés sur le bassin minier. Fanny Chiarello et Canan Marasligil ont toutes deux été en résidence sur le territoire ces derniers mois. La rencontre entre ces deux auteures issues de deux univers différents permettra de croiser leurs regards sur le bassin minier. »

Un peu de presse

Merci à Catherine Painset pour cette chronique de A happy woman parue le 8 mars dans La Voix du Nord, soit un jour parfait : le lendemain de sa parution, qui se trouve être la… la ? la journée internationale des droits des femmes, bien sûr.

Je la remercie également de m’avoir invitée à proposer un coup de cœur dans la Voix de ce jour. J’ai choisi Bacchantes parce que c’est une nouveauté mais je conseillerais plutôt de lire tout Céline Minard.

Et maintenant que j’ai oublié (que j’ai, donc, cessé de me flageller d’avoir dit ceci ou de l’avoir dit comme cela), je peux bien me fendre d’un lien (disons ici) vers le replay de mon passage dans l’émission de Marie Richeux sur France Culture, Par les temps qui courent, le 26 février.

Des créatrices sonores

Celles et ceux d’entre vous qui fréquentent ce blog depuis un moment savent qu’il existait ici, récemment encore, une rubrique dans laquelle je me concentrais sur les créatrices sonores ; chaque samedi, je diffusais sept de leurs musiques. Suite au démembrement de ce blog, la rubrique a disparu, mais ma quête de femmes formidables n’a fait que s’intensifier. J’en ai répertorié près de 1300 mais je n’ai pas encore tout à fait atteint le terme (forcément arbitraire) de mon exploration. Quand j’aurai fini de faire le tri, je divulguerai par un biais dont je n’ai pas encore décidé une liste de 1301 femmes formidables, son intérêt étant de contribuer dans une très modeste mesure à faire connaître cette production sonore protéiforme, passionnante.

(Instruments à base de feedback – ou Larsen – créés par la New-Yorkaise Lesley Flanigan.)

Qui sont ces femmes formidables ? Des femmes qui font de la musique et dont j’estime qu’elles mériteraient plus, voire beaucoup plus de reconnaissance qu’elles n’en ont. Certaines sont des icônes dans leur discipline, d’autres sont si obscures qu’il est difficile de trouver leur trace (même moindre que discographique), y compris sur Internet. Certaines sont des pionnières aujourd’hui reconnues comme telles par un public plus ou moins averti, d’autres sont très jeunes et commencent tout juste à chercher leur voix et leur mode opératoire dans un panorama très éclectique. Certaines, pour entrer dans ce panorama, ont quitté des domaines plus conventionnels et plus balisés, à plus fort potentiel commercial. La plupart sont encore en vie et en activité.

(L’Anglaise Andie Brown – aka These Feathers Have Plumes – fait chanter les verres ; photo de Dawid Laskowski.)

Ces femmes sont des compositrices, musiciennes, improvisatrices, performeuses, plasticiennes (ou artistes) sonores (certaines poussent la modestie jusqu’à se qualifier de techniciennes sonores, tandis qu’une tendance anglo-saxonne favorise le mot plus neutre de producer), qui œuvrent dans le champ très vaste des musiques expérimentales ou d’avant-garde : qui ont de la musique et du son des approches novatrices ou qui, du moins, questionnent les formes éprouvées à travers leur pratique.

(Ragnhild May par Peter Gannushkin.)

Certaines inventent des instruments, d’autres imaginent des techniques de jeu étendues, à savoir des manières inédites ou du moins inhabituelles d’utiliser des instruments existants, jouent d’instruments rares (thérémine, ondes Martenot, cristal Baschet, etc.) ou emploient des instruments traditionnels hors des contextes folkloriques auxquels ils sont généralement réservés ; certaines exploitent des supports techniques tels que le studio d’enregistrement, le poste de radio ou les platines de disque pour générer du son, s’en servant comme d’instruments, à vide ou presque ; certaines constituent leurs œuvres à partir de samples ; certaines basent leur travail sur la captation de tout ce qui dans la nature et dans les villes, dans le quotidien ou dans les grands événements, est susceptible de produire du son (on parle de field recordings, ou enregistrements de terrain) ; certaines sont des acousmaticiennes, qui dans leurs compositions mêlent à l’électronique des sons naturels dont il devient impossible, à l’écoute, de déterminer les limites et les origines ; certaines travaillent autour du drone (ou bourdon), par oscillations, juxtapositions et autres micro-événements sonores, d’autres à partir de notes tenues ; certaines se produisent dans des performances proches du happening, d’autres en improvisation, seules ou avec d’autres musicien-ne-s ou artistes d’autres disciplines ; certaines s’inscrivent dans des genres considérés comme inaudibles par le plus grand nombre et de ce fait étiquetés marginaux ou extrêmes, parmi lesquels la noise, la musique industrielle et leurs dérivés ou, à l’opposé, la musique dite ambient, tandis que d’autres s’illustrent dans des genres plus ordinaires où elles font figure de marginales dans la mesure où elles en subvertissent ou en hybrident les formats et les codes (je me contenterai de citer les exemples de l’avant-pop et du post-punk, les préfixes avant et post – qui pourraient passer pour antinomiques alors qu’ils se partagent le même strapontin sur le spectre musical – étant les plus fréquents).

(La Norvégienne Jenny Hval. Elle disait en octobre 2016, dans le magazine anglais Wire, « J’ai été précipitée dans le circuit des festivals pendant un été, disait-elle. Et puis je suis devenue trop bizarre et les gens ne s’intéressent plus à ce que je fais. Ça m’est égal. Mon travail se situe dans un vaste entre-deux. Il n’est pas assez pop pour être considéré comme de la musique pop et pas assez expérimental pour que je sois une tête d’affiche dans un festival de musiques improvisées. Quand vous avez un public plus large, vous pouvez vous permettre d’être plus bizarre. On suppose que c’est l’inverse – que plus votre public est restreint, plus vous pouvez être bizarre, parce que ce sera culte. Mais le culte est très protecteur de ses règles sectaires. » – ma traduction.)

J’ajoute à ces artistes un certain nombre de musiciennes plus spécifiquement attachées aux musiques électroniques, dans des registres menant de la danse au minimalisme le plus cérébral.

(L’Australienne Kusum Normoyle en action.)

Des hommes aussi font ce genre de choses, bien sûr, de nombreux hommes que citent volontiers les spécialistes ; mais des femmes, il n’est presque jamais question, c’est pourquoi j’ai décidé de leur consacrer toute mon attention.

(La Belgo-néerlandaise Cathy van Eck, également en action.)

Ma liste ne prend pas en compte les centaines de compositrices contemporaines issues de grandes écoles ou de conservatoires prestigieux, dont les partitions sont interprétées dans les circuits traditionnels de la musique dite classique et les institutions aux acronymes révérés internationalement, à l’exception de quelques-unes qui me semblent développer, parfois en marge de leur cursus officiel, des expériences moins orthodoxes. Par ailleurs, je ne prétends pas à l’exhaustivité, d’abord parce que je ne connais pas tout et ensuite parce que je n’aime pas tout ce que je connais ; bien sûr, je n’ai pas le même enthousiasme pour l’œuvre de toutes les femmes que je recense, loin s’en faut, mais si certaines ne me passionnent pas, je reconnais au minimum l’intérêt de leur démarche (non que je nie celui des artistes que j’ai délibérément écartées de ma liste mais je ne le perçois pas ou, pour dire les choses de manière moins présomptueuse, je ne serais pas en mesure de défendre cet intérêt face à une oreille extérieure, ce qui me semble un bon critère de sélection).

(L’Anglaise Poulomi Desai par Agata Urbaniak)